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Une déchirure qui marque la fin du modèle français ?

Photo Gao Jing/Xinhua/ ABACAPRESS.COM

Un spectacle inimaginable : sans doute la fin des illusions pour beaucoup. Voir et constater, au cours de ces émeutes de juillet 2023, que certains jeunes de France, la plupart mineurs et issus d’une immigration récente, ceux-là même sur lesquels s’est mobilisé tout notre modèle d’intégration, soient justement ceux qui portent le fer dans une société française ébahie et chancelante. En face, des forces de l’ordre étonnamment patientes, avec des consignes strictes de ne pas répliquer, ont pour l’instant réussi à éviter le pire.

Il n’empêche que cette grande « fiesta » du pillage et de la destruction gratuite, expression d’un nihilisme sans borne, restera profondément ancrée dans nos esprits et nos cœurs. Même si beaucoup d’entre eux sont des mineurs, il n’empêche : la déchirure est profonde. L’absence totale de maîtrise et surtout de valeurs de la part de cette frange minoritaire d’une certaine jeunesse ivre de pouvoir et de revanche, censée qui plus est incarner aussi l’avenir du pays, est celle qui met à mal la construction possible de la nation. Comment en sommes-nous arrivés là ? Les émeutes de 2005 auraient dû nous alerter. Les nouveaux sauvageons, parfois criminels, sont leurs fils. Abreuvés de réseaux sociaux et de jeux vidéos ultra-violents, la violence semble faire partie de leur environnement quotidien. Sans même parler des règlements de comptes liés aux trafics de drogues ou aux stigmates liés aux attentats terroristes islamistes. Jordan Bardella n’a malheureusement pas tort quand il ajoute que : « Les lieux où nous avons donné le plus d’argent public sont les lieux les plus criminogènes de France. » (sic)

N’oublions pas non plus les coups assénés depuis plusieurs décennies par des discours permanents anti-France, misérabilistes, démagogiques, ou d’extrême gauche à commencer par ceux de Jean-Luc Mélenchon ou de Sandrine Rousseau n’hésitant pas à justifier l’injustifiable en déclarant notamment : « Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté. » (sic)

Tout cela finit par infuser dans l’esprit de jeunes désœuvrés, embrigadés, déracinés sans interdit ni impunité. Qui leur parle ? Et qui dans la nation d’aujourd’hui vante et met en exergue nos atouts et nos chances de vivre dans un si beau pays ? Notre système éducatif, nos médias ? Personne… Rappelons-nous : en 1987, le groupe « Carte de Séjour » chantait en rap la célèbre chanson de Charles Trenet « Douce France ». Ce ne serait plus possible aujourd’hui. Quant à Bernard Tapie, l’un des rares à avoir pu faire vibrer ou se projeter les jeunes de cité, il est mort et enterré. Le rap qu’ils écoutent en boucle ne leur parle désormais que de haine de la France et de police qui tue. Un non-sens : difficile dans ces conditions de garder l’équilibre. D’autant qu’en plus, les grands frères s’occupent de trafic de drogue quand ce n’est pas de prosélytisme islamiste. Rien à voir avec la religion musulmane qui a vu de nombreuses générations s’intégrer sans problème dans l’hexagone.

Depuis Charles Pasqua et Philippe Séguin, qui leur vante le grand pays émancipateur qu’a toujours été la France ? Notre classe politique et médiatique, prise dans une culpabilisation de bon aloi, s’est réfugiée dans une dénonciation de tous les instants du pays, véritable aveu d’auto-culpabilisation, qui ne peut qu’attiser les plaies. Pour tout problème, on a toujours l’impression que c’est toujours la faute de la France. Un discours autodestructeur qui a fini par infuser notamment auprès des plus fragiles et finit par faire des ravages auprès de jeunes mal éduqués (familles mono-parentales), peu encadrés, souvent sans autorité ni modèle, et en proie aux tentations les plus délétères à commencer par le trafic de drogues (plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel). Un terrain propice pour la rébellion et la sauvagerie urbaine, d’autant plus qu’en face, justice et polices font preuve d’une mansuétude excessive.

