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Aurore Bruna et Azad Balalas-Kazandjian s’engagent au service de Marseille, de la région Sud et de l’Arménie

Aurore Bruna et Azad Balalas-Kazandjian s’engagent pour Marseille en pleine crise mondiale économique, sociale et politique.

Photos Antoine Bordier

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De notre envoyé spécial, Antoine Bordier

Aurore Bruna et Azad Balalas-Kazandjian : ces deux quadras s’engagent pour la Cité Phocéenne et pour la Région Sud en pleine crise mondiale économique, sociale et politique. Avant leurs engagements politiques, ils ont en commun d’avoir les mêmes racines : arméniennes. C’est pour cela qu’ils ont les yeux rivés sur la France, sur la Méditerranée et sur l’Arménie. L’Arménie ? Elle est tombée dans l’oubli, au moment où l’Ukraine attire tous les feux de la rampe. Portraits croisés.

Sa démarche est énergique et sa poignée de main est chaleureuse. Son franc-parler naturel et spontané en dit long sur le profil de cette jeune femme, dont le caractère tranche avec la silhouette menue, presque fragile. Aurore Bruna nous reçoit dans l’un de ses bureaux, celui, de la mairie du 9è et du 10è arrondissement de Marseille. Le nom du lieu est porteur : la Maison Blanche. C’est une belle propriété de 3 hectares, qui concilie une maison de maître du 19e avec des bâtiments plus modernes et un parc avec bassin à couper le souffle. La nature y est belle, elle est au cœur de Marseille. C’est un village dans la capitale.

Aurore vient de passer une partie de ses vacances en Arménie, sur la terre de ses ancêtres, des survivants du génocide de 1915.  Dans sa jolie robe bleu-nuit immaculée de fleurs blanches, elle ressemble avec sa longue chevelure blonde à une petite fée. Son énergie est, d’ailleurs, débordante, presque virevoltante, pour cette enseignante d’histoire-géographie, née en Avignon et qui a grandi à Châteaurenard. Après ses études à la Sorbonne, à Paris, direction Marseille. Elle y vit depuis 15 ans…

Très engagée, elle cumule les fonctions de Présidente de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance (l’UGAB Marseille), et de co-Présidente du CCAF Sud (Conseil de Coordination des Organisations Arméniennes de France). Co-présidence qu’elle partage avec Azad Balalas-Kazandjian et Julien Harunyan.

Aux côtés de Renaud Muselier, elle est conseillère régionale et Présidente de la Commission Sécurité-Défense…

La cloche sonne. C’est l’heure de la rentrée des professeurs au collège.

Femme, homme, mode d’engagement

« Mes engagements sont nombreux, il est vrai. Ils correspondent à ma personnalité. Je me suis engagée très tôt dans la société civile, à travers des associations. Puis, ensuite, est venue la politique. J’aime faire bouger les choses et me mettre au service des autres et du bien commun », explique la jeune femme souriante. Avant cela, elle était Présidente de sa copropriété, et, elle s’impliquait dans son quartier. « C’est par atavisme, car, j’ai toujours vu mes parents s’engager. Ma mère, par exemple, est Présidente de l’Association Arménienne d’Avignon. Et, mon père était élu à Châteaurenard. » Elle répète souvent ce principe de vie : « apporter sa pierre à l’édifice ».

Pour Azad Balalas-Kazandjian, que l’on retrouve au Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, l’histoire est un peu différente. Dans son bureau du second étage de cet immense hôtel départemental, qui ressemble à un vaisseau amiral tout de bleu vêtu composé d’acier, de béton et de grandes baies vitrées, posé au milieu du 4è arrondissement de Marseille, Azad semble comme un poisson dans l’eau. Même si cela ne fait qu’un an qu’il a endossé le complet-veston de conseiller cantonal. Sa haute et forte stature fait penser à une carrure de rugbyman. Sa barbe noire de 3 jours lui donne un aspect de jeune start-upper.

« Je suis rentré en politique à 16 ans, aux jeunesses socialistes », précise-t-il. Aurore, elle, est, plutôt divers droite. Avignonnaise d’un côté, Marseillais pure souche de l’autre, Azad, à 38 ans, a derrière lui une carrière professionnelle dans le secteur social. « J’ai travaillé à la Maison départementale de la solidarité, dans le quartier le plus pauvre de France, dans le 3è arrondissement, à la Belle de Mai. » Le social lui tient à cœur. Aurore et Azad se connaissent. Ils collaborent ensemble et se retrouvent sur un sujet commun : l’Arménie.

De vieilles racines arméniennes

En 1915, lorsque s’abat les années de terreur du génocide, perpétré par le gouvernement turc de l’époque, contre les Arméniens, une partie de ces-derniers réussissent à s’enfuir soit à pied, dans une charrette ou à dos de mulet. La plupart trouve refuge, dans un premier temps, dans les pays limitrophes : la Syrie, la Géorgie, la Russie et l’Iran. Puis, c’est le départ vers le Liban, la France ou les Etats-Unis. En France, c’est Marseille qui accueille la majorité des vagues successives. Entre 1922 et 1925, près de 60 000 Arméniens « apatrides » arrivent dans le port de Marseille.

