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La démocratie française à l’agonie : les sources du chaos

Il s’agit d’un comportement curieux que ce besoin de toujours se référer à une époque du passé pour affirmer que l’on vivait mieux avant, que « c’était mieux avant » ! C’est peut-être un tic dû à l’âge, une manie ou un sentiment infondé, mais les babyboomers et leurs enfants regrettent avec sincérité le temps béni de leur jeunesse.

Entreprendre - La démocratie française à l’agonie : les sources du chaos

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Parte 1 : La France, une démocratie à l’agonie
Partie 2 : Des constats qui font craindre le pire
Partie 3 : Les manipulations de l’opinion
Partie 4 : Les sources du chaos
Partie 5 : Des conséquences qui semblent clairement inéluctables !

A suivre :
Partie 6 : Les solutions à mettre en oeuvre si l’on retrouve un peu de courage !

Les natifs des années 50 qui sont aujourd’hui les retraités les plus privilégiés du siècle et qui ont désormais dépassé les 70 ans, sont des nostalgiques qui s’assument.

Il en est de même pour les enfants des années suivantes qui dépassent maintenant pour certains les 60 ans et atteignent les rivages de la retraite, des années vaguement bouleversées par la déforme de 2023, si mal expliquée et si mal votée. Mais c’est un fait constaté, ces deux générations que l’on pourrait qualifier de générations d’après la seconde guerre mondiale et des Trente Glorieuses, estiment que l’on vivait vraiment mieux autrefois. Sans doute parce qu’on avait de l’espoir dans l’avenir !

Depuis le début du XXIe siècle, tout le monde s’accorde à dire que cela va de mal en pis. Comme je l’ai évoqué dans les premiers actes de cette chronique sur l’agonie annoncée de la démocratie, l’ambiance générale de la société, que les anciennes générations jugeaient fraternelle, enthousiasmante, créatrice, pacifique, et sereine est devenue morose, individualiste, consumériste donc nécessairement frustrée, et au final défaitiste. Certes le monde, dans son entièreté, a beaucoup évolué et est devenu terne. Certains diraient même qu’il est devenu inquiétant et morbide. Les citoyens qui réfléchissent un tant soit peu, en font le constat. Que ce soit au sein de notre pays des droits de l’Homme et héritier de la philosophie des Lumières, mais aussi, plus largement, dans toutes les parties du monde dit « démocratique », la violence est de plus en plus présente et semble conduire à des conséquences inéluctables dramatiques pour la paix mondiale.

Et si « l’atmosphère » franco-française semble de plus en plus irrespirable, le contexte mondial ne fait que renforcer chez nos compatriotes ce sentiment de faillite générale annoncée des systèmes économiques et politiques. Le moral des Français, qui était déjà vacillant, notamment depuis la crise des Gilets Jaunes et la pandémie du Covid 19, est désormais largement ébranlé par la guerre qui n’en finit pas en Ukraine (et donc à nos frontières de l’Est), et il vient de se fissurer encore plus profondément par le tremblement de terre que représentent les assassinats terroristes et les atrocités barbares commises par des djihadistes en Israël.

Il ne s’agit pas ici de prendre parti de façon hypocrite, tant sur la question de l’Ukraine que sur celle de la Palestine. On sait qui sont les agresseurs, mais on sait aussi de quelle façon les horreurs sont justifiées par ceux qui tordent les faits à leur avantage. Non ! Le constat à faire est celui du désastre de l’incompréhension humaine globale et de son incapacité à régler les différends dans la paix et le dialogue. Voilà presqu’un siècle que l’on se « gargarise » de grands sentiments et de grands principes humanistes, en croyant avoir dépassé l’état vulgaire de l’homme des cavernes, mais rien n’y fait. On en revient toujours aux plus bas instincts de cet « animal » humain qui n’est toujours qu’un loup pour l’homme.

