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En Arménie, SoftConstruct regarde vers le futur

Copyright des photos V. Badalyan et A. Bordier.

Armand Pinarbasi, CEO du groupe familial SoftConstruct, fondé et dirigé par les frères Vahe et Vigen Badalyan, revient sur l’extraordinaire croissance de ce groupe arménien, notamment, dans le secteur des jeux en ligne et des cryptomonnaies.

Le groupe des frères Badalyan est en train de déployer ses ailes vers de nouvelles activités tout en gardant les pieds sur la terre arménienne.

Assis à son bureau, Armand Pinarbasi, enlève sa veste, desserre le nœud de sa cravate et retrousse les manches de sa chemise blanche. On se croirait dans le film The Game, avec Michael Douglas. Mais, là, il ne s’agit pas d’un thriller. Car l’histoire tutoie le fantastique et le merveilleux à la fois. Le rythme est le même. Les gamers, les amoureux des jeux et des gens comprendront. Un indice, pour les non-habitués. Leur mot d’ordre est : LOVE !

Armand nous parle de ce groupe qu’il a rejoint il y a tout juste un an : « Notre croissance est impressionnante. Avant que j’intègre le groupe comme CEO, j’étais l’un de leurs conseillers. Je travaillais chez Grand-Thorton. J’avais, déjà, une idée de ce groupe en pleine croissance. Mais là, de l’intérieur, je m’étonne tous les jours. Nous avons une cinquantaine de filiales, une trentaine de marques et nous réalisons un chiffre d’affaires qui a dépassé le milliard d’euros. » Quant aux salariés, ils étaient plus de 6 000 quand il est arrivé. Cette année, ils ont, déjà, dépassé les 7 500.

Une croissance à deux chiffres

Dans sa voiture qui le mène sur les hauteurs d’Erevan, Armand Pinarbasi explique, simplement, comment il gère cette croissance. « Le paradoxe, c’est que plus c’est grand, plus nous avons des ressources. Nos équipes sont formidables. Notre hiérarchie et notre organisation sont à la fois agile et optimale. Nous ne laissons rien au hasard. » Hasard ? Ce mot raisonne sur les murs blancs de son bureau, lui qui aime tant le jeu.

Cet ancien du monde de l’audit et du conseil vivait, avant de s’installer avec toute sa famille en Arménie, en Région PACA. Il était le Directeur régional associé de Grant-Thornton de Provence-Alpes-Côtes d’Azur en France. « Je suis expert-comptable et commissaire aux comptes, de formation et de métier », explique-t-il. « J’ai dirigé Grant-Thornton Arménie entre 1998 et 2010 ». Pendant 12 ans, il développe les activités de ce cabinet international. Puis, entre 2010 et 2014, direction Londres, où, toujours pour le même cabinet, il dirige en tant que Directeur exécutif tout le réseau. D’origine arménienne, c’est à Erevan, qu’il rencontre à plusieurs reprises Vigen Badalyan, dans le cadre professionnel. Puis, il fait le grand saut avec toute sa famille. « J’ai intégré SoftConstruct, exactement, le 2 mai 2022, après 24 années passées dans ce cabinet. »

Sa feuille de route ? « Le groupe doublant de taille tous les 4 ans, cette forte croissance, justifie ma présence. Les 2 frères fondateurs ont besoin de compléter leurs équipes managériales, avec des dirigeants comme moi. Car notre environnement devient de plus en plus international.»

Histoire d’un groupe fast aux multiples facettes

A la fin des années 80 – nous sommes exactement en 1987 – Vahe et Vigen, qui s’entendent à merveille, décident d’entreprendre ensemble. Ils ont l’âme de l’entrepreneuriat qui les titille déjà. Ils n’ont pas 40 ans à eux 2. Ils se lancent, alors, dans la production de biscuits et de yaourts. C’est leur mère qui est aux fourneaux, pendant que les deux frères sont sur le terrain, dans les universités, pour vendre les produits de leur tendre maman.

Puis, après la chute de l’ex-URSS, le vent de la Perestroïka et l’heure de l’Indépendance les entraînent vers un nouveau marché en pleine reconstruction : celui de la distribution de carburants. Les privatisations s’enchaînent. Ils en profitent. Ils font, souvent, le trajet entre l’Arménie et la Russie. Les années 1990 deviennent, alors, les années d’apprentissage de l’Entrepreneuriat Familial avec un E et un F majuscules. Ensuite, ils se lancent, après la distribution de carburant (Petrol Station) et l’accès au crédit (Fast Credit), dans le… gaming. Le jeu en ligne, l’édition de softwares et le développement d’applications métiers.

Et, c’est un succès. Internet, les réseaux sociaux, le monde virtuel, rien ne leur échappe. Ce sera leur 3è succès, après le pétrole et le crédit. Eux, qui viennent de la terre et du monde médical – leur papa était un grand médecin – découvrent un nouveau monde, plus ou moins merveilleux. Plus ou moins, car tout le monde a oublié l’éclatement de la bulle internet et ses conséquences. Elle a emporté beaucoup d’acteurs à ce moment-là. Il est vrai que les fondations de ceux qui ont disparu étaient posées sur du sable. Celles des frères Badalyan sont posées sur un roc, un rocher qui ressemble étrangement au mont Ararat, avec ses 2 sommets. C’est du solide.

