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Nicolas Dupont-Aignan : « J’ai failli m’allier avec Éric Zemmour »

French MP Nicolas Dupont-Aignan in the "Salle des Quatre Colonnes" before the Questions to the Governement at the National Assembly in Paris, France, on February 14, 2023. Photo by Aurelien Morissard/ABACAPRESS.COM Parlement Parliament Politique Politics | 842261_010 Paris France

La question mérite d’être posée. À quoi sert « Debout la France » et son président ? Médiatisé lors des grandes dernières élections présidentielles, (il a participé aux trois dernières), le président du parti souverainiste (16 000 adhérents revendiqués) cultive sa singularité et sa notoriété tout en se plaignant de n’être guère plus invité sur les grandes chaînes.

Ce qui serait dû selon lui : « à ses déclarations sur les vaccins ou récemment sur l’Ukraine ». Si son parti semble reposer encore beaucoup sur la personnalité de son chef fondateur.; un leader dynamique que rien ne semble décourager. Reste qu‘on peut se demander sur quoi tout cela peut -il déboucher, tant il est pris en étau entre le RN, Reconquête voire les LR. Certaines mauvaises langues s’interrogent : n’est-il pas instrumentalisé par le système pour servir à fragmenter un peu plus le camp des patriotes libéraux attachés à l’indépendance et au redressement du pays ? Nous n’irons pas jusque là !

On peut en effet reprocher sûrement pas mal de choses au président fondateur du mouvement « Debout la France », fondé en 2009 après avoir quitté l‘UMP ; sauf celle précisément de là détermination et de la continuité. Notamment au sujet de la conception fédéraliste de l‘Europe telle qu’elle évolue sans discontinuer depuis les traités de Maastricht et d’Amsterdam, en rognant chaque jour un peu plus sur les prérogatives ef exécutifs de chaque nation.

Avec  intuition et volonté, cet élu de terrain, 61 ans, un temps Rocardien pendant sa jeunesse, revendiqué Gaulliste depuis, a commencé par se faire élire en 1995 à la tête d’une mairie en faillite, celle de Yerres (91), dont personne ne voulait et qu’il a redressée depuis. Se taillant une solide réputation de gestionnaire et de bretteur du souverainisme gaullien, en profitant aussi du vide laissé par Charles Pasqua, Phillippe Séguin, Philippe de Villiers voire Jean- Pierre Chevènement, le député de l’Essonne depuis 2009, s’est présenté trois fois à l’élection suprême ; culminant à 4,70% en 2917 avant de s’éroder, ( effet Zemmour oblige ) à 2,06% des suffrages exprimés en 2022. En 2017 , son ralliement spectaculaire entre les deux tours avec Marine Le Pen avait pu surprendre ou faire jaser : l’idée consistait pour lui à tenter d’ouvrir une brèche ou une perspective d‘alternative démocratique pour des millions de citoyens rejetés dans l’opprobre facile de l’extrémisme fasciste. Un  ostracisme  de plateau alors qu‘ on observe une majorité d’ouvriers voter pour le Rassemblement national. Pour ce dernier, la question désormais est de savoir s‘il arrivera  à conquérir un champ de l’élite dirigeante. C‘est un des enjeux majeurs pour le RN pour les années qui viennent dans sa stratégie de conquête du pouvoir. Il est d’ailleurs cocasse de voir Jean-Philippe Tanguy, ex-bras droit du président de Debout la France, devenir l’un des principales tètes de pont, en la matière, via l’entremise de son micro-parti  » l‘ Avenir Français « …

Invité récemment du Grand Rendez-vous d‘EntreprendreTV , Nicolas Dupont-Aignan n’a éludé aucune question et il s’est voulu fidèle à sa réputation d’intransigeance et de fermeté vis à vis du pouvoir macronien. Accusant nommément ce dernier de « vouloir brader la France  » en lui reprochant de ne rien faire contre l‘immigration clandestine évaluée selon ses propres chiffres à 500 000 chaque année dans notre pays, soit l’équivalent d‘une ville comme Bordeaux !. Et lorsqu’on lui demande pourquoi il n‘arrive pas dans l’électorat à franchir le plafond de verre et attirer en son sein d’avantage de ténors dans ses rangs : Henri Guaino, Jean Lassalle, ou Jacques Myard par exemple : celui-ci rétorque qu’il n’a pas encore l’étiage électoral suffisant pour créer l’électrochoc.

