Je m'abonne

Le film Napoléon est-il un nouveau Trafalgar ?

N'est pas Abel Gance qui veut !

Entreprendre - Le film Napoléon est-il un nouveau Trafalgar ?

Le pouvoir, c’est l’image ! Les scènes de cinéma valent parfois plus que tous les livres d’histoire. Ce n’est pas un hasard si, après la deuxième guerre mondiale, les États-Unis ont imposé à Léon Blum, venu négocier pour la France, de nouvelles lignes de crédits à Washington, un quota minimum pour la diffusion des films d’Hollywood à distribuer en France (accords Blum-Byrnes du 28/5/1946).

Napoléon, le film de Ridley Scott, est superbe, le réalisateur a réussi son coup. Et il va encore renforcer le mythe de l’empereur dans le monde entier. Même si les approximations historiques font désordre et ont déjà ému de nombreux historiens, à commencer par Patrice Gueniffey ou Thierry Lentz. Le nombre de morts imputé à l’Empereur est largement exagéré. Louis XVIII n’a pas assisté au Congrès de Vienne, laissant à la manœuvre l’excellent Charles-Maurice de Talleyrand, croqué dans le film sous des traits lourdaux. Rien non plus sur Fouché, l’intraitable ministre de l’intérieur.

Difficile de traiter une épopée aussi riche que celle de la vie de Napoléon Bonaparte sur un seul film. N’est pas Abel Gance qui veut ! Les images font impression. Napoléon est bien joué par Joaquin Phoenix, même s’il paraît un peu vieux. Mais que dire de Joséphine de Beauharnais, traitée en prostituée de haut-vol. Les bonnes manières de l’aristocratie française ont visiblement échappé aux subtilités du réalisateur britannique. Celui-ci prend visiblement un malin plaisir à faire passer le peuple français pour un peuple de sauvages, bons à rien, sauf à couper la tête de leurs rois. Le film commence comme cela avec la guillotine et Marie-Antoinette. N’oublions pas qu’en la matière, c’est l’Angleterre qui a ouvert le bal en décapitant Charles d’Angleterre en 1649.

Le réalisateur de Gladiator passe complètement sous silence l’immensité du travail de remise en ordre de l’État mis en œuvre sous le second empire. Ce n’est pas très télévisuel. Mais Napoléon n’était pas seulement un formidable stratège militaire. En plus, il demeure comme un fond de malaise à force de vouloir trop prouver, tout au long du film, qu’il était aveuglé, voire manipulé par Joséphine.

Dommage encore une fois que notre cinéma, avec toutes les aides publiques dont il est l’objet, ne soit pas capable de produire de son côté des films plus subtils à la hauteur de notre histoire de France, histoire dont le monde est si épris. Les grands personnages ne manquent pas : de François Ier à Mazarin, de Louis XIV à Napoléon III, de Henri IV à Talleyrand, ou de De Gaulle à Richelieu.

Rappelons que le budget du CNC (Centre National du Cinéma), administré par le ministère de la Culture, dépasse les 700 millions d’euros annuels, et qu’un tiers des films produits n’atteint pas les 20 000 spectateurs. Ce qui vient de valoir un rappel cinglant de la Cour des Comptes.

Robert Lafont


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne