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Alsace : René Hans, sauveur d’entreprises en difficulté, veut implanter Capital Initiative dans toute la France

Copyright des photos A. Bordier, Capital Initiative, Ethic

En Alsace et au-delà de la Forêt-Noire, il est connu comme le loup blanc. Il serait, plutôt, un saint-bernard, qui sauve les entreprises en difficulté, en faillite ou en liquidation. Cet aventurier des temps modernes est un serial-entrepreneur, un investisseur, qui, à travers Capital Initiative, remet à flot des dizaines d’entreprises. Son ambition, son rêve ? Que la France soit recouverte de son fonds alternatif. Reportage dans l’est de la France.

Wolfgang Beyer connaît bien René Hans. Il a démarré sa vie professionnelle comme musicien. Comme un troubadour, il jouait sur les orgues et les pianos. Il était, aussi, un virtuose de la trompette. Pendant une dizaine d’années, il a sillonné la France et l’Allemagne. Il a fini par raccrocher les gants de la musique parce qu’il voulait fonder une famille et une entreprise avec Madeleine. Depuis, la musique et l’entrepreneuriat ne l’ont plus quitté. Il est devenu entrepreneur et a épousé Madeleine. Ses enfants, Daisy, Tommy et Max font partie de leur aventure entrepreneuriale. Puis, il a rencontré René. Ensemble la musique fait partie de leur vie. René est accordéoniste !

« Je l’ai rencontré la première fois lors d’une réunion de Capital Initiative, il y a 7 ans. J’ai été impressionné par cet homme, un vrai défenseur de la cause entrepreneuriale. Et, en plus, c’est un musicien. Nous sommes devenus des amis. Je suis l’un des administrateurs de Capital Initiative. C’est un fonds qui fait du bien aux entreprises en difficulté, mais, également, aux souscripteurs qui ont un retour sur investissement très intéressant. »

Wolfgang connaît bien la route de Dossenheim à Bollwiller. Il y va plusieurs fois par an. Il lui faut 1h30 pour s’y rendre en voiture. La traversée est magnifique. La Forêt-Noire est généreuse et déborde de ce côté est de la France. Elle a tissé sa toile arborescente jusque-là, dans cette région qui, autrefois, était allemande. Déjà, en arrivant sur Orschwiller se dessinent les premiers vallons où la vigne a été plantée. « Regardez, là-haut, c’est le château du Haut-Koenigsbourg, qui surplombe toute la vallée. A ses pieds, s’étendent des centaines d’hectares de vins et de crémants. » Nous sommes sur la route des vins d’Alsace. Ils sont réputés dans le monde entier. Le Gewürztraminer, le Pinot gris, le Pinot noir, le Riesling et le Sylvaner, sont autant de variétés qui vous obligeraient à changer de programme pour vous arrêter et commencer, enfin, la dégustation. Nous passons Turckheim, Colmar, et, finalement, nous arrivons chez Capital Initiative.

René Hans, un personnage haut en couleur

A peine descendu, il est là. Il vous attend. De haute taille et de forte corpulence, sa voix étonne autant qu’elle tonne. Son débit est rapide, son discours est riche et spontanée à la fois. Sa poignée de mains est des plus chaleureuses. Il sourit en parlant. Il fait visiter ses locaux et salue ses équipes. Son énergie est importante. Avec sa longue chevelure, il me fait penser à un chef d’orchestre. Il est, aussi, sportif. Il doit être adepte de la course de vitesse et du semi-marathon. Mais, il est, surtout, un expert-comptable et un commissaire aux comptes. « J’ai commencé en partant de zéro, avec rien. Mon père était mineur de fond, ici en Alsace. En moins de 20 ans, je suis devenu le premier cabinet indépendant d’Alsace. Nous avons un chiffre d’affaires qui tutoient les 40 millions d’euros, avec nos 350 salariés. Et, nous sommes, aussi, présents à Paris, dans le 17è arrondissement. Aujourd’hui, j’ai plus de 65 ans, et, je suis presque retraité ! » Il se met à rire. Lui, à la retraite ? Impossible…Son rire est communicatif.

Il est un véritable amoureux de l’Alsace, de la France et de l’Allemagne. Il aime ce mélange, ou plutôt, ces échanges entre la culture latine et la culture alémanique : la création et les idées d’un côté, et, de l’autre, l’ardeur et la rigueur pour les opérer, les mettre en place. Tel un historien, tel un personnage de roman, un héros de Victor Hugo, il passe du coq à l’âne, et évoque la bataille de Tolbiac : « Il s’agit en fait de la bataille des Francs contre les Alamans. »  Re-rire. Il parle de Clovis, des Vosges, de la Forêt-Noire, du Rhin et de la Première Guerre mondiale.