Des jeux à l’agriculture

Au même moment où explose la bulle internet, en 2000, ils se tournent vers les nouvelles technologies. Et, ils accélèrent, quand tout le monde freine. Ils créent dans un premier temps l’opérateur de jeux en ligne Vivaro, en 2003, puis, ce sera BetConstruct, un fournisseur d’application web dans le secteur du jeu. Passionnés de sports, ils sponsorisent des clubs de foot, de hockey, etc., en Arménie et à l’étranger, à Londres, en France. Citons le FC Noah, d’Erevan, le FC Paris, l’AS Monaco, l’Equipe Nationale Ukrainienne de Hockey, l’Equipe Nationale Féminine Ukrainienne de Football, etc. Le groupe devient, alors, mondial.

En 2014, ils consolident leur présence sur le marché mondial, avec une nouvelle stratégie et un nouveau nom, celui de Vbet. Ils lancent, ainsi, leur plateforme internationale pour les paris sportifs, le casino en ligne, le casino en direct, le poker, l’e-sport et les autres jeux. En France, leurs clients sont les 2 géants français des casinos, qui se connaissent bien et se retrouvent souvent sur le tapis vert d’une partie de poker.

Les 2 frères entreprennent, aussi, dans la restauration, en ouvrant la chaîne de restaurant Caucasus Tavern. Puis, ce sera l’hôtellerie, avec Caucasus Hotel. En 2020, ils se diversifient encore. Ils reviennent à leur premier amour : la terre, leur terre, celle de l’Arménie. Ils investissent, à ce moment-là, dans l’agriculture. Comme l’explique Vigen : « Nous aimons la terre, ses fruits. Nous avons lancé ArLeAM, qui produit des abricots, des pommes et des poires. Le secteur est très prometteur. Et, il ne concerne pas que l’Arménie. L’année dernière nous avons renforcé la marque avec la venue d’un nouveau CEO, Vatché Arsène. » Vigen n’en dira pas plus. Mais la marque ArLeAM, love, love, love, est la sienne.

La blockchain, la cryptomonnaie et les NFT

« Vigen Badalyan a une idée nouvelle toutes les heures, voire toutes les minutes », explique Armand. « Sous son impulsion et celle de nos équipes nous rentrons des nouveaux projets régulièrement. Au cœur, vous avez le développement d’applications informatiques. Comme nous sommes présents dans une centaine de pays, les ressources sont, parfois, compliquées à trouver rapidement. » Il est au courant des dernières idées et projets innovants.

Depuis 5 ans, il a fait de la blockchain, de la cryptomonnaie et des NFT sa marotte. Il se passionne pour cela tous les jours. Il le fait savoir et mobilise une partie de ses équipes. En 2018, toujours avec son frère, il ouvre une nouvelle branche, au nom de code évocateur : Fasttoken. Puis, en 2022, la première cryptomonnaie est officiellement lancée en Arménie. Dans son groupe, les recrutements d’experts du Web3 ou Web 3.0 sont revus à la hausse. La nouvelle filiale grandit vite. A tel point qu’en novembre 2022, la Lituanie accueillait sur son sol Fastex, un nouvel opérateur. « Cette annonce a été incroyable. Elle rend hommage à toutes nos équipes. La Lituanie est le premier pays à enregistrer Fastex comme opérateur d’échange de devises virtuelles et de portefeuille en dépôt. » Ce sujet virtuel est une réalité.

Ouverture de la première boutique NFT à…Dubaï

Au fait cela veut dire quoi NFT ? C’est de l’anglais : non fungible token. Cela veut dire littéralement : jeton non fongible. Nous restons dans le Web 3.0. Par opposition aux NFTs, les cryptomonnaies, comme le célèbre Bitcoin, sont fongibles, elles sont interchangeables. Un NFT est, donc, unique. Il est comme une œuvre d’art.

C’est, tellement, le sujet du moment, que les célèbres maisons de vente aux enchères, comme Christie’s et Sotheby, se sont lancées sur ce nouveau marché. Ils sont devenus, ou vont bientôt le devenir, dépendants des opérateurs comme Fastex.

C’est sans doute pour cette raison que Vigen Badalyan inaugurait en décembre dernier, à Dubaï, une boutique sortie tout droit du futur. Il y a du génie dans le fait de réunir les artistes et le Web 3.0. en physique, dans une boutique hors-norme. C’est la première de ce genre.

Certains inventent le futur, d’autres en viennent. C’est, peut-être, le cas des Badalyan. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont les pieds bien sur terre, sur tout le globe. Et, qu’ils ont la tête dans les étoiles, comme Le Petit Prince.

Antoine BORDIER


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