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« Tout pouvoir déclinant a tendance à durcir »

Le président Emmanuel Macron (Photo by Stephane Lemouton/Pool/ABACAPRESS.COM)

La traque s’intensifie et les repentis abondent. « Ça commence à sentir bon », comme ironisait le regretté procureur Michel Frezouls, un des plus brillants magistrats du parquet de Paris des années 1990, mort dans des conditions ténébreuses à Gènes il y a quelques années, dans l’indifférence mutique de son administration d’origine. Membre du cercle Vincent de Moro-Giafferri que j’avais alors l’honneur de présider, il était de toutes les réceptions données par celui-ci au Palais de justice, tandis que l’on inaugurait les statues renversantes de beauté du grand Leonardo Benatov. 

Je me souviens encore de sa prise de parole à la maison des avocats, quand le cercle avait reçu le président José Rossi, à l’occasion de la présentation du buste de Napoleon 1er, qui devait être installé à l’aéroport d’Ajaccio, rebaptisé aéroport Napoléon Bonaparte. « Ça commence à sentir bon » était sa phrase fétiche qui indiquait qu’un scandale allait bientôt éclater, parce que le corps d’un délit dissimulé était arrivé au degré de maturation imminente à sa révélation. Et c’est ce qui se passe avec ce énième assassinat de vieille personne, victime d’un home-jacking comme on dit dorénavant en néo-patois pour désigner les actes de séquestration assortis de vol et de tortures à leur domicile, actes perpétrés par des sauvages que la honte d’eux mêmes dissuade dorénavant les commentateurs de désigner sous le sobriquet de « jeunes ». Jeunes quoi ? Jeunes monstres ?

Pour en finir avec ces dérisoires spartacusseries de diables en déshérence, vivement Marcus Crassus ! Et Scipion l’Africain !

Et ça continue à jabiatter sur Depardieu par diversion, dans les chaumines parce qu’on ne veut pas voir l’effondrement du pays. Du pays ? D’un monde plutôt, celui de l’ordonnancement des choses et de la symétrie, ce témoignage de la présence céleste parce que le chiffre en ce cas domine et terrasse le nombre, qui est et demeure à l’infini la marque de l’anarchie.

Que pourra faire Gabriel Attal, ce jeune premier ministre qui n’est pas sans talent manifestement. Sachons lui gré, tout d’abord, de ne plus arborer ce ton revêche de pion en colère qui était la marque de son prédécesseur immédiat, et c’est déjà un effet notable de civilité. Peut- être-va-t-on en finir pour de bon avec les leçons de morale pour lavés du cerveau, qui étaient devenues la règle depuis peu, et qui ont contribué grandement au discrédit de la parole publique. Attendons, nous verrons. 

C’est ce qui rend encore plus odieuse la rémanence impertinente du catéchisme normatif anti-Depardieu. Qu’on laisse la justice agir, et qu’on arrête le trifouillage indécent que figure cette manipulation des consciences, grotesquisée de surcroit par l’incessant rappel à une invention fantasmatique et baroque selon laquelle un nouveau monde serait en train de naître, porteur de rapports humains inédits sur le plan de la conjugaison des genres sinon des sexes.

Ô Peuchère !

Voici venir le temps « du » vache et de « la » taureau.

L’inversion du vocabulaire est-elle de nature à modifier la nature du regard qu’on leur accorde ?
Lisons  Lysistrata  d’Aristophane  et l’Ecole de Femmes de Molière  pour déniaiser la gourme cérébélleuse,

Je n’ai point cet esprit qui subjugue  les Dames ,
j’incague la pudeur, convomis le bon goût,
et si mon Apollo, perruquiers et vidames,
vous offusque parbleu ! mon Apollo s’en fout !

comme l’écrit Georges Fourest, l’immortel auteur du recueil de poèmes La Négresse Blonde, à lire de toute urgence.

En tout état de cause, les bouleversements intervenus dans la pratique institutionnelle, c’est à dire, pour ceux qui nous dirigent la manière de le faire, tant au chapitre de l’efficacité de l’action publique, qu’à celui du consentement de la population à celle-ci, sont de nature à susciter l’interrogation. Jamais le pouvoir n’a été si faible, et le paradoxe veut que celui qui en use, s’obstine à « détricoter » les textes gaulliens qui lui permettent cependant de continuer à agir.

Ainsi de l’article  49.3 de la constitution  manipulé comme on trépigne pour faire passer les pilules. Ce n’est pas une nouveauté.

Tout pouvoir déclinant a tendance à durcir. L’invention d’avoir nommé Gabriel Attal comme je l’ai dit en début d’article est plutôt bienvenue dans l’optique du Président. C’est un coup de bonneteau, le public ne sait plus où sont les cartes à jouer. Qu’en sera-t-il fait dans un proche avenir ? Comme toute feinte, le coup désarçonne l’adversaire, mais quand il est compris, redouble sa fureur.

Tout se jouera au printemps dont il faut se souvenir qu’il débute fin mars exactement aux ides (idus Martias).

Pour ne pas paraphraser l’histoire romaine, il convient de se souvenir que le dieu que l’on célèbre à cette occasion c’est Mars, dieu de la guerre et que César en a fait les frais. 

Le retour du printemps s’accompagne ainsi du plus grand des dangers.

Jean-François Marchi


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