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Denis Payre : « J’ai subi une véritable censure ! »

(©Wikimédia – Christophe Lebedinsky)

Par Denis Payre, entrepreneur et co-fondateur de Nous Citoyens

Tribune. J’ai annoncé le 30 Août ma décision de participer à la primaire des Républicains en constatant qu’un programme de réforme ambitieux du pays ne serait porté par aucun candidat déclaré. A travers Nous Citoyen que j’avais co-fondé en 2013, nous avions fait partie de ceux qui avaient convaincu François Fillon de porter un programme de ce type. Il y avait un triste retour en arrière alors qu’aucune réforme structurelle n’a été mené par Emmanuel macron pendant son mandat. Il devait supprimer 120.000 postes de fonctionnaires, contre un objectif de 500.000 pour François Fillon, et il en a ajouté 120.000. Le parti ouvrait la voie aux populistes en ne répondant pas aux attentes de ses militants et adhérents et se condamnait à la marginalisation.

Pourtant, la situation est plus grave encore qu’en 2017. Nous assistons en effet à l’effondrement de notre système de gouvernement avec l’Etat le mieux doté au monde, tellement dispersé et laxiste qu’il est désormais incapable d’accomplir les missions régaliennes les plus élémentaires. Malgré la qualité de nos fonctionnaires, des services publics aussi essentiels que l’éducation sont en déshérences, parmi les derniers des classements internationaux et parmi les plus inégalitaires. Le pouvoir d’achat est assommé par le poids des prélèvements. Le gouvernement est obligé de verser en catastrophe 100 Euro à 38 millions de français pour éviter une explosion sociale. La France est le pays le plus désindustrialisé d’Europe malgré une immense tradition industrielle. Nous perdons notre souveraineté alimentaire malgré les terres agricoles les plus importantes d’Europe. Nous risquons de nous heurter à tout moment au mur de la dette. Je pense que notre pays ne pourra pas repousser encore 5 ans les réformes de structure nécessaires.

Je préconise de refonder notre Etat pour nos enfants et pour les plus modestes, les plus impactés par les faiblesses de notre système de gouvernement actuel. Après un travail réalisé avec les meilleurs think tanks français et afin de redevenir un pays normal, je recommande une baisse des prélèvements de 80 milliards d’Euro. Je le pense possible grâce en particulier à une lutte contre les gaspillages considérables de la fraude sociale et aux sureffectifs administratifs centraux. Je propose une baisse du nombre de postes de fonctionnaires de 620.000 grâce à 1,2 millions suppression de postes de fonctionnaires naturelles sur 5 ans dues aux départs à la retraite et à l’attrition naturelle de l’effectif. Je préconise une augmentation des salaires des fonctionnaires en première ligne, en particulier les enseignants, avec des primes au résultat. Je souhaite retrouver un Etat fort avec un retour de l’autorité en le concentrant sur ses missions régaliennes pour retrouver l’excellence de ces missions. Je recommande un beaucoup plus grand recours au secteur privé avec des marges contrôlées pour de nombreuses missions opérationnelles non régaliennes. Ce programme est donc très proche de celui porté par François Fillon qui avait été plébiscité à la primaire de 2016 avec 66% des suffrages des adhérents et sympathisants du parti et avait réuni près de 20% des suffrages à l’élection Présidentielle de 2017 malgré les affaires. Aucun autre candidat ne porte un programme de ce niveau cette année.

Suite à mon annonce du 30 Août, la Direction des Républicains n’a pas retenu ma candidature en prétextant que je n’étais pas adhérent du parti alors que je l’étais depuis le 27 Août. De plus, ce n’était pas un critère puisque la candidature de Valérie Pécresse et celle de Xavier Bertrand étaient considérées comme valables alors qu’ils n’étaient plus adhérents. Ma candidature n’a été officialisée que le 13 Octobre et retenue par la presse que le 19 Octobre.

Je n’ai donc pas pu faire campagne pendant plus de six semaines sur huit semaines au total avant la date de clôture des parrainages, soit 75% du temps. La presse refusait de parler de mes idées car ma candidature n’était pas retenue par les Républicains. Cette absence de visibilité et la non- reconnaissance par le parti de ma candidature m’a aussi empêché de collecter des parrainages. Les élus refusaient aussi de parrainer un candidat non accepté. L’absence d’accès à la presse limitait fortement la capacité à simplement faire connaître ma candidature aux élus. 

J’ai accepté de participer au Congrès sur la base cette fois-ci d’un strict traitement équitable. Or cela n’a toujours pas été le cas. Alors qu’un strict devoir de réserve s’imposait avec une neutralité absolue de la Direction du parti, surtout suite à la discrimination que j’avais subi, j’ai été confronté à un véritable tir de barrage médiatique de la Direction du parti. Ceux qui étaient généralement identifiés comme « des cadres LR », ont multiplié les déclarations dérogatoires dans la presse sur le thème : « Il n’a strictement aucune chance d’avoir ses parrainages ». Le message était clair : « ne perdez pas de temps avec lui ».