Des tentatives avaient été menées dans cet esprit pacifiste, dès la fin de la 1ère guerre mondiale, avec la création dans le cadre du traité de Versailles de 1919 de la Société des Nations (SDN). Cette organisation internationale, finalement dissoute en 1946, avait pour objectif de préserver la paix en Europe, de promouvoir le désarmement, la prévention des guerres en développant le principe de sécurité collective, la résolution des conflits, avant même qu’ils n’éclatent, par la négociation, et l’amélioration globale de la qualité de vie. L’approche diplomatique qui présidait à la création de la SDN représentait un changement fondamental des mentalités puisqu’elle souhaitait remplacer la diplomatie secrète par la négociation collective. En l’absence de moyens coercitifs, par exemple de forces armées, après des succès et des échecs, l’organisation aura été cependant incapable de prévenir les agressions des pays de l’Axe (Allemagne, Italie et Japon) dans les années 1930, et sera donc remplacée par l’Organisation des Nations unies, dont on constate aujourd’hui les progrès par rapport à la SDN, mais aussi les limites et les échecs comme on peut le constater en Afrique, en Ukraine ou au Proche-Orient.

Un monde difficile

Les temps sont effectivement durs, même si, en apparence, les progrès technologiques ont énormément contribué à rendre l’existence des citoyens, Français et autres, des années 2020 plus confortable que celle des années 50. La liste est trop longue de l’inventaire « à la Prévert » que l’on pourrait rédiger en la matière, notamment du fait des évolutions liées à « l’invention » de l’informatique et des « nouvelles technologies de l’information et de la communication » (NTIC) ! Le simple exemple du téléphone portable, à la fois ordinateur, appareil photo, caméra, téléviseur, encyclopédie portable et… oui, téléphone, ébahirait et même « déboussolerait » nos grands-parents !

Nos concitoyens disposent donc de « smartphones » qui leur donnent un accès illimité au monde vertigineux des banques de données et des réseaux sociaux. Ils en déduisent qu’ils disposent d’un exceptionnel confort de vie et qu’ils sont comblés et riches de toutes ces potentialités. Ils en arrivent même à croire en la réalité de leur bonheur. Indépendant, il en devient individualiste, citoyen responsable, il est devenu un agent économique irresponsable et manipulable. Le voisin, le collègue ou l’ami empathique et ouvert aux autres, est devenu un égoïste replié sur lui-même. Le sentiment d’insécurité, lié pour partie à la pandémie du COVID et à la succession de ses variants comme autant d’annonces de confinements sans fin, aux manifestations de violence et aux saccages vécus au cœur des villes, a poussé les citoyens qui applaudissaient chaque soir du haut des balcons parisiens les soignants engagés pour contrôler la pandémie, en des individualistes agressifs et exigeants de leurs seuls droits, en des amnésiques de la République qui ont perdu jusqu’à la notion si nécessaire de leurs devoirs.

On peut désormais régner sur sa petite famille, contrôler les limites de son territoire personnel et de son domicile. On peut se passer de tout ce qui n’est pas relié directement à son autosatisfaction, se passer des autres, cesser d’aller au cinéma, au concert, voire au théâtre ou à l’opéra, cesser de se retrouver dans un restaurant avec des amis, etc. Mais on ne peut plus se passer (mais à quel prix, psychologique et financier ?) d’un toit protecteur et correctement chauffé, d’un véhicule personnel, prolongement psychanalytique de son moi profond, ou d’un garde-manger pour y entasser des réserves alimentaires destinées à subvenir jusqu’à la nuit des temps aux besoins de sa famille.

Le citoyen devient égoïste, essentiellement parce qu’il a été formaté pour cela, par des décennies de manipulation économique mentale. L’homme citoyen a été transformé en simple consommateur exigeant et indifférent aux autres et, surtout, de plus en plus dépendant et pauvre. De nombreux exemples, en effet, prouvent la réalité d’un réel appauvrissement de la population. Je ne dis pas « du peuple » car cette situation concerne désormais les classes moyennes, celles qui se considéraient comme sorties des soucis de l’existence. Mais en cherchant à analyser les choses plus clairement, on en arrive au constat que la société française, telle qu’elle est devenue, n’est que le résultat d’une politique qui l’a ainsi voulue et transformée. Faire payer, et largement, tous ceux qui ne peuvent pas s’en sortir autrement.

