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« La meute a toujours tort »

Photo Frederic Kern/DDP Images/ABACAPRESS.COM

Samson François fut un génie absolu de la musique, pianiste excentrique et fantasque, il retourna l’interprétation de Chopin pour en faire ce que nul n’avait fait avant lui et que plus personne n’égalera, une peinture aléatoire dédiée à sa seule improvisation, à son seul talent. Voyou de la nuit, à la mesure de son maître E.T.A Hoffmann, vrai Gaspard de la nuit de l’inoubliable – et pourtant bien oublié par la fumisterie contemporaine -, Aloysus Bertand, il est cette face occulte que les ésotéristes du scire nefas recherchent, la part de l’ombre, le monde d’envers.

Dorique  âpre décor qui, dès lever du jour renègre nos amours,  a écrit le poète. Ce serait presque lui. Pourquoi pensé-je à lui en cette période funeste, d’aloyaux humains découpés au couteau par des mabouls éructifs d’onomatopées sanglantes, parce que cette personnalité absente révèle le vide intégral qui a suivi la fin des illusions politiques. Hugo, ce nain gigantesque dont l’aveuglement politique permanent était l’obturateur du métal  en fusion de sa langue poétique, auteur des fulgurances sémantiques les plus en rapport avec la veine de Samson François, comme lui bridé par un réel inaccessible par sa rigide formalité, peut nous donner un idée approchante de sa singularité caverneuse au sens platonicien. `

Calme bloc ici bas chu d’un désastre obscur , l’eut ainsi salué Mallarmé, comme un autre Edgar Poe dans d’autres ambitions. Ah! On est loin de Micron, de la mairesse de Paris et de ses embouteillages si Lerulciens qu’on se croit en transit dans la capitale, comme balloté dans les cages flottantes voguant vers Cayenne, en compagnie d’un Cheri-Bibi invisible. C’est parce qu’il faut qu’on rêve quand même dans la hideur contingente du quotidien que  cette figure est venue me rappeler l’existence cachée d’un autre réel  possible.

Où est-elle notre « oeuvre au noir », où es-tu Zénon, où sont partis nos mots ? Au boulot  les gars, chassons les imposteurs, le nouveau sens est à notre portée.Vas-y Haddock, vas-y Tintin, c’est le moment d’inventer autre chose que la pacotille dont se munissent nos maitres afin d’acheter avec du vent l’assentiment à la mort d’un vieux monde coupable avant tout d’avoir été trop beau.

Nous pouvons paraitre éloignés du débat politique avec cette évocation musicale,  et pourtant, la simple proximité de la béance qui s’est ouverte à nos cotés, tant au niveau comportemental, qu’intellectuel, aussi avec une régression des mesures du QI de nos enfants, tandis que le niveau de la culture générale de la population s’effondre, cela  nous fait toucher du doigt le phénomène d’exfiltration de notre identité au profit des confins barbares (dans tous les sens du terme) de ce qui fut un empire, édifié depuis trois mille ans au moins sur les racines hellènes et romaines de nos origines.

Au lieu de la honte dont la crapule veut nous revêtir, l’Occident a combattu pour la raison pendant le temps traversé par la période avec pour ennemis la crédulité, la barbarie, et l’à peu près. Il faut lire Auguste Comte, Renan et Taine qui n’étaient pourtant pas de la même écurie.

« Je croirai dans un dieu qui danse » a dit Nietzsche. Nous vivons en direct la défaite d’Apollon et du Dyonisos vainqueur malheureusement, nous n’avons récupéré que le singe. Souvenez-vous, lorsqu’il eut atteint l’âge de trente ans, Zarathoustra descendit de la montagne accompagné de son singe et de son serpent, et nous faisons la fête avec le singe. La société que nous vivons c’est celle des Mohicans de Babel, de Gaston Leroux toujours.

Un peu de lumière dans ce glacis  crépusculaire. Nous voilà à Milet en Asie mineure, non loin d’Ephèse, initié aux mystères d’Eleusis Apulée rencontre la déesse Isis, comme sa créature Lucien changé en âne dans  le roman  L’Ane d’or. Il annonce l’arrivée du règne de la femme. Il était temps, à force de croire à des sottises l’homme moderne n’arrête plus d’en dire.

Comme le chante avec esprit l’inestimable, quoiqu’un peu démodé, Raphael Shoomard, cité par Alphonse Allais

Goui goui goui
C’est le chant de la fauvette
Goui goui goui
C’est la voix du salsifis
Goui goui goui
C’est le cri de l’andouillette
Goui goui goui
C’est le chant du parapluie

Il pleut justement.
Votons au plus vite, nous savons bien pour qui.

Cette petite fin d’article pourrait surprendre par cette chanson dont l’à propos ne saute pas aux yeux. Il s’agit bien entendu d’un clin d’oeil à tous ceux que la vulgate moralisatrice et sentencieuse du moment agace. N’y en-a-t-il pas assez de se faire chapitrer et sermonner comme des enfants que nous ne sommes plus. Le lynchage abject de personnages importants du monde de la culture tels, Roman Polanski et aujourd’hui l’immense et talentueux Depardieu, dont les compositions de Marin Marais, de Balzac, de Cyrano resteront immortelles  et inégalées, en est une preuve supplémentaire.
Avec autant d’acharnement, de bêtise mesquine, rikikifère, et suiviste, on peut comprendre que les persécutés de la connerie jalouse craquent et s’adonnent à la provocation, seule manière en fin de compte d’exprimer le dédain aristocratique du talent solitaire face à la hargne de la meute. Disons-le une fois pour toute pour être clair, la meute a toujours tort parce que c’est une meute.

Ce qui est immoral c’est de gagner des fortunes avec un artiste pour demander ensuite son bannissement de l’antenne.

Où avais-je la tête? Ce n’est pas un singe, c’est un aigle le compagnon de Zarathoustra. On respire !

Jean-François Marchi


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