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Arménie 2024 : c’est fini, et après ?

L’Arménie a reçu du 6 au 13 avril deux délégations venues de Marseille et de sa région. Le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Franco-Arménienne, Armen Mnatzakanian, revient sur cette semaine intense et historique, remplie de contrats signés et d’évènements en tout genre. Après le bilan, la question qui se pose, maintenant, est celle-ci : y aura-t-il une suite à Arménie 2024 ?

Copyright des photos A. Bordier

Nous sommes les jours d’après du retour des délégations économique et politique en France. Comment s’est déroulée cette semaine qui a alterné les rencontres au plus haut sommet de l’Etat avec des visites d’entreprises, et des visites dans les hauts-lieux historiques de la mémoire arménienne ?

Armen Mnatzakanian : Je vous remercie de me donner cette opportunité de revenir sur cette semaine incroyable que j’ai pu vivre avec ces 2 délégations à Erevan et dans les environs. Jamais je n’aurais pu imaginer un tel engouement de la part des entrepreneurs français pour l’Arménie. L’Arménie est un pays merveilleux, qui est resté très ami et fidèle à la France. Nos chefs d’entreprises ont pu, ainsi, découvrir des success story 100% arménienne : comme SoftConstruct, TUMO, l’université UFAR et le Groupe Galaxy. Il y en a tant d’autres à découvrir. Je pense que cela a donné envie à beaucoup de franchir le pas et de réfléchir aux étapes d’après : comme lancer des activités en Arménie. D’ailleurs, un des entrepreneurs m’a dit une phrase qui m’a vraiment marqué : « L’Arménie manque tout simplement de commercial pour se faire connaitre à travers le monde ». Il a entièrement raison et j’espère que la CCIFA a pu apporter une première réponse : celle à faire les premiers pas vers cette (re)connaissance de l’Arménie.

Pendant cette semaine qu’est-ce qui vous a marqué le plus ?

La majorité des participants venaient pour la première fois en Arménie. Ils ont mis en valeur un pays accueillant, dynamique et résiliant. Visiter une entreprise à la pointe de la technologie et avec une moyenne d’âge de ses salariés de moins de 30 ans, comme SoftConstruct, leur a ouvert les yeux sur l’Arménie qui est le pays où il faut investir. Le potentiel de ce petit pays est énorme.

Il est the place to be, en d’autres termes ?

Oui, c’est exactement cela : le pays où il faut être.

Et du côté politique ?

Du côté politique, il y a eu des moments d’étonnement et d’émotion tout au long du séjour. Notamment, lors de la visite poignante de Yerablur, le cimetière militaire des jeunes tués durant la guerre des 44 jours de 2020. Cette visite a profondément marqué les esprits. Tous étaient d’une grande dignité avec une tristesse visible dans l’émotion. Imaginez : des jeunes de 18-20, pour la plupart… Comment rester insensible face à cette jeunesse massacrée, qui a donné sa vie pour défendre l’idéal de la Liberté ? Des familles étaient là, en deuil.

Parlons des autres visites, comme celle de la société SoftConstruct, dont les frères Badalyan sont les dirigeants-fondateurs. Les deux délégations ont été impressionnées par les nouvelles technologies développées par ce groupe. Comment expliquez-vous cette passion pour l’IT, pour l’intelligence artificielle, pour la réalité virtuelle, la blockchain et les jeux en ligne ? Est-ce 100% arménien ?

Oui, je vous confirme, cher Antoine, que c’est 100% arménien et 100% novateur… Le domaine de l’IT est incroyablement avancé en Arménie pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’Arménie a toujours été un pays scientifique et les jeunes ont toujours eu une attirance pour les jeux d’échec et les mathématiques. Puis, le domaine de l’IT s’y est développé presque naturellement. Surtout depuis l’indépendance en 1991. Le secteur de l’IT et des Nouvelles Technologies n’ont pas de frontière, donc, il n’y a pas de problème d’opérer et de livrer des projets. Les applications et les produits finis arméniens commencent tout juste à faire parler d’eux. Les frères Badalyan en sont les pionniers. Ils sont partis de zéro, il y a 30 ans. Et, ils ont réussi à insuffler cet amour de l’innovation aux 7 000 jeunes qui travaillent, actuellement, au sein de SoftConstruct. Imaginez un seul instant qu’en à peine quelques mois, ils ont réussi à mettre en place une Intelligence Artificielle au nom de Hoory. Elle est 100% arménienne. Ils ont, également, créé tout un écosystème autour de la Blockchain et des NFT.