La seconde vague aura lieu dans les années 50. La raison ? Toujours la même : fuir la barbarie turque qui s’abat de génération en génération sur les Arméniens. La troisième vague arrive dans les années 75, lors de la guerre civile au Liban. En tout, ce sont près de 80 000 Arméniens qui vivent, aujourd’hui, à Marseille, et, dont les racines plongent profondément en Cilicie et en Transcaucasie.

« Je suis la preuve que l’on peut être totalement Français, être amoureux de l’histoire de France, de la République Française, tout en ayant ses racines en Arménie » proclame Azad. Il évoque l’assimilation, mot si décrié de nos jours. Il évoque, également, ses grands-parents, qui sont arrivés à Marseille en 1922. Margos et sa femme n’ont plus rien. Ils arrivent à Marseille à 20 et 22 ans, les mains dans leurs poches trouées.

Du côté d’Aurore, le génocide a, aussi, frappé sa famille. Elle, qui a fait sa thèse, publiée aux Editions du Cerf, sur l’Accord d’Angora de 1921 (qui met fin à la présence Française en Cilicie, dernier bastion de protection des Arméniens depuis la fin de la Première Guerre Mondiale), connaît le sujet sur le bout des ongles. Elle ne comprend pas pourquoi la Turquie n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans le génocide. « Même l’Allemagne a reconnu sa coresponsabilité en 2016 », souligne-t-elle. Seule une trentaine de pays, à ce jour, ont reconnu le génocide de 1915.

Le CCAF au service de l’Arménie

Comme Aurore, Azad est co-Président du CCAF pour le sud. « C’est l’équivalent du CRIF pour la communauté arménienne », explique-t-il pour une meilleure compréhension. Il est vrai que tout le monde connaît le CRIF. Et, un peu moins le CCAF, comme si la communauté juive avait une meilleure exposition médiatique et politique en France. Le CCAF essaye tant bien que mal de combler son retard.

Aujourd’hui, cette association regroupe des milliers de membres et des centaines d’associations. « Dans le sud, nous réunissons une quarantaine d’associations. La zone géographique concernée s’étend de Bordeaux jusqu’au sud d’Ajaccio », précise Azad. A Marseille, l’activité tourne à plein régime entre les activités sportives, humanitaires, caritatives, culturelles, et autres. « Nous défendons la cause arménienne », répète Aurore. La culture, l’identité, l’histoire et la langue sont très importantes pour répondre aux défis qui se résument à être : 100% Français, 100% Marseillais et 100% Arméniens. Le CCAF travaille, également, pour la reconnaissance du génocide contre les Arméniens.

Chaque semaine, son conseil d’administration réunit la mosaïque de ses membres. Elle organise une fois par an un dîner emblématique. Cette année, il a eu lieu le 8 février. Autour des co-Présidents nationaux, Ara Toranian, qui a fondé et dirige le média NAM (les Nouvelles d’Arménie Magazine), et Franck Mourad Papazian, Président-fondateur de MediaSchool (le leader français de l’enseignement supérieur privé et de la formation continue aux métiers de la communication, du digital et des médias), se sont bousculées des personnalités de premier rang : le Premier ministre Jean Castex, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, le Président du Sénat Gérard Larcher, l’Ambassadrice d’Arménie en France Hasmik Tolmajian et l’Ambassadrice de France en Arménie Anne Louyot, Nicolas et Kristina Aznavour, etc.

L’UGAB au défi de la bienfaisance

Autre sujet qui engage Aurore Bruna : l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance. Fondée en 1906 par Boghos Nubar Pacha, un ancien diplomate de Turquie, cette œuvre de bienfaisance avait ses premiers bureaux en Egypte. Puis, elle s’est installée aux Etats-Unis. En 1921, le siège de l’UGAB est transféré à Paris. Aujourd’hui l’UGAB à des bureaux sur les cinq continents. L’un de ses présidents, le plus emblématique, a été le magnat du pétrole Calouste Gulbenkian. Aujourd’hui, c’est Berge Setrakian qui dirige cette organisation depuis 20 ans. Son budget annuel ? Plusieurs dizaines de millions de dollars.

« La particularité de la section de Marseille, explique Aurore, c’est qu’elle est la plus vieille section française. Elle a été créée en 1910. Nos activités sont orientées à 100% sur la levée de fonds pour nos activités de bienfaisance. Nous aidons matériellement des Arméniens de la diaspora, ici, à Marseille. Et, nous finançons des projets humanitaires en Arménie. »

De son côté, Azad a d’autres engagements : au sein des associations Nor Seround (qui s’occupe de la jeunesse militante arménienne) et CDCA (le Comité de Défense de la Cause Arménienne). Leurs agendas sont bien remplis.

« Marseille en grand »

La convivialité, l’engagement et le bien commun sont, vraiment, les maîtres mots d’Aurore et d’Azad. Le bien commun, à commencer par la jeunesse et le social. Ils font, d’ailleurs, leur rentrée politique en pleine rentrée scolaire. Pour Aurore, adjointe au Maire du 9è et 10è arrondissement la rentrée se résume à un mot : collège.

Il en est de même pour Azad : la rentrée est synonyme de ses actions politiques au service des 5 collèges de son canton. Du côté des professeurs, il est serein : « Ils sont tous là ». Ouf !

Tous les deux suivent de près le plan « Marseille en grand », annoncé en grande pompe par Emmanuel Macron, lors de sa venue dans la « capitale européenne de la culture », le 2 septembre 2021.

Antoine Bordier


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