En matière de difficultés économiques : ce n’est pas toujours la faute des autres. L’exemple de la presse est assez parlant.
Beaucoup d’éditeurs de presse se plaignent de la baisse des ventes. Mais dans certains endroits, il est impossible de trouver des journaux comme dans la plupart des stations-services d’autoroute, pourtant très fréquentées. Ce n’est qu’un exemple. Dans nombre de petites villes, des maisons de la presse voient leur rideau tombé, malgré des efforts notables des commerçants.
A saluer ceux du groupe toulousain Nap d’Arnaud Ayrolles qui a déjà modernisé plus de 60 Maisons de la Presse. C‘est un exemple à suivre comme l‘installation de nouveaux points de vente dans d‘autres magasins (supermarchés, libre-services, tabacs…) .En 2020, malgré les efforts notables de France Messagerie (NMPP et MLP) et de toute une profession de marchands de journaux mobilisés, près de 1000 points de vente presse ont fermé, et on ne comptait plus que 21 000 distributeurs de presse au total.
Tout cela finit par peser sur les comptes d’exploitation des éditeurs de presse, confrontés également à la hausse vertigineuse du coût du papier (plus 60% en 6 mois) et à la concurrence du numérique. Un groupe indépendant comme Entreprendre Lafont presse (coté sur Euronext Paris) qui réalise plus de 80 % de son chiffre d‘affaires en points de vente, continue de miser sur la presse magazine avec son investissement sur VSD ou avec le lancement récent de Biographie magazine, OVNIS magazine ou de Handball magazine.
À Paris, ce n’est guère mieux, dans de nombreux quartiers, Opéra, Porte d’Auteuil … : les nouveaux kiosques (600 Mediakiosk) n’ouvrent pas avant 9 heures du matin. Le groupe JCDecaux repreneur de ces kiosques est pourtant un groupe performant sur le plan du service, et il pourrait se pencher prochainement sur le sujet de l’amplitude des horaires d’ouvertures. Tout cela pour dire, et c’est probablement vrai dans de nombreux autres secteurs d’activité ; la vérité, le dynamisme, la relance commerciale se fait ou ne se fait pas sur le terrain.
Avant d’incriminer la conjoncture, l’inflation ou les politiques, beaucoup de professionnels gagneraient à s’investir sur le plan concret de la logistique ou du service commercial. Le client est roi, encore faut-il le lui prouver et à chaque instant.
Robert Lafont