Nombre de journalistes nous on dit ne pas vouloir m’inviter en référence aux déclarations de la direction des Républicains sur mes parrainages. Des élus ont aussi renoncé à ma parrainer dans ces conditions. Ces commentaires dérogatoires ont été repris in extenso dans des médias comme Europe 1, France Info ou encore Le Parisien. Il ne me restait que deux semaines pour mobiliser la presse et les élus et la Direction des Républicains a tout fait pour que cette mobilisation soit la plus difficile possible. Je suis reconnaissant néanmoins à Philippe Juvin de m’avoir accordé son parrainage. Je suis reconnaissant à Valérie Pécresse d’avoir plaidé pour mon passage en premier sur TF1 où tous les candidats peuvent passer. Cependant, ce passage sur TF1 pendant seulement 3 minutes le 23 Octobre, à quelques jours de la date limite d’obtention des parrainages, n’est pas en mesure de contrebalancer six semaines de blocage complet d’accès aux médias et deux semaines de dénigrement dans les médias. 

Je me suis porté candidat pour faire un travail bienveillant de pédagogie pour aider à faire passer des idées de réformes ambitieuse dans l’opinion et aider les Républicains à avoir un programme de réforme gagnant pour 2022 dans la ligne de celui de François Fillon. Et alors que 66% des adhérents et sympathisants avaient plébiscité ce discours de liberté économique, la direction des Républicains a décidé de rendre impossible un débat d’idée qui aurait pu mieux armer le parti pour affronter la Présidentielle. La sensibilité libérale dominante en 2016 ne sera donc pas représentée lors de ce Congrès. J’ai subi une véritable censure en ayant recours aux méthodes les plus caricaturales : le rejet infondé de ma candidature pendant six semaines et une fois ma candidature acceptée, son dénigrement systématique auprès des journalistes pour tenter de limiter mon accès à la presse. Les principes démocratiques les plus élémentaires pourtant réaffirmés avec force dans l’article 4 des statuts du parti ont été bafoués.

La direction du parti a préféré tenter de museler un allié capable d’aider le parti à être plus fort pour défendre ses idéaux, dans le but de tenter de protéger les carrières de quelques-uns. Un mélange de rejet presque pavlovien de la société civile et une peur de son énergie et de son expertise ont conduit à cette situation. Le message passé à la société civile est on ne peut plus clair : non seulement nous n’avons pas besoin de vous, mais vous êtes une nuisance que nous cherchons à éliminer. Nous préférons l’entre-soi. Et la Direction des Républicains choisit de faire cela au moment d’une crise sans précédent entre la société civile et la classe politique avec un taux d’abstention de 67% aux dernières élections régionales. Le message potentiel aux plus de 5 Millions d’entrepreneurs, dirigeants de TPE, PME, ETI, grands groupes, start-upers, artisans, commerçants, indépendants, professions libérales, est très clair : nous ne nous intéressons pas à vous, nous n’avons pas besoin de votre expertise pour redresser un pays pourtant en faillite du fait de sa mauvaise gestion, votre domaine d’expertise. Vous n’êtes bon qu’à travailler très dur et à payer les impôts et charges colossales nécessaires pour financer nos multiples gaspillages et notre laxisme sur tous les sujets. La taxation sans représentation est historiquement l’un des ferments les plus sûr de révolution. La Direction des Républicains devra assumer les conséquences de ses actes. Les entrepreneurs, tous leaders d’opinions puissants, ne manqueront pas de faire savoir autour d’eux comment Les Républicains les traitent lors des prochaines échéances si rien de change.

Cette situation est aussi très surprenante dans le contexte de l’assaut puissant et historique d’Eric Zemmour sur le parti et en particulier sur l’électorat de François Fillon auquel je m’adresse. J’ai la chance d’avoir un profil en rupture issu de la société civile comme lui et un discours en rupture comme lui aussi sur l’économie mais en beaucoup plus crédible. J’étais en mesure d’aider à l’affronter avec efficacité. C’est d’ailleurs la conclusion des militants du parti que j’ai rencontré ces derniers jours à Lyon, Chartres, Paris, Cannes ou Hyères. C’était en particulier l’opinion des jeunes militants qui se retrouvent souvent dans ma démarche pour les enfants de France, pour tenter de ne pas leur laisser un pays déclassé. Mais là encore, devant cette menace quasi existentielle, on a préféré le rejet estimant n’avoir besoin d’aucune aide. 

Denis Payre

Denis Payre, né le 17 janvier 1963 à Lyon, est un entrepreneur et homme politique français. Fondateur des sociétés Business Objects et Kiala, il s’engage dans la vie associative en créant Croissance Plus et finance des startups. En 2013, il fonde le parti politique Nous Citoyens, dont il prend la présidence.


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