Les conséquences inéluctables de cette lente agonie de la démocratie dans notre pays sont de trois ordres :

  • la découverte de la violence du monde nouveau,
  • la perte de foi dans les idées démocratiques
  • la perte de confiance dans les institutions.

La découverte de la violence du monde nouveau

Dans une période de crise où les citoyens attendent une vie meilleure, l’ensemble des « petits » incidents qui s’accumulent dans leur quotidien, se stratifient pour finir par atteindre un niveau qui est, un jour ou l’autre, jugé insupportable et qui précipitent soudain la survenance des mécontentements populaires. On se rappelle que les premières manifestations des « Gilets Jaunes » ont débuté en réaction à la hausse du prix des carburants et à l’annonce de possibles réformes du régime des retraites, tous sujets pour lesquels la population se sent trahie. Elle se sent même, dans ces cas-là, victime d’une violence grandissante. Elle conçoit alors comme une agression économique, le pouvoir grandissant des lobbies financiers qui viennent l’appauvrir en s’attribuant des profits de plus en plus excessifs, et elle l’enregistre comme la résultante de la violence politique, dans l’absence de défense et de protection qu’elle est en droit d’attendre des pouvoirs publics. Les bases du Contrat Social sont fissurées, ce qui est plutôt logique, dans la mesure où les mondes économiques et politiques sont de facto liés dans une volonté commune et une quête inextinguible de pouvoir.

L’exemple le plus parlant, même s’il est provocateur, est celui l’automobile, la politique du tout « bagnole », cet exemple de recherche de la liberté qui, depuis plus d’un siècle, confine à l’escroquerie programmée ! Il serait trop long de refaire ici en de courtes lignes, l’histoire du « piège » de l’automobile dans lequel les hommes du monde entier ont été enfermés. Symbole de la liberté absolue, étalon d’un progrès technique étourdissant, objet d’adoration, voire de vénération, la voiture dispose de toutes les qualités pour plaire et envoûter, pour se rendre indispensable mais aussi aliénante, pour se faire magique et merveilleuse, mais aussi insidieuse et mortelle !

Les hommes ont pu se ruiner pour les acheter, puis ils se sont rendus compte trop tard qu’un gouffre sans fond s’ouvrait sous leurs pieds, achat, entretien, assurance, contrôles techniques, mais surtout son vice caché, le carburant sans lequel elle ne peut pas avancer ! Les industriels (de l’automobile et des carburants confondus), mais aussi les pouvoirs publics, ont vite compris à quel point ces marchés étaient porteurs de profits illimités, et le sont toujours. Car ce sont des marchés captifs. Quand on possède une automobile, il faut qu’elle roule, il faut des routes, mais aussi des péages, des radars, notamment quand on fait la promotion d’un habitat moderne, de plus en plus distant des grandes agglomérations et des bassins d’emplois.

Et quand les citoyens sont bien englués dans les obligations d’une vie faite de déplacements, on les rend responsables de tous les maux de cette société maléfique et polluante, les moteurs diesel, les émissions de gaz GES, la gestion polluante des épaves, etc. « Ce sont les consommateurs qui ont voulu de tels excès, qu’ils paient » ! La liste pourrait être plus longue, mais le principe est là : on a créé la consommation, et pour ce qui concerne les abus, les excès et la pollution, ce sont les consommateurs qui en paieront la note définitive !

On peut faire le même parallèle avec la course au logement individuel, et les sujets sont liés. Il faut se loger, si possible après avoir acquis un bien immobilier à soi et comme les centres-villes sont de plus en plus chers et que la population augmente, on ne peut faire autrement que de construire et inventer des cités nouvelles de plus en plus éloignées des lieux de travail. Et en dépit du développement et de l’amélioration réelle des transports publics (dont on pourrait aussi faire la critique), on augmente d’autant plus, les pollutions induites par l’obligation de se déplacer de plus en plus loin, rendant ainsi les citoyens tributaires de contraintes budgétaires nouvelles. Le citoyen s’endette donc de son propre chef, en tous cas en apparence, et, notamment depuis 2023, compte tenu de l’inflation et de la hausse des taux bancaires, on le pousse à s’endetter et à polluer encore plus.

