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Corruption : quand la Libye ne coopère pas avec les généraux algériens 

Le nombre de conflits géopolitiques dans le monde s'étant particulièrement multiplié ces dernières années, l’on en oublie quasiment un mal qui perdure pourtant pas très loin du sol français. La corruption des généraux algériens continue de faire des ravages.

Youcef Baadja, dans ses bureaux à Tolède en Espagne, explique à Tom Benoit pour Géostratégie magazine les problèmes auxquels il a été confronté.

Par Tom Benoit, directeur de la rédaction de Géostratégie magazine

Depuis plusieurs décennies, nombre d’entrepreneurs se sont révoltés contre les méthodes mafieuses dont usent les généraux algériens pour conserver leur emprise, savamment organisée et partagée, sur différents secteurs d’activité juteux. Force est de constater que si la justice de pays démocratiques et étrangers donnent régulièrement gain de cause aux victimes, la justice algérienne semble ralentie, elle aussi, par plusieurs mécanismes de corruption ; certains procureurs allant tout simplement jusqu’à refuser de réceptionner des plaintes.

A lire aussi : « L’Algérie est contrôlée par un système corrompu »

Si les enjeux financiers sont parfois colossaux – au seul été 2023, pour trois arbitrages, l’Algérie a été condamnée à s’acquitter d’un total de 400 millions d’euros –, les scandales personnels s’avèrent parfois également être considérables. Youcef Baadja, entrepreneur évoluant depuis plus de 25 ans dans le secteur des matières premières, en a été victime. Cet homme d’affaires, enlevé à plusieurs reprises par les Services de renseignement algériens, a été victime d’une tentative d’empoisonnement à la mort-aux-rats dans un café public parce qu’il refusait de se soumettre aux diktats des généraux. Ensuite, a eu lieu une politique de persécution particulièrement sordide.

Déjà à la fin des années 90, un entrepreneur algérien qui avait tenté un temps de défier ces systèmes frauduleux, s’était vu salir dans plusieurs grands journaux locaux. L’homme d’affaires, né en Algérie, et alors installé en Belgique, avait décidé d’envoyer du lait à des tarifs moins chers que la concurrence qui, pour conserver son implantation, collaborait avec plusieurs généraux. L’entrepreneur avait été victime de différentes campagnes de propagande, notamment dans l’Authentique, le journal du puissant général Betchine (mort en novembre 2022).

Youcef Baadja a également subi des atteintes médiatiques dans les grands journaux algériens. Après de multiples batailles judiciaires, toutes gagnées, Baadja avait été blanchi par la chaîne EL DJAZAIRIA ONE qui, au pied du mur, avait reconnu qu’un de leurs journalistes (dont le nom a été cité dans le compte-rendu) avait profité de publier un reportage à charge la nuit alors que la direction responsable des validations était fermée. La chaîne a assuré avoir immédiatement supprimé la vidéo de toutes ses plateformes de replay lorsqu’elle aurait pris connaissance de l’effronterie du journaliste, mais le mal était fait.

Épuisé par les percussions et pris par la peur, pour lui et pour sa femme et ses enfants, Youcef Baadja était allé jusqu’à quitter son pays natal, abandonnant l’integralité de ses investissements sur place. Malgré cela, alors que Baadja se trouvait en déplacement à Benghazi, le général, Djabar Mhenna, également directeur des Services de renseignement algériens, avait sommé la Libye de livrer l’entrepreneur. Par chance, le gouvernement libyen ne se soumettra pas aux demandes du général. À l’époque, les instructions étaient directement données par Boualem Boualem, alors conseiller à la présidence (nommé chef de cabinet de Abdelmadjid Tebboune en novembre 2023).

Aujourd’hui encore, peu de victimes de ce système présentent l’énergie et le courage de lutter pour tenter de le mettre à bas. Beaucoup souffrent en silence, jusqu’à l’abattement et la dépossession. Une fois de plus, les seules échappatoires paraissent être les recours auprès de la justice des pays étrangers qui déstabilisent de plus en plus régulièrement les pratiques de corruption des généraux.

Tom Benoit

Article exclusif tiré d’une enquête à paraître dans Géostratégie magazine (groupe Lafont-Presse).


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2 commentaires sur « Corruption : quand la Libye ne coopère pas avec les généraux algériens  »

  1. Parlez-nous un peu de la corruption du makhzen marocain, du Maroc gaye, de la corruption des parlementaires européens etc..

    Répondre
  2. La blague
    Combien avez vous reçu du Royaume enchanté du roi absent
    qui construit des palais à Zanzibar pendant que son peuple crèvent de faim
    Parlez nous de la corruption dans l hexagone et des généraux Français gravement payé et de la corruption en France et pire le Maroc avec le Marocogate qui écouté Macron
    Faite votre travail
    la caravane Algérienne passe les chiens aboient.

    Répondre

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