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Crise au Sénégal : qui veut manipuler et déstabiliser ce pays ami de la France ?

Oui, le Sénégal est un phare pour la démocratie en Afrique ! La presse française en rajoute en ce 11 février 2024. A lire le quotidien Le Monde, le report de l’élection présidentielle continuerait d’indigner la population. Le Sénégal s’enfoncerait dans la crise après la répression de manifestations au cours desquelles deux jeunes hommes ont été tués.

Le président de la République du Sénégal Macky Sall (Photo by Kirill Kukhmar/Tass Host Photo Agency/ABACAPRESS.COM)

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La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

Il est fait état d’une répression qui aurait, vendredi dernier, suscité une vague de contestations dans l’opposition. « Nous prenons à témoin la communauté régionale et internationale, face aux dérives de ce pouvoir finissant » a-t-il été dit par un opposant.

Des manifestations ponctuelles dans les rues, même violentes ne sauraient décrire en profondeur la situation d’un pays. Notre presse nationale, et ses reprises au niveau international, devraient se remémorer les manifestations parisiennes extrêmement violentes que Paris a connues en 2023 lors du processus de réforme du régime des retraites, et se souvenir à quel point la presse étrangère voyait en la France un pays en proie à une sorte de guerre civile où la sécurité des touristes n’était plus garantie. Les magasins pillés et incendiés, les véhicules en proie aux flammes comme les poubelles, et les agressions contre les forces de l’ordre donnaient le sentiment que notre pays était désormais en insurrection. Bien plus alarmant pourtant que les échauffourées que connait actuellement Dakar.

Il faut se souvenir de ce que j’ai pu déjà écrire sur les menées étrangères qui ont cours en Afrique depuis plusieurs décennies et les manœuvres organisées dans les pays de l’Afrique subsaharienne, sous l’influence de la Russie ou de la Chine qui aimeraient se « partager le gâteau » depuis si longtemps entre les mains des anciens pays colonisateurs. On n’ignore plus rien des manipulations d’opinion dont ont été victimes les populations locales (et la France) de la part de groupes de pression et d’usines à troll russes, ou des groupes de mercenaires comme Wagner, sans oublier les Américains qui voient là une opportunité d’exploitation des richesses du pays, pour ne pas prendre du recul sur la situation actuelle du Sénégal.

Il conviendrait de rappeler de quelle façon notre pays a été chassé du Mali, du Niger ou du Burkina Faso pour que l’on comprenne dans notre opinion publique à quel point les pays d’Afrique de l’Ouest sont manipulés par des communautarismes dont l’influence dépasse la seule conscience locale. C’est d’ailleurs un phénomène pervers qui s’étend dans le monde entier. Diverses communautés d’intérêt agissent en sous-main pour prendre le pouvoir économique et politique.

Des communautarismes aux motivations économiques

On peut rappeler que les grandes puissances ont un appétit féroce pour continuer à accaparer les ressources naturelles des pays d’Afrique qui sont finalement, quoi qu’on en pense, incommensurables.

La superficie de l’Afrique est de plus de 30 millions de km². Le continent africain représente trois fois la superficie de la Chine (9,6), trois fois celle de l’Europe (9,8) et trois fois celle des États-Unis d’Amérique (10). L’Afrique est donc plus grande que toute l’Europe, la Chine et les États-Unis réunis.

On dit que Les terres arables de la République Démocratique du Congo sont capables d’alimenter le Continent tout entier, et même, que les terres arables de toute l’Afrique pourraient nourrir le monde entier.

L’Afrique a une population globale de 1,3 milliard d’habitants (la Chine en compte 1,4 milliard), ce qui signifie que l’Afrique, sous-peuplée, a une population jeune qui devrait atteindre 2,5 milliards vers 2050.

L’Afrique possède, par ailleurs, 60 % de terres arables, 90 % des réserves de matières premières, 40 % de la réserve mondiale d’or et 33 % des réserves de diamants. Elle détient également 80 % des réserves de Coltan (minerai utilisé dans la fabrication des composants électroniques), principalement en République Démocratique du Congo, 60 % des réserves de cobalt (nécessaire à la fabrication des batteries pour véhicules électriques), du phosphate, du fer et du zircon (au Sénégal). Elle est enfin riche en pétrole et en gaz naturel, en manganèse, en fer et en bois et son sous-sol regorge de ressources naturelles diverses.

On comprend pourquoi les USA « lorgnent » sur le pétrole du Sénégal (exploitation de Sangomar) dont les profits seront conséquents. Les estimations des réserves font état, pour le pétrole brut, d’environ 630 millions de barils, et pour le gaz naturel de 113 milliards de Nm3. On sait que la Russie cherche plutôt à accaparer le pouvoir politique, via des hommes de paille, afin d’exploiter les ressources minières, tandis que les Chinois, fidèles à leur tradition mercantile, entendent capter un maximum de marchés et de contrats commerciaux.

