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Comme en Belgique, exonérons les droits de succession

"Les droits de succession industrielle nous coûtent une fortune et ils émasculent nos réussites entrepreneuriales." Patrick Gruman est formel. Ce financier de haut vol, ESCP de 68 ans, aujourd'hui associé à Rémy Thannberger dans la banque d'affaires Thannberger-Gruman, fait l'aller-retour entre Paris et Bruxelles pour faire la cour aux grands financiers outre-Quiévrain.

En 2022, Bruno Le Maire, Ministre de l'Economie, envisageait de doubler le montant du plafond d’exonération des droits de succession. Aurelien Morissard/ABACAPRESS.COM

En Wallonie, les droits de succession sont abolis à condition que l’entreprise perdure cinq ans après la transmission aux héritiers. Nombre d’entrepreneurs, et pas seulement les grands brasseurs, bâtissent des fortunes grâce à l’absence totale de droits de succession. Au plan de la fiscalité des capitaux, la Belgique est vraiment devenue « le plat pays ». Il n’y a pas non plus d’imposition sur les plus-values de cession !

Au moment où nos compatriotes découvrent à la faveur de l’affaire Delon que, selon que l’héritage (300 M€) soit transmis en Suisse ou en France, l’écart passe de zéro à 45 %, plus de 105 millions d’euros. On comprend que cela agite le cerveau déjà embrumé de la jeune Anouchka Delon, héritière désignée de 50 % du pactole. En Belgique, on trouve désormais nombre de nos capitaines d’industrie désireux de se protéger, et non des moindres, de Gérard Mulliez, le patron d’Auchan, ou même Bernard Arnault pour une partie de son patrimoine. On se souvient aussi du fils du vendeur de clous, le milliardaire Albert Frère.

L’exil de nos plus grandes dynasties industrielles et financières

En Italie, l’une des principales mesures prises au pouvoir par Silvio Berlusconi fut précisément d’exonérer la transmission des biens industriels. Chez nous, la loi Dutreil a fait du bien, mais elle ne concerne que l’héritier exploitant. Au plan politique, seul Éric Zemmour semble avoir saisi l’importance du sujet. C’est pourtant essentiel, puisqu’ayant trait à la dévitalisation de notre capitalisme familial. Observez l’industriel français Bernard Serin, par ailleurs patron du FC Metz. En 2002, il reprend John Cockerill (CMI) en Belgique, et aujourd’hui il met la main sur le numéro deux français (derrière Nexter) des véhicules blindés, Arquus (540 M€ de CA, 1200 salariés, ex Renault Truck Défense). Jusqu’à quand allons-nous continuer à pousser à l’exil nos plus grandes dynasties industrielles et financières parce que nos politiques sont incapables d’expliquer à l’opinion que leur intérêt est que les riches restent en France.


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