Ghyslaine Pierrat est spin doctor et Docteur en communication politique et économique
La réforme des retraites est « indispensable, quand on se compare en Europe, pour sauver notre système par répartition », a déclaré Emmanuel Macron.
A ce sujet, hier soir encore, les débats ont été très impliqués, nombreux et vigoureux à l’Assemblée nationale.
La disparition des régimes spéciaux a été validée en commission à l’Assemblée
Après sept heures d’échanges au sein de la Commission des affaires sociales, l’article premier sur la disparition de la plupart des régimes spéciaux a été validé.
La réforme de la retraite suscite des débats, des jouxtes oratoires musclées parce qu’elle est essentielle mais non comprise. La situation est déjà et va devenir encore plusélectrique.
Les grévistes sont galvanisés par le succès de la dernière manifestation.
Certains vont en faire leur gentil fonds de commerce au lieu de miser sur une réunion unitaire des protagonistes (syndicats-politiques, etc…)
La bataille de l’opinion est actuellement en points d’interrogation. Alors qu’une majorité de Français pensait qu’il fallait évoluer, à juste titre, sur le sujet.
Ces manifestations sont le fruit d’un ressentiment général, pas seulement une opposition à la réforme sur les retraites.
On voit nettement à l’analyse sociologique et psychologique de la manifestation qu’il y a une cristallisation des mécontentements :
– les retraites en premier,
– le pouvoir d’achat en second,
– ainsi que la dégradation des services publics notamment santé et mécontentement des services publics en général.
S’ajoute la problématique de réindustrialisation, la peur de l’inflation, les pénalisantes les oscillations du prix du carburant, les risques de pénuries d’énergie et l’augmentation des Inactifs de plus en plus nombreux, etc… Ces manifestations, ces protestations dépassent le seul mot d’ordre de l’opposition à la réforme retraites.
Il y a une simultanéité des crises politiques, sanitaires, sociales, internationales.
Tout s’accumule …
La retraite par répartition est un symbole, au pays des acquis sociaux. Elle incarne dans l’imaginaire collectif, une dimension affective de la protection sociale des Français. Elle fait partie de l’ADN de la France.
C’est pourquoi, les gens ne raisonnent plus calmement pour aller vers la compréhension et l’acceptation, ils se replient, entrent dans la peur qui amène une frénésie collective et l’envie de borderline pour interpeller et faire réagir.
Il y a une dimension psychologique de la dernière manifestation avec son 1,27 million de personnes dans la rue.
Pourquoi et comment faire « confiance » au gouvernement et au Président dans la conduite de cette réforme ?
La réponse à cette question est essentielle.
Avant même de répondre simultanément et précisément aux questions des décotes, de la particularité des femmes en retraite, de jeunes travailleurs qui ont leurs 43 ans et qui peuvent prétendre à la retraire à 62 ans et tant d’autres questions essentielles, il faut faire preuve de clarté, de pédagogie et d’humanité…
L’émission d’Elisabeth Borne ce soir à 20 h 30 doit en premier lieu, rassurer, prouver les aspects positifs et progressifs de la réforme et convaincre du bien-fondé du seuil des 64 ans.
La politique c’est bien sûr, avoir un cap, anticiper mais elle repose sur la confiance populaire.
En 2023, avec la transparence informationnelle, la puissance positive ou négative des réseaux sociaux, cette confiance est un majeur. Le pays peut s’enflammer, à tort.
La France est une personne, elle réagit à l’unisson.
Elle capte souvent avec justesse.
Elle ne fonctionne pas aux chiffres et au ratios.
Notre nation a du cœur, du bon sens.
Il faut miser sur sa différence et sa grandeur pour enclencher cette réforme sur les retraites, faire les concessions de bon sens et expliquer simplement l’état des lieux.
Les Français savent distinguer une progression des acquis sociaux tout en acceptant le seuil de 64 ans qui, évidemment, est pertinent.
Ghyslaine PIERRAT
Spin doctor
Docteur en communication politique et économique