Des communautarismes aux motivations religieuses

On l’a notamment compris dans le combat qui a opposé les pays occidentaux au terrorisme djihadiste, la guerre est depuis longtemps déclarée, souvent de façon masquée, entre les tenants des états laïcs et ouverts aux libertés individuelles et les terroristes des mouvements islamistes qui entendent mettre en place la charia dans cette partie du monde.

Mais ces idées, sous des prétextes fallacieux de respect d’autrui et de pseudo-fraternité, sont largement reprises par ceux que l’on qualifie en Europe d’islamo-gauchistes, et qui, à commencer par la France elle-même, refusent de voir dans les menées de l’islam « dur » une opération de grande envergure dont l’objectif est la conquête politique.

Le Sénégal a, depuis son indépendance, sous l’impulsion de Léopold Sédar Senghor, été le phare en Afrique des idées de respect démocratique et d’une conception politique permettant une approche multiculturelle et laïque. Depuis lors, sous les présidences suivantes, le Sénégal a poursuivi son chemin pour un développement harmonieux mais aussi rigoureux permettant de conserver le pays dans les limites d’un véritable État de droit.

Aussi est-ce avec méfiance qu’il faut considérer les motivations des actuels opposants au président Sall et les coalitions de candidats qui se prétendent « antisystème » ! Ils ont beau se soutenir mutuellement pour « faire barrage au coup d’État constitutionnel » et dénoncer ce qu’ils appellent « la brutalité des forces de sécurité », l’histoire réelle des événements qui se déroulent actuellement au Sénégal, est toute autre.

Les raisons qui ont présidé au report de l’élection présidentielle du 25 février 2024

Sur les réseaux sociaux, des critiques acerbes se sont multipliées contre le gouvernement et la décision du président Macky Sall. Des manifestations d’ampleur contre le report des élections et contre le président ont eu lieu dans tout le pays, mais elles ont été aussitôt dispersées par les forces de sécurité. À Dakar, la police a fait un usage abondant de gaz lacrymogène pour tenir à distance les personnes qui cherchaient à se rassembler aux abords de la place de la Nation. Des manifestants ont riposté en lançant des pierres et en érigeant des barricades avec des objets de fortune. Les journalistes locaux se sont « indignés » du fait qu’au moins cinq d’entre eux avaient été pris pour cible par les policiers à Dakar.

L’appel à protester avait été diffusé sur les réseaux sociaux, sans qu’il soit possible de déterminer précisément qui en était à l’initiative. De telles manifestations sont généralement interdites dans le pays. De premières confrontations ont donc eu lieu entre des forces de l’ordre et des citoyens venus répondre à l’appel des candidats de l’opposition

Mais, au lendemain de l’annonce du Président, l’Assemblée nationale a finalement adopté par 3/5e des députés, après des débats ouverts, malgré la tentative de blocage physique et violent du vote par les députés d’une partie de l’opposition, la proposition de loi du report de l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février, au 15 décembre 2024. Ce qui donne à cette loi une valeur constitutionnelle comme le prévoit les textes du Sénégal. Le vote s’est déroulé sans une partie des députés opposés à ce report, qui ont quitté l’Assemblée. Plusieurs personnalités politiques ont alors exprimé leurs mécontentements et appeler à respecter le calendrier électoral. Les opinions ont finalement été très partagées puisque d’autres ont compris l’enjeu de la démarche du président et l’en ont félicité.

C’est alors que, pour des raisons qui tiennent à leur position et à leurs motivations économiques et politiques, de nombreuses instances internationales ont exprimé leur préoccupation par rapport à cette situation. Ils n’ont, de ce fait, pas toujours ou forcément réagi en connaissance de cause ! Il faut, en effet, rappeler fortement que le report de l’élection a été initié par le PDS et non par la présidence. Le président Macky Sall n’a fait que répondre favorablement à une demande de l’opposition !

Juridiquement, la constitution n’a pas été modifiée ou révisée. L’article 31 de la constitution permet de réaménager le calendrier électoral. Les élections ont d’ailleurs déjà été reportées une fois au Sénégal en 1963. Et il faut dire clairement ce qu’il en est ! La crise actuelle entre la cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale est certes grave et inédite. Elle ne peut être ignorée. Le report vient avant tout de la crainte que ne surviennent des contestations à l’occasion du résultat des élections et de la crainte parallèle que cela provoque des dérapages.

