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Xavier Niel retire-t-il Free de la cote pour pouvoir encore mieux revenir ?

Xavier Niel CEO of Iliad and founder of Free Telecom and Ecole 42 (informatics school) in Paris, France on February 25th 2016


À 53 ans, le fondateur d‘Iliad, reste malgré ses allures de soixante-huitard assagi tout sauf un chien fou. Quand il prend une décision, elle est mûrement préparée.

En annonçant en plein été son retrait de Free (3,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires de la bourse de Paris avec une offre publique d’achat pour racheter 30% du capital non détenu, le trublion français des télécoms ne fait que suivre en cela le mouvement déjà amorcé un peu avant par son challenger Patrick Drahi avec le retrait de la cote de SFR.

L’an dernier, le ténébreux tycoon d‘Altice avait également retiré Altice Europe de la cotation sur la bourse d’Amsterdam jugeant sans doute que les marchés financiers, actuels de par leur volatilité n’étaient plus à même d’apprécier les stratégies à long terme des opérateurs télécoms. En proie à de nombreux investissements notamment pour consolider le passage à la 5G sans parler de la fibre optique, ceux ont désormais besoin de temps long et d‘un minimum de stabilité financière, stabilité que n‘offrent plus aujourd‘hui les bourses mondiales.

Depuis janvier dernier, l’action Iliad qui avait perdu plus de 30 % de sa valeur sans que les marchés ne valorisent suffisamment bien les excellents taux de croissance enregistrés en France par le groupe ( près de 5% ), voire les nouvelles implantations en Pologne avec le rachat pour 2 milliards d’euros de l’opérateur local Play, ou la montée en puissance sur le marché italien.


Ce n‘est donc pas un camouflet pour Euronext-Paris qui attend avec impatience l’introduction prochaine à la bourse du succès story made in Roubaix, devenu roi du Cloud et du Big Data européen, celui du fantastique groupe OVHcloud fondé par Octave Klaba, histoire de bien montrer que le sens de l’histoire se fait bien sur les marchés financiers comme l’ont compris Believe, Spartoo, Hydrogène de France ou Ama, malgré les annonces de plusieurs retraits de la côte ces derniers temps. En juillet dernier, le groupe bancaire BPCE a sorti Natixis de la bourse de Paris, tout en autorisant une délocalisation partielle de certains de ses services au Portugal sans que cela n’émeuve Bercy le moins du monde !


Xavier Niel de son côté a montré qu’il savait parfaitement joué avec les leviers financiers boursiers. On le voit par exemple comme il le fait avec maestria pour Unibail- Rodamco- Westfield, le promoteur de centres commerciaux coté sur Euronext et qui effectue depuis que Niel en est devenu l’acteur de référence ( 16 % des actions ), un sérieux retournement boursier.
Certes au plan de ses activités médias, certains observateurs n’ont pas bien saisi comment Niel avait pu préférer créer une fondation pour loger le quotidien Le Monde alors que le grand quotidien du soir qu’il détient désormais à 40 % ( via son Fonds pour l’indépendance de la presse ) aux côtés des 40% du Nouveau monde ( détenu à 49 % par le magnat tchèque Daniel Kretinsky et à 51% par le banquier Matthieu Pigasse ) et à 20 % par le groupe de presse espagnol Prisa ( dans lequel Vivendi a pris 10 %).

Car le groupe Le Monde aurait pu constituer une tête de pont idéale pour devenir un pôle de regroupement des grands quotidiens comme Nice- Matin, Paris -Turf voire France- Antilles dans lesquels le créateur de Station F a déjà investi. Un rôle dévolu au groupe belge Rossel ou au groupe EBRA dirigé par philippe Carli, voire à La Dépêche de la famille Baylet ?
Une fois Free remis en ordre de marche, rien n’interdira à notre prince des télécoms de revenir le faire côter sur Euronext-Paris. D’autant que sa conquête de l’Italie se passe parfaitement bien. Trois ans après son arrivée dans la péninsule, Iliad annonce ses premiers bénéfices avec 6 millions d’euros au premier trimestre et un plan de marche commerciale parfaitement réussi avec déjà pas moins de 8 millions de transalpins clients soit plus de 10 % du marché.


On peut aussi imaginer que le père de sa compagne Delphine, un certain Bernard Arnault ne soit pas le dernier à fournir en bons conseils ce diable de Xavier Niel qui a su toujours bien suivre les recommandations avisées .On a vu comment il a manœuvré avec le banquier Matthieu Pigasse pour reprendre Le Monde ou plus récemment pour Mediawan dans l’audiovisuel, voire avec Moez- Alexandre Zouari pour lever un SPAC de 300 millions d’euros à destination de l’alimentation Bio. En l’occurrence avec le president de LVMH, il pourra suivre sans crainte les petits conseils de celui qui est aujourd’hui à la tête de la première capitalisation boursière d’Europe ( 271 milliards d’euros ). Difficile d’être moins bien guidé !

Robert LAFONT


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