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La blague des baby-boomers

Jean-François Marchi

Tribune. Il ne suffit pas de vivre dans un pays où la jalousie sociale est plus affirmée qu’ailleurs, encouragée par un Etat qui fait de la dénonciation  fiscale une vertu cardinale, jusqu’à inventer la notion de « lanceur d’alertes » pour récompenser et flatter l’ego des délateurs.

Sous l’impulsion d’un regrettable folliculaire, jadis spécialiste de l’économie après avoir usé ses fonds de culotte dans le commentaire scientifique de l’air et du cosmos, en compagnie du regretté Jean-Pierre Chapel, on en vient à opposer les classes d’âges entre elles, nommées « générations » pour donner du corps à la thèse.

Les baby-boomers, comme on les appelle, ou boomers pour aller plus vite, auraient vécu en « égoïstes » les trente glorieuses, dévorant le pain blanc de la solidarité, en se contrefichant du sort des générations futures auxquelles ils laissent une planète dégradée et des revenus rétrécis. La belle affaire !

Il ne vient pas à l’idée du dénonciateur que les gouvernements qui ont succédé immédiatement à la guerre, étaient plus affermis par l’épreuve et leurs dirigeants plus compétents que les songe-creux qui les ont suivis ! Et pourtant, c’est l’éclatante vérité qui saute aux yeux. Il n’est que comparer la stature d’un De Gaulle ou d’un Pompidou aux gnomes qui les ont remplacés pour mesurer la différence.

Affaire de générations ? Enième guerre des anciens et des modernes ? C’est plus simple hélas ! Que nos jaloux professionnels se donnent la peine de lire  Les Confessions d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset ou  L’Education sentimentale  de Gustave Flaubert, ils constateront que l’histoire se répète, ou bégaye tous les siècles, et qu’à des périodes d’exception ayant fait naître des dirigeants d’exception, succèdent immanquablement depuis l’époque romaine, au moins, des périodes de récession où la médiocrité des hommes engendre déception et misère, généralement sous couvert de bons sentiments et de pseudo-bonté, artifice dérisoire de la lâcheté et de la vacuité de l’âme. Les baby-boumers ? Quelle farce ! Commode alibi pour excuser la nullité de qui gouverne.

Les problèmes sont là et ne leur doivent rien, sauf à penser, par exemple, que le tsunami migratoire qui se prépare aurait été ourdi machiavéliquement par des hommes et des femmes, dont le mérite a été de retrousser leurs manches, quand travailler n’était pas une honte ni la marque d’un inadmissible esprit d’accaparement.

Partager ? Quoi donc ? La bêtise ou la réprobation de la bêtise ? La question vaut d’être posée. Pour autant le bruit de tant de sottises ne peut s’éteindre de lui-même, car une fois lancé, un bobard se voit pousser des ailes. C’est tout le danger d’être bête, car ainsi que le disait finement Jules Renard dans son inestimable  Journal :  « Etre bête procure cet avantage mais aussi ce danger, que soi-même on ne s’en aperçoit pas » .  Que faire ? Ah !  tordre le cou au canard , vieille expression qui veut dire mettre un terme aux fariboles, inventions et coquecigrues ! Qui va s’en occuper ?

Il serait bien temps que quelqu’un s’y mette !

Le souci, pour parler le langage des gnomes justement, c’est le nombre croissant des vacataires de l’assistance reçue , qui pèse sur ce que l’impuissance publique appelle le devoir de solidarité, et qui n’est pas autre chose que la transposition  du mot vol en langue  administrative,  où il se nomme  impôt. Le responsable ? Le sardonique boomer, sans doute, qui ricane le plus souvent dans sa tombe de ce larcin prémonitoire perpétré avec l’ardeur qui lui a fait reconstruire la France  après les désastres de 39/45.

Sartre lui eût-il décoché son venimeux et vitriolesque anathème de « Salaud latin » ? -Ah! rire!- comme disait le baron Hubert Schroeder devant tant d’énormités, quand il lui arrivait de croiser des imbéciles qui s’en étaient armés.

Oui, rire, et jaunir de plaisir ?

Jean-François Marchi


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