Reconnaissons aussi que  » Debout  la France  » a du mal à conserver ses meilleurs éléments . Et que ces dernières années, des personnalités telles que l’économiste Charles Gave, l’éditorialiste Dominique Jamet sans parler du député Jean- Philippe Tanguy sont partis du mouvement avec perte et fracas. Le fonctionnement de DLF s’apparente-t’il trop à celui d’une PME, avec un parti trop autocentré sur un chef, ne laissant pas assez de prise aux autres ? C’est possible. La question se pose à moins que ce ne soit qu’une simple crise de croissance propre aux partis qui grandissent ? Allez  savoir. Dupont-Aignan ne nie d’ailleurs pas le problème et puis il nous livre cette confidence presqu’en forme de scoop ;  » Je n‘en fais pas une affaire personnelle. Seul l‘avenir de la France m‘importe ! La dernière fois, lors des dernières présidentielles de 2022, j’étais même prêt à me mettre derrière la bannière d’Éric Zemmour et à former une grande alliance des patriotes. Éric était d’accord mais, au dernier moment, c‘est son entourage qui a fini par le faire caler… D‘autant qu‘il y avait aussi un désaccord sur sa ligne politique par trop identitaire. Zemmour voulait faire du RPR, mais , de fait , il faisait du Jean-MarieLe Pen ! » (sic).

Un an plus tard, ce qui met le plus en colère le leader des souverainistes aujourd’hui c‘est la position de la France dans le conflit ukrainien. Selon lui : « au lieu de jouer le rôle de médiateur et de puissance d’équilibre dévolu à notre pays, nous nous sommes alignés sur une position purement atlantiste, et nous perdons notre voix et notre singularité , celle de la troisième voie, celle du Général de Gaulle, celle de l’intermédiation entre les grands blocs …Rôle que nous abandonnons au profit de la Turquie, d‘Israël voire de la Chine malgré sa proximité actuelle avec la Russie. »

Les temps changent . Pour sortir de ce conflit, « dans lequel les États-Unis sortent grands gagnants avec, selon lui, un but à peine voilé ; celui d’affaiblir les économies européennes et notamment françaises et allemandes en prenant soin surtout de les déconnecter un peu plus des intérêts russes voire chinois » Nicolas Dupont- Aignan n’y va pas quatre chemins et de demander au plus vite : « l’instauration d’une conférence internationale pour chercher à sortir de ce conflit meurtrier en proposant par exemple de faire de l’Ukraine un pays indépendant, mais neutre et démilitarisé sous garantie et protection internationale. » L’idée commence à faire son chemin dans l‘opinion et les chancelleries . Ce serait souhaitable pour le monde entier.

Reste bien entendu, l’autre grand cheval de bataille du moment, nous l’avons dit, qui reste aussi cette immigration non contrôlée déferlant sur notre pays. Selon lui : « c’est plus de 500 000 étrangers qui arrivent chaque année sur notre territoire, et cela n’est plus acceptable dans les conditions économiques et sociales actuelles. »“ » Ce qui est intéressant, contrairement à d‘autres, c‘est qu‘il prend bien soin aussi d’adresser à l’attention des Français d’origine immigrée un message de confiance et d‘ouverture :
« en limitant drastiquement les nouvelles entrées sur notre territoire, nous pourrions d’autant mieux intégrer et assimiler nos compatriotes d‘origine étrangère qui doivent se sentir plus Français que jamais !“ Un message de fermeté et de réconciliation nationale qui est effectivement bienvenu par les temps qui courent.
Au plan économique, Nicolas Dupont-Aignan veut tout faire pour favoriser le made in France et l’investissement dans nos territoires. Lui aussi, à l’instar d’Arnaud Montebourg ou d’un Bruno Retailleau, veut-Il vite lancer un grand fonds souverain industriel tricolore ouvert à l’épargne des citoyens.
Beaucoup de bonnes idées de la part de cet homme courageux et qui n’a pas de mots assez acerbes vis à vis de certains grands médias du « système  » (sic) qui, selon lui. faussent le débat. Et de se plaindre du sort que lui réservent actuellement les radios et télés publiques en tête. Sa comptabilité des présences à l’antenne semble à cet égard assez édifiante. L’Arcom ferait bien d‘y jeter un petit coup d’‘oeil ! En attendant, vous pouvez toujours écouter l’interview qu’il nous a accordé sur EntreprendreTV. Cela dure 30 minutes et c‘est assez différent de ce que l’on entend ailleurs. Cela pourrait d’ailleurs s’appeler : Debout la France !

Robert Lafont


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1 commentaires sur « Nicolas Dupont-Aignan : « J’ai failli m’allier avec Éric Zemmour » »

  1. Bonjour,
    Debout la France n’a jamais eu 16.000 membres : il suffit d’aller sur le site de la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques (https://www.cnccfp.fr), de diviser le revenu des adhésions par le prix moyen et au maximum vous obtenez 3000 adhérents.
    Vous diffusez une fausse information.

    Répondre

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