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« Je gênais le groupe algérien qui contrôle le marché du ciment, du sucre ou des céréales »

Youcef Baadja

L’affaire Youcef Baadja n’en finit pas de faire parler. Une page entière de la rubrique économie de la Tribune de Genève était consacrée cette semaine à la bataille de l’entrepreneur, dévoilée en France il y a quelques semaines par Géostratégie magazine.

Pour rappel des faits, les hostilités ont véritablement démarré en octobre 2013. À ce moment-là, Youcef Baadja refuse “par principe” de s’acquitter des deux millions et demi que l’officier des renseignements lui demande pour débloquer trois de ses cargos.

Les navires restent alors à quai, et en quelques jours, les avoirs du Groupe Baadja sont gelés. Durant de longues semaines, des dizaines de plaintes pénales sont lancées comme des pavés dans la mare, ayant un effet délétère pour le trader de matières premières qui “dénonce le système de racket qui pourrit l’Algérie”.

Youcef Baadja, qui était suivi par la BNP suisse à hauteur de 100 millions d’euros quelque temps auparavant, n’a soudainement même plus accès à ses comptes bancaires logés en Algérie. La manœuvre est évidente, mettre l’assise de son groupe à genoux. En empêchant ses cargos de naviguer, on lui fait perdre des fortunes investies en matières premières. En gelant ses comptes, on l’empêche de régler les salaires des salariés de sa société.

Youcef Baadja est pris au piège, mais il résiste durant de longues années. En 2018, après une longue bataille judiciaire qu’il finit par gagner, le second volet d’un interminable enfer est déclaré. Baadja est enlevé à plusieurs reprises, et refusant de se soumettre à la corruption des généraux, il sera même victime d’une tentative d’empoisonnement.

Encore aujourd’hui, alors que, pris par la peur pour sa vie, il a fui l’Algérie, il se sent en sécurité nulle part. Au mois de décembre 2023, alors qu’il se trouvait à Benghazi pour suivre l’avancement d’un projet de panneaux solaires qui lui a été confié pour équiper la Libye, les Services de renseignements algériens ont exercé des pressions sur le gouvernement libyen pour que Baadja leur soit livré. Fort heureusement, aucune obéissance n’a été observée.

Tom Benoit


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