Puis, il revient sur sa famille et sur ses racines alsaciennes. Sa pensée s’envole, elle est elliptique. « Dans l’arbre généalogique de feu mon père, Oscar, et de feu ma mère, Marie-Thérèse, notre histoire remonte au 16è siècle. Mes grands-parents étaient des paysans. Ils étaient, à l’époque, Allemands. »

Son téléphone sonne : « Monsieur Hans, nous avons besoin de vous, nous n’arrivons plus à rembourser notre PGE… » René Hans raccroche. « Vous voyez, les TPE et PME ont besoin de Capital Initiative. » Cette musique des entreprises en difficulté, il l’entend de plus en plus. Il a une oreille d’or. A 17 ans, comme Wolfgang, René Hans veut devenir musicien professionnel. Il choisit l’accordéon. Mais sa réussite scolaire est telle (il est le premier partout), qu’il prend le chemin des études d’expertise-comptable. Avec sa prodigieuse mémoire, sa capacité de travail hors-du-commun (il travaille six jours sur sept) et son énergie à déplacer les forêts, il fait fonctionner l’ascenseur social à fond. D’abord pour lui et sa famille. Puis, pour le plus grand nombre, pour le bien commun.

Capital Initiative : un fonds Made in Alsace

En 1985, il est diplômé expert-comptable, et, à 28 ans, il ouvre son cabinet à Colmar. De croissance interne en croissance interne, de croissance externe en croissance externe (il rachète, à partir de 2008, avec les jeunes collaborateurs qu’il a formés, des cabinets dans toute la région), le voilà à la tête d’une trentaine de cabinets regroupés autour de son enseigne Hans & Associés. « Avec nos 35 associés et nos 350 collaborateurs, nous animons la vie administrative, comptable et financière, de 7 000 entreprises de la région. Notre mission est importante. Face aux mastodontes, aux Big Four (NDLR : Deloitte, Ernst & Young, KPMG, et PricewaterhouseCoopers), notre positionnement est très clair : être le plus proche et au service du client. Nous leur apportons des conseils, du service, de la valeur-ajoutée qu’ils ne trouveront nulle-part ailleurs. »

Sa réussite ? Il la doit à lui-même et aux autres. Son mot-clef ? « Le partage ». Et, sa phrase-titre : « Entreprendre avec le cœur ». Son cœur déborde. Et, c’est pour cela qu’il a lancé, avec des associés, en 1997 son fonds de solidarité : Capital Initiative. Sa réussite est telle que ses confrères lui envoient leurs propres clients, en difficulté.

Les difficultés ? Il les connaît par coeur. Mais, à l’époque, il lui manquait un outil. « Nous étions témoins de la difficulté d’accès au financement bancaires pour nos PME et de l’augmentation des défaillances d’entreprises. Il nous fallait réagir. Alors nous avons développé cet outil de rachat temporaire d’actifs. Avec nos partenaires et nos souscripteurs, nous pouvons mobiliser la trésorerie née de la cession d’un actif sans préjudices pour l’exploitation, l’actif étant par la suite loué à l’entrepreneur en difficulté. »

C comme les Copains d’abord

Combien d’entreprises Capital Initiative a-t-il sauvé ? Plus d’une centaine, avec 3 500 emplois qui ont été sauvegardés. Plus de 150 opérations ont été financées. Les chiffres sont impressionnants. Parmi les bénéficiaires, citons : des bars (comme celui de Lapoutroie), des bureaux, des cabinets médicaux, des industries (comme l’industrie mécanique de Roanne), des restaurants (comme celui de Thann), etc.

Si le besoin est immense « les ouvriers » sont peu nombreux. Mais, heureusement, que René peut compter sur ses « Copains ». Parmi eux, il y a quelques poids lourds : comme Sophie de Menthon, Jean-Marc Borello, Loïc Le Floch Prigent, Wolfgang, Arnaud Montebourg, etc. Arnaud Montebourg, l’ancien ministre, le gardien de notre souveraineté industrielle…Qui était le successeur de l’ancien ministre de l’Economie, du Redressement productif et du Numérique ? Emmanuel Macron. Le premier deviendra entrepreneur. Le second…On connaît la suite.

Pour Loïk Le Floch-Prigent : « René est tout à fait exceptionnel, il a le cœur sur la main. Le fonds est une initiative qui mérite d’être connue. Il faudrait un René Hans comme cela dans chaque région de France. La France a besoin d’une telle solution, surtout en ce moment. »      

Pour Sophie de Menthon, Présidente du Mouvement Ethic, un mouvement patronal indépendant : « René est un formidable entrepreneur généreux et altruiste. Il protège les chefs d’entreprise et leur famille ; lorsque l’on confisque, sans aucune bienveillance, les biens d’un entrepreneur en échec, ruinant parfois toute une vie, il récupère la dette, la paie, et permet au chef d’entreprise de garder sa maison… » Un saint-bernard, vous dis-je !