Je rêve du jour où on retrouvera les noms des sociétés arméniennes en haut de l’affiche mondiale des NTIC (comme dans la chanson du grand Charles Aznavour).

Vous avez, également, visité Ararat Brandy, qui est une filiale de Pernod Ricard. La présence des entreprises françaises en Arménie resterait, cependant, encore très timide. La France se situe-t-elle, encore, à la 11è place des investisseurs ?

Oui, je vous confirme cette pâle position. La présence de la France reste encore TRES timide en Arménie et pourtant tout est fait pour remonter en tête de peloton. L’Arménie n’est qu’à 4 heures de vol de la France. Pernod Ricard a été parmi les premières sociétés à investir en Arménie après son indépendance. Le groupe reste une vraie référence dans le monde entier avec Ararat Brandy. Cette marque gagne de nombreuses parts de marché, derrière le Cognac. La légende dit même que « Winston Churchill adorait les cigares et le Brandy Arménien ». C’est dire !

La visite de leur musée a permis à nos deux délégations de redécouvrir la qualité et l’excellence d’une chaine de production des plus modernes et d’une équipe des plus professionnelles. L’accueil a été génial !

Durant cette semaine, beaucoup de contrats ont été signés, des lettres d’intention également. L’ambassadeur de France, Olivier Decottignies, a suivi de près toutes vos activités politiques et économiques. Il a parlé d’une mission « historique ». Qu’en pensez-vous ?

Je souhaite profiter de ces quelques lignes pour remercier tout particulièrement l’ambassadeur de France en Arménie, Monsieur Olivier Decottignies. Il a apporté et apporte une très grande attention au suivi et au bien-être des entreprises françaises en Arménie. C’est un réel bonheur de collaborer avec toute son équipe qui reste mobilisée et disponible pour accompagner les entrepreneurs français en Arménie.

Je pense aussi que ce voyage était « historique » pour plusieurs raisons. Tout d’abord et pour la première fois, la CCIFA a réussi à organiser une demi-journée de speed dating avec plus de 45 sociétés arméniennes présentes. Elles ont montré leur savoir-faire et les produits arméniens. Cela a permis de créer des relations incroyables et inimaginables.

Durant cette demi-journée de B to B, nos entrepreneurs français ont eu la possibilité de rencontrer et de discuter en tête à tête avec des banques, des cabinets d’avocats, des cabinets d’expertise comptable, des agences immobilières, des sociétés en ingénierie informatique, etc. De nombreuses opportunités d’affaires en Arménie s’en sont dégagées.

Durant cette mission économique et politique, j’ai voulu, aussi, présenter l’amour inconditionnel de l’Arménie à la culture de manière globale avec la participation de la délégation économique au ballet du Lac des Cygnes. Et pour finir, nos entrepreneurs ont eu une vraie surprise en visitant TUMO. Cette école high-tech gratuite pour les 12-18 ans, qui s’exporte à travers le monde et qui arrive bientôt à Marseille. Enfin, dans le secteur de l’agriculture verte, saine et sans pesticide, impossible de ne pas nommer les visites de l’une des serres du groupe Richel et du domaine agricole incroyable d’ArLeAM.

Dans les coulisses de vos rencontres et des échanges avec vos participants, certains ont parlé d’organiser un Davos France-Arménie. Qu’en est-il ? Plus simplement, allez-vous organiser une seconde édition : Arménie 2025 ?

La motivation d’aller plus loin avec tous les entrepreneurs français de la délégation économique était omniprésente durant ce voyage. Dans un premier temps, je souhaite mettre en place une Commission de suivi des partenariats Arménie 2024. C’est un grand pas de signer des contrats. Cependant, je souhaite suivre et accompagner ce qui a été fait pour démontrer la réussite inconditionnelle de cette mission économique.

Bien entendu, il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin, et je pense qu’on pourra aussi changer ou faire évoluer le format de cette mission pour 2025. Il faudra, très certainement, organiser une mission économique et politique à destination des « chefs d’entreprise femmes », et/ou orienter vers l’Art et la Culture qui sont aussi les piliers de l’économie de l’Arménie. Ce qui est certain, c’est que nos deux drapeaux tricolores vont continuer à flotter bien haut dans le ciel. Ils vont continuer à célébrer l’amitié franco-arménienne.

Pour en savoir-plus : https://armenie2024.com

Reportage réalisé par Antoine BORDIER


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