Pour le président, sa décision de reporter les élections doit permettre à la nation de s’unir autour d’un projet commun servant les intérêts du pays. L’idée est de créer un environnement transparent et inclusif afin d’avoir des élections à la hauteur des attentes des Sénégalais.

Parallèlement, en effet, le président a souhaité lancer un leitmotiv qui se veut rassembleur : « Sénégal Uni ». Il s’agit d’officialiser par cette création, un esprit de communication forte plaçant l’État-Nation Sénégalais au-dessus de toutes velléités partisanes et toutes les ambitions personnelles. Les axes principaux de cette communication sont de définir l’image d’une communication transparente et d’en obtenir la légitimation par la presse locale, internationale et digitale. Cela se fera par la création de canaux propres à l’instance « Sénégal Uni » et déploiement d’une communication quotidienne qui sera basée sur des vidéos institutionnelles et sur des interviews courtes au format digital.

Pour le président Sall, « Sénégal Uni » est la seule solution pour déboucher sur des élections démocratiques. En tant que président, il mènera ce projet comme il a pu mener tous les projets qu’il a lancés pour le bien du peuple Sénégalais au cours de ses deux mandats, il est le garant des institutions. Pour ce faire, il pourrait être amené à constituer un gouvernement de coalition nationale pour garantir la paix constitutionnelle et sociale.

« Sénégal Uni » pourrait alors agir en tant que gouvernement de coalition provisoire avant les élections. Cette instance pourrait rassembler tous les mouvements politiques sous le haut patronat de Macky Sall, afin de concilier les institutions et mettre en place un environnement politique stable, avec une identité assumée, une communication élaborée et des messages unificateurs.

IL conviendra, les exemples récents de la politique internationale en sont la preuve, de marquer la différence du Sénégal et de ses valeurs démocratiques avec les pays voisins. Le gouvernement de transition est d’un format nouveau. L’armée n’est pas impliquée, le président Macky Sall ne compte pas se représenter et l’Assemblée nationale a déjà fixé la date des élections.

Macky Sall agira durant cette période en tant que Père de la Nation et non en tant que chef d’un parti ou soutien d’un candidat. Il dirigera l’instance « Sénégal Uni » qui sera inclusive et veillera à faire valoir les intérêts de tous les Sénégalais. Le président réunira l’ensemble du paysage politique Sénégalais autour d’un projet commun. Le dialogue sera ouvert et apaisé afin de permettre aux Sénégalais de jouir pleinement de leur droit démocratique de voter pour un candidat qui représente leurs valeurs.

Processus électoral transparent et démocratique

C’est donc à l’inverse des propos tenus par les médias étrangers et américains en particulier, que le Président Macky Sall, qui ne sera pas candidat, a, à la demande de l’opposition, accepté un report des élections pour permettre :

  • Aux opposants d’être candidats
  • Que le Futur Président soit vraiment celui choisi par une majorité des Sénégalais
  • Que les institutions retrouvent leur crédibilité (dont il est le garant)

L’importance de garantir un processus électoral transparent et démocratique au Sénégal, permettra aux opposants politiques d’avoir la possibilité de se présenter comme candidats, et placera le président élu comme étant véritablement représentatif de la volonté de la majorité des citoyens. Ils se fondent sur les actions suivantes à atteindre ces objectifs :

  • Assurer la liberté d’expression et d’association pour tous les citoyens, y compris les opposants politiques, afin qu’ils puissent participer librement au débat public et à la vie politique sans crainte de répression ou de représailles.
  • Garantir un processus électoral équitable et transparent, avec une supervision indépendante, pour que tous les candidats aient un accès égal aux médias, aux ressources et aux plateformes nécessaires pour faire campagne.
  • Mettre en place des réformes électorales pour renforcer la crédibilité du processus électoral, telles que la mise en œuvre de listes électorales fiables, la sécurisation des urnes, et la transparence dans le dépouillement des votes.
  • Encourager un dialogue politique inclusif entre les différents acteurs politiques et la société civile pour résoudre les tensions et les différends de manière pacifique et constructive, et pour trouver des solutions consensuelles aux défis politiques et institutionnels.
  • Investir dans le renforcement des institutions démocratiques, y compris le parlement, les tribunaux et les organes de surveillance, pour garantir qu’elles fonctionnent de manière indépendante, efficace et transparente, et qu’elles jouent leur rôle de garants de l’État de droit et de la démocratie.

En mettant en œuvre ces mesures et en respectant les principes fondamentaux de la démocratie, le président a pour objectif principal de promouvoir le bien-être de son pays et de sa population, de renforcer la stabilité politique et économique du Sénégal, de favoriser le développement durable, de lutter contre la corruption et de promouvoir les intérêts nationaux sur la scène internationale.

Bernard Chaussegros


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