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Pécresse et Zemmour sur la ligne de départ

Eric Zemmour en meeting à Villepinte présente son parti Reconquête! pour la Présidentielle de 2022. Villepinte, le 5 Décembre 2021, France

Tribune. La semaine qui s’est écoulée a été cruciale et même, si j’ose le dire fatidique. Je parle évidemment des élections présidentielles et de la campagne des futurs candidats.

Nous avons vu d’abord Madame Pécresse se faire désigner au terme d’une primaire interne du parti LR, qui a vu la disparition inopinée des candidats favoris, Xavier Bertrand et Michel Barnier, la laissant seule en piste avec Eric Ciotti. Soulignons que Madame Pécresse, jadis démissionnaire de son propre parti et auto-déclarée Macron -compatible, a été préférée par un score sans appel 60/40 à un adversaire que personne n’attendait.

Plus que son score confortable de 60% ce sont  les 40% d’Eric Ciotti qui sont à relever. C’est considérable pour un élu que personne n’imaginait candidat il y a encore trois ans, si l’on tient compte du fait que la totalité des autres candidats a reporté son suffrage sur Valérie Pécresse.  Il est à noter qu’en outre, Eric Ciotti s’est déclaré favorable à un vote Zemmour si celui-ci était opposé à Emmanuel Macron.

L’événement du week-end passé, c’est bien évidemment en conséquence la réussite du meeting organisé par Eric Zemmour à Villepinte devant près de quinze mille participants. Il y avait là une foule dense et enthousiaste agitant des drapeaux français en scandant le nom de son candidat.

Pour une première intervention devant un public aussi nombreux, celui-ci jusqu’alors, plus écrivain qu’homme politique a pu étonner favorablement par sa maîtrise de l’exercice. Après avoir parlé près d’une heure et demie sans note, avec aisance et conviction, Eric Zemmour a délivré un certain nombre de messages qui orientent clairement le sens de sa campagne à venir.

Sous les ovations, il a proposé sans surprise l’arrêt de l’immigration, la réindustrialisation de la France, une baisse des charges et des impôts pesant sur les entreprises, en même temps que l’abrogation des droits de succession et de mutation pour les transmissions d’entreprises au sein de la famille. Il n’est donc pas étonnant que l’orateur ait cité à plusieurs reprises dans son discours le nom de Georges Pompidou.

Les thèmes développés par Eric Zemmour sont tout entier contenus dans le nom qu’il a choisi pour son parti : « Reconquête ». 

Il faut noter aussi que son slogan de campagne est une phrase prononcée par Napoléon : « Impossible n’est pas français », en s’arrêtant sur le fait, que quand il a cité son auteur, il ne l’a pas nommé par son prénom, comme font les journalistes et les indifférents, mais qu’il a dit « L’Empereur », terme notablement plus affectif.

Le choix de ces deux phrases donne une indication claire du sillage que suivra sa campagne. La reconquête évoque inévitablement la reconquista conclue avec succès par Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon en 1492 par la libération du royaume d’Espagne et la fuite des souverains musulmans. Au passage, Eric Zemmour propose la réalphabétisation des élèves français et la réintroduction de la culture classique.

Un discours très offensif visant explicitement la politique passée des socialistes coupables d’avoir laissé s’installer l’islamo-gauchisme, le pédagogisme, l’écriture inclusive sous l’influence d’associations LGBT et autres, l’ont amené à conclure : « L’école ne sera plus le laboratoire idéologique de la gauche ».

A côté d’une proposition visant à augmenter les bas salaires d’un treizième mois, le candidat souligne aussi, et c’est une nouveauté notable, à laquelle peu d’hommes politiques jusqu’alors portaient attention, qu’il faut sauver la littérature française aujourd’hui en grand danger de ne plus être comprise, vu l’attaque systémique  dont la langue française fait l’objet de la part de la gauche idéologue et d’une droite officielle aboulique. 

C’était très intéressant, et comme toute proposition de nature à secouer les habitudes peu courageuses des drogués du politiquement correct, certainement voué à la déformation et à la falsification dans les semaines qui vont suivre. On lui reprochera d’avoir attaqué férocement le Président de la République en feignant de croire que c’est la première fois qu’une telle chose se produit.

C’est oublier un peu vite les insultes que François Mitterrand adressa au stade Charlety au Général De Gaulle en 1968 : « Cette voix que vous venez d’entendre, c’est la voix du 18 brumaire… ». L’hypocrisie a ses limites, le ridicule aussi. Combien de fois encore le général De Gaulle n’a-t-il pas été traité de fasciste par une gauche volontiers  oublieuse de son action pendant la guerre. Le monopole de la morale, hélas ne s’improvise pas.

Si les débats se poursuivent à la hauteur des préoccupations énoncées, cela promet un renouvellement inattendu de la thématique telle que nous l’avons pratiquée  depuis près de quarante ans. 

Cette semaine marque donc, plus encore que le début de la campagne , un renouvellement copernicien de la polarité politique telle qu’elle s’est installée en France depuis la fin de la guerre.

Il n’est pas innocent en conséquence qu’Eric Zemmour ait pu citer Georges Bernanos dans son discours.

Jean-François Marchi


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