Avec sa canne et son regard triste, le cinéaste, qui a récemment perdu sa femme et principale collaboratrice Eleanor — par ailleurs réalisatrice de documentaires et écrivaine —, paraissait à la fois heureux de retrouver le tapis rouge et ce Festival qui lui décerna deux fois la Palme d’Or (en 1974 pour « Conversation secrète » et en 1979 pour « Apocalypse now »), mais aussi mélancolique.
Il est vrai que le décès de son épouse lui a provoqué un immense chagrin. Néanmoins, au-delà du respect et de l’admiration que la magnifique filmographie de Coppola peut légitimement susciter, force est de constater que « Megalopolis » a entraîné une grande déception chez les festivaliers. Trop confus, trop ambitieux, avec trop de cabotinage chez les acteurs (dont Adam Driver, Jon Voigt ou Dustin Hoffman) et trop d’invraisemblances dans le récit : serait-ce le film de trop pour celui qui demeure à 85 ans l’un des derniers géants du 7ème art ?
Dans la catégorie Cannes Première, le film du metteur en scène cambodgien Rithy Panh, « Rendez-vous avec Pol Pot », a captivé le public avec un véritable voyage au bout de l’enfer du Cambodge des Khmers rouges durant la fin des années 1970 à travers le séjour de trois journalistes français conviés par le régime Khmer à rencontrer le leader sanguinaire Pol Pot. Un long métrage passionnant et remarquablement maîtrisé. À découvrir lors de sortie en salles le 5 juin.
Aujourd’hui, Richard Gere devrait créer l’événement avec le film en compétition de Paul Schrader, « Oh Canada », où il partage l’affiche avec Uma Thurman. Tout comme Emma Stone, récemment oscarisée pour « Pauvres créatures », qui est la vedette de « Kinds of Kindness » du cinéaste grec Yorgos Lánthimos, également sélectionné en compétition.
Enfin, le Festival de Cannes reste aussi le lieu des soirées festives, soit sur des plages privatisées, soit dans des villas, soit dans les palaces de la Croisette. Certaines sont de véritables réussites et d’autres se transforment en pathétiques fiascos, comme celle prétendument organisée sur la plage Magnum, hier soir, avec un programme alléchant : un showcase avec Mika, le groupe Justice et Pierre Granier, le vainqueur de la dernière « Star Academy ». Résultat : un capharnaüm épouvantable pour des centaines de personnes conviées (parmi lesquelles de nombreux journalistes) et ne pouvant pas rentrer en dépit de leurs cartons officiels d’invitation, confirmés la veille avec deux codes privés. Ou alors en devant attendre une heure dans une file d’attente digne d’une soupe populaire, en smokings et robes de soirée. Bref, une catastrophe en matière de gestion et d’organisation ainsi qu’une certitude : la plage Magnum a mérité la Palme d’Or de l’incompétence !
À demain, en direct de la Croisette…
René Chiche
Envoyé spécial au Festival de Cannes