Enfin, pour Arnaud Montebourg : « René est un combattant créatif génial, pour la défense et la protection des entreprises. Il a une humanité exceptionnelle, qui l’amène à défendre des gens dans la grande difficulté : des entrepreneurs ruinés, des artisans brisés, des industriels aux rêves déchus, des agriculteurs au bord du précipice et des salariés dans la détresse. La liste est longue. C’est pour cela que je l’ai rejoint dans ses combats, qui sont aussi les miens. » La France n’a pas dit son dernier mot. Un saint-bernard, vous redis-je.

Comment ça marche ?

Le chef d’entreprise en difficulté contacte Capital Initiative, dont les antennes opérationnelles sont présentes en Alsace, en Ile-de-France, en Bourgogne-Franche-Comté, dans le Grand-Est, aux Antilles, en Guyane et en Poitou-Charentes. Les collaborateurs de René, managés par leur Directeur général, Mathieu Bachmann, réalisent une étude préalable d’éligibilité, un diagnostic. Puis, ils proposent un plan de financement et le rachat temporaires d’actifs : comme l’immobilier d’entreprise, le matériel de production, etc. Il faut ajouter le patrimoine personnel de l’entrepreneur, qui la plupart du temps garantit les opérations de ce-dernier. Ainsi, René Hans (il est le président-bénévole du dispositif) et son équipe ont permis à des gérants dont l’entreprise était en redressement ou en liquidation de garder « leur toit au-dessus de leur tête ». Et, cela vaut tout l’or du monde.

Aujourd’hui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, 95% des bénéficiaires du dispositif ont pu retrouver une marge de manœuvre importante, continuer et développer leur activité.

Cependant, la vie n’est pas que rose. Et, le sujet qui fâche serait devant nous : celui du remboursement du fameux PGE, le Prêt garanti par l’Etat.

Le PGE et la survie des entreprises en question

Souvenez-vous, Covid oblige, en 2020 la France est confinée. Les hôtels et les restaurants, les entreprises qui ne travaillent pas dans le secteur des produits de première nécessité ne reçoivent plus ni clients, ni fournisseurs, ni salariés. Elles doivent fermer boutique. Les salariés se mettent au télétravail, mais pas tous. La France est à l’arrêt. Le soir, à 20h00 tonnante, les bruits de casseroles se font entendre dans toute la France. Les saint-bernards en blouse-blanche font des miracles.

Du côté de l’Etat, la planche à billet du « quoiqu’il en coûte » fonctionne à plein régime. Au 1er janvier 2020, le gouvernement sort son joker, sa solution-miracle : pour les entreprises le PGE est activé. C’est le vaccin des TPE et des PME, leur masque d’oxygène. Prévu pour durer deux ans, il sera, finalement, reporté jusqu’à la fin de 2023. Résultats ? Plus de 700 000 entreprises ont bénéficié du dispositif, avec une enveloppe globale qui approche les 150 milliards d’euros.

Mais, le PGE n’est pas si rose que cela. Du côté de Bercy, on a compris que l’opération était risquée. Bruno Le Maire annonçait, il y a un an, en juin 2022, un étalement de droit des PGE sur 10 ans. Aujourd’hui, où en sommes-nous ?

Selon René Hans, « le remboursement des PGE est très compliqué pour le tissu des petites entreprises, qui sont à 90%, les bénéficiaires. Certaines n’y arrivent pas. Nous intervenons de plus en plus sur le sujet. » Il lance l’alerte !

Les difficultés seraient, ainsi, devant nous. Car, selon certains experts, comme Maxime Lemerle, Responsable des études de défaillances au sein du groupe Allianz : « Nous sommes sur un nombre de défaillances que l’on n’avait plus observé depuis longtemps. »

Le pire serait-il à venir en 2024, alors que des PGE ont, déjà, commencé à être remboursé ? Le PGE serait-il l’arbre qui cacherait la forêt des TPE-PME en défaillance à venir ? Espérons que non. Ce qui est certain, c’est que le besoin existe. Il est, même, en forte croissance, partout sur le territoire national. Ce qui est certain, enfin, c’est que Capital Initiative a de longs jours devant lui. L’ambition de René Hans, avec un agenda qui se remplit très vite, est de diffuser Capital Initiative sur tout le territoire. Il a raison, le temps presse et, la rentrée risque d’être brûlante. « Il faudrait un René Hans comme cela dans chaque région de France », répète Loïk Le Flock-Prigent, en raccrochant.

Pour en savoir-plus : https://www.capital-initiative.fr/

Reportage réalisé par Antoine BORDIER            


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