Cette déchirure au sein de la communauté nationale, forme de cessation culturelle, marque aussi le profond échec d’une politique sociale menée sans discontinuer ces 40 dernières années : celle de la distribution tout azimuts, de l’assistance à tous crins et de la mansuétude généralisée face à l’indiscipline et aux actes dits d’incivilité. L’absence d’autorité est la rançon que nous payons collectivement aujourd’hui. Même si cela ne justifie en aucun cas les actes des émeutiers d’aujourd’hui qui ne semblent avoir que la haine en bandoulière. Le coup porté est délétère. Gageons qu’il porte un coup terrible à la conscience de tous les Français, une grande majorité, y compris chez ces millions de citoyens français d’origine immigrée qui sont parfaitement intégrés et heureux. Pour eux aussi, le coup porté est rude. Car, au-delà de l’amalgame, il vise au cœur : celui de l’entente cordiale entre citoyens d’une même communauté nationale et au-delà des origines, des classes ou des religions. Celle d’une France « Black Blanc Beur » tant célébrée en 1998 à la suite de la première victoire en coupe du monde des Bleus de Zidane, Deschamps et des siens. Dix ans après, le fait que Mbappé, Griezmann et leurs potes ne puissent pas défiler complètement sur l’avenue des Champs-Élysées aurait dû nous alerter. Nous n’y avons prêté guère attention. Certains que nous étions que les valeurs républicaines et un surcroît de laïcité allaient suffire à tout résoudre.

La vérité est que nous avons préféré ne pas y regarder de trop près. De crainte, sans doute, d’y voir trop clair. En l’occurrence, l’essor d’une immigration devenue incontrôlée qui n’a fait qu’empirer les problèmes. Notre capacité d’intégration s’est de fait réduite d’autant.

Désormais, c’est l’inverse qu’il faut faire : arrêter l’angélisme, contrôler les flux migratoires, renvoyer les délinquants étrangers, ne plus systématiser les aides sociales, les conditionner au comportement, convoquer les parents, imposer un minimum de civisme et de patriotisme, faire chanter « la Marseillaise » dans toutes les classes, imposer plus de discipline et de responsabilités et surtout inculquer les valeurs de la France à ces jeunes sans foi ni loi. Notre pays est un pays d’exception, et de civilisation unique au monde. Personne ne leur dit alors qu’ils n’en ont jamais eu autant besoin. Tant ils se sont comportés comme des voyous ou des criminels lors de ces émeutes à la suite de la mort de Nahel, qui est tout sauf un « ange ».

Les Français dans leur ensemble n’en reviennent pas et ne le supporteront plus longtemps. Dans leur for intérieur, de telles émeutes les atteignent au plus profond d’eux-mêmes. Oui, ils ont mal à leur France. Pour beaucoup, c’est un peu une double peine. Car avoir été durant des années aussi accueillants et généreux et se voir ainsi remis en cause par une génération d’écervelés, même largement minoritaire, reste une terrible épreuve morale et affective. Le sentiment national en prend un coup! Beaucoup de nos compatriotes issus de l’immigration condamnent fortement ces exactions et ne comprennent pas comment les parents peuvent laisser leurs enfants mineurs se comporter de la sorte.

Face à cette grave crise, ce n’est plus une question d’argent mais bien des valeurs d’autorité, de discipline et de patriotisme qu’il faut restaurer au plus vite. Pour demeurer un grand pays, la France doit se mériter et ne plus être qu’un simple guichet social et humanitaire. « La France, tu l’aimes ou tu la quittes » disait le slogan dans les années 2000. Un slogan à réhabiliter d’urgence.

Nos poilus de 14-18 doivent se retourner dans leur tombe et les résistants de 1940 aussi : tout cela pour ça ? Ne tombons pas dans la tentation de l’inaction. Si ce n’est pas Macron, ce sera à d’autres d’opérer la reconquête.

Robert Lafont


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3 commentaires sur « Une déchirure qui marque la fin du modèle français ? »

  1. L’article commencé bien mais vous m’avez perdu à jeux vidéo. Bravo sûrement un boomerang qui a rédigé ce torchon.

    Répondre
  2. Magnifique texte empli de lucidité qui résume à coup sûr la pensée, l’état d’esprit, le ressenti de nombreux français et françaises. Ce texte démontre s’il en était besoin qu’il y a un lien absolument indéniable entre la dérive violente que connait notre pays et l’immigration, et il n’y a nul racisme à dénoncer ce lien. J’ajouterai qu’un islamisme trop prégnant gangrène l’intégration. Sans être alarmiste, les évènements récents mettent à nouveau à jour une situation qui semble sans issue, hormis celle d’une possible guerre civile que nos dirigeants semblent incapables d’endiguer. C’est inquiétant.

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