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Le bel appétit d’Olivia Grégoire, la ministre des PME

À 45 ans, cette ESSEC, devenue députée et ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, la met au cœur du tissu économique français, constitué en majeure partie de PME et de TPE. Elle ne sera pas de trop dans un gouvernement encore très techno.

La ministre déléguée aux Entreprises, au Tourisme et à la Consommation Olivia Grégoire (Firas Abdullah/ABACAPRESS.COM)

Comment lutter contre cette inflation de normes dans notre pays ?

Il y en a quatre fois plus qu’en Allemagne et cela nous coûte 80 milliards d’euros par an selon Bruno Le Maire lui-même. Olivia Grégoire : Soyons francs : on ne peut pas ignorer qu’il existe des normes « usines à gaz », parfois peu claires, voire illisibles ou parfois, mais heureusement rarement, contradictoires pour nos entrepreneurs, ce qui peut gripper leur développement. Il y a donc une urgence, celle de mettre en place un dispositif qui s’assure de la lisibilité de la norme nouvelle pour les entreprises et qui évalue concrètement son coût de mise en œuvre pour les entreprises.

Cet outil, que nous appelons le « Test PME », est pertinent puisqu’il se compose d’entreprises, c’est-à-dire de vraies TPE, PME, ETI et grands groupes. Ce nouvel outil est une chance pour nous permettre de mieux gérer le flux de normes dans notre pays et je me réjouis que nous le proposions dans le cadre de la future loi de simplification. C’est une méthodologie nouvelle pour s’assurer que les normes futures prennent mieux en compte la réalité de nos entreprises. Néanmoins, la norme n’est pas mauvaise par nature et beaucoup d’entre elles protègent les citoyens que nous sommes. Sur ce sujet, nous devons donc rester vigilants et garder l’esprit de nuance.

Parmi les solutions, l’expérience professionnelle en entreprise pour un député ou un haut fonctionnaire n’est-elle pas un prérequis ? De votre point de vue, la meilleure des compréhensions intellectuelles peut-elle remplacer le vécu ?

Comme vous le savez peut-être, j’ai eu une vie avant de faire de la politique et j’ai moi-même été une entrepreneure, d’une toute petite entreprise. J’aime à penser que cette expérience et ce que j’en ai retenu est un bagage précieux et une source d’inspiration dans mes fonctions actuelles, comme c’était le cas lorsque je siégeais en tant que députée. Je ne sais pas s’il faut pour autant conclure que tout responsable politique ou élu doit nécessairement avoir une expérience professionnelle en lien avec son portefeuille ou les textes qu’il porte, même si cela facilite grandement la compréhension des sujets.

Par définition, l’expérience individuelle est relative. En revanche, on peut légitimement attendre que ces derniers construisent leurs actions, leurs propositions en partant du terrain et donc de l’expérience et du vécu des professionnels et des citoyens. On peut aussi souhaiter systématiser la consultation des entreprises pour l’élaboration des normes qui les concernent, et c’est justement ce que nous avons proposé avec le Test PME que je mentionnais.

Pourquoi cette priorité donnée à la relance de notre gastronomie ? Dans la présentation de votre action, vous évoquez un contexte de concurrence accrue ?

En effet. Longtemps, la gastronomie française a occupé une place prédominante sur la scène internationale, mais nous vivons dans un monde toujours plus compétitif, et le domaine de la gastronomie ne fait pas exception. Les gastronomies espagnoles ou scandinaves ont su s’imposer lors de compétitions mondiales comme le Bocuse d’Or ou dans des classements comme le World’s 50 best. Cela ne veut pas dire que nous sommes moins bons, mais que d’autres redoublent d’efforts pour nous concurrencer.

La gastronomie française demeure une référence, elle dispose surtout des talents pour répondre à ces défis et redoubler de créativité et d’audace afin de continuer à faire rêver. D’autant que soutenir ce secteur signifie également soutenir le soutien de nombreux emplois en France. C’est tout le sens de la stratégie haute gastronomie que j’ai présentée la semaine dernière.

Quels ont été les critères de choix des zones ciblées, Arabie Saoudite, Corée du Sud, Hong Kong/Macao ?

Avec Business France et son réseau d’experts, nous avons cherché à prioriser l’appel à candidature en orientant les professionnels vers ces cinq marchés. Nous avons conclu qu’ils étaient tous à fort potentiel, après analyse de divers critères tels que la dynamique du marché local de la restauration, très forte dans l’ensemble de ces régions et pays ciblés, même si la maturité diffère de l’un à l’autre ; les habitudes de consommation et le pouvoir d’achat ont également été passés au crible, il s’agit d’un point fort pour Hong-Kong par exemple ; la réputation et le prestige de la gastronomie française, qui sont excellents à Hong-Kong, à Macao ou en Corée du Sud ; ou enfin la pertinence au regard de projets de développement économique, comme en Arabie Saoudite avec NEOM par exemple, ou encore aux Émirats arabes unis, avec le développement du tourisme.

Les premiers dossiers de candidatures sont-ils déjà nombreux ? Comment seront sélectionnés les chefs accompagnés ?

Tous les professionnels intéressés par la démarche sont invités à candidater. Les premiers retours que nous avons, confirment que cet accompagnement inédit correspond à un besoin. La sélection des candidats visera à constituer une promotion d’une dizaine de chefs pour un lancement effectif du programme d’accompagnement sur-mesure très bientôt, en juin, au plus près des besoins des lauréats. C’est un comité de sélection dédié qui étudiera les candidatures et constituera cette promotion. Les équipes de Business France y participeront bien sûr, mais il intègrera notamment des personnalités extérieures que j’ai annoncées la semaine dernière et qui ont été choisies pour leur connaissance de l’export et évidemment de la gastronomie : Alain Ducasse que l’on ne présente plus, Christian Mantei (Atout France), Alicia Dorey (Editorialiste Figaro Vin), Nicolas Chatenier (journaliste et consultat spécialisé), Karin Nebot (Kaviari) et Gérard Bertrand du groupe éponyme. Les lauréats seront sélectionnés sur la base de différents critères, parmi lesquels la capacité de l’entreprise à engager des ressources pour mener à bien son projet, la pertinence du projet présenté et du modèle de développement souhaité, la cohérence entre le concept de restaurant envisagé et les tendances de consommation du pays ciblé.

Êtes-vous une gastronome ?

J’aime la cuisine, le goût des produits frais et j’admire les talents des savoir-faire. J’ai souvent parlé de mon goût de la viande et j’aime les plats traditionnels qui la mettent à l’honneur. J’aime aussi m’aventurer au-delà des traditions, et goûter une cuisine, une gastronomie qui casse les codes.

Où aimeriez-vous être dans cinq ans ?

Vaste question. Si on m’avait dit en 2016 que je deviendrais députée puis ministre, je ne l’aurais pas cru. C’est aussi ça le charme de la vie, ne jamais savoir de quoi demain sera fait. Alors quoi de mieux que de seulement vivre l’instant présent et d’en profiter pleinement ?

Propos recueillis par Anne Florin


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