Comme quoi le progrès, sous couvert de beaux projets et de grandes idées, peut cacher une détérioration réelle du bien-être populaire. Parallèlement, l’augmentation des besoins en énergie, fossile ou électrique, pour les logements comme pour les déplacements, se traduit par une hausse substantielle des charges fixes des ménages, surtout en période d’inflation, même si celle-ci est fallacieusement justifiée par la guerre en Ukraine comme tentent de nous le faire croire les « pétroliers » !

S’agissant du prix de l’électricité, voilà deux ans que la politique tarifaire française était difficile à suivre. Il faut rappeler, que cette énergie, au début de la Ve République, se vendait selon la théorie de la tarification au coût marginal voulue par le gaullisme social. Après la mise en concurrence des fournisseurs d’électricité voulue par la Communauté Européenne, les abonnés français étaient désavantagés par le fait que leur tarif était aligné sur la moyenne des prix européen, une situation absurde pour un pays pionnier dans le développement du nucléaire civil et en pointe dans la construction des centrales nucléaires.

On apprend ces derniers jours que les « 27 » viennent de trouver un accord sur cette question des tarifs sur laquelle la France se battait. Paris et Berlin étant d’accord, les autres États-membres ont fini par accepter que les prix soient désormais contenus pour les usagers et les industriels, de façon à ce que l’on puisse lutter efficacement et réellement contre la concurrence chinoise et américaine, le but étant d’assurer davantage de prévisibilité aux investisseurs.

La perte de foi dans les idées démocratiques et la recherche de valeurs nouvelles

Cela n’a échappé à personne ! Il suffit d’écouter les propos de « Café du Commerce », qu’on nous sert à tout bout de champs, d’une façon d’ailleurs très semblable à la façon dont s’expriment une majorité de « commentateurs de médias », car je n’ose pas, à leur endroit, employer le qualificatif de « journaliste ». Personne ne croit plus en rien. Si, autrefois, nombreux étaient ceux qui n’avaient foi que dans ce qui se disait à la radio, au « poste », comme ils disaient, il restait heureusement des gens éclairés qui gardaient les idées claires et la tête froide, face aux événements du monde que relataient la presse « papier ». Or aujourd’hui, après avoir perdu, depuis longtemps déjà, confiance dans la parole politique, puis dans la vérité médiatique, la crise du Covid nous a aussi fait perdre confiance dans le seul sanctuaire de la vérité qui nous restait, à savoir celui de la vérité scientifique. Celle-ci a littéralement volé en éclat devant le spectacle affligeant des querelles intestines entre les mandarins qui se sont étripés, à la vue de tous, en nous assénant parfois des affirmations que d’aucun comprenait comme étant fausses, ou qui le devenaient très vite. Et quand on ne croit plus ni les politiques, ni les journalistes, ni les scientifiques, comme espérer que nos enfants croient en leurs professeurs ?

Mais de nos jours, sans tomber dans les excès de ceux précédemment décrits comme ceux qui pensent que c’était « mieux avant ! », il faut tout de même s’inquiéter de voir que l’opinion soit « construite » ou plutôt soit « déconstruite » par ce qui circule sur les réseaux sociaux, un mélange d’informations réelles, de mensonges, d’approximations et d’erreurs, involontaires parfois, volontaires souvent, et de manipulations de toutes sortes. Il n’y a d’ailleurs pas que les jeunes générations, contrairement à ce que tout le monde colporte, qui plongent allègrement dans le piège des fausses nouvelles. Toutes générations confondues, on peut dire que l’usage immodéré et non contrôlé d’internet et des messages qui traversent l’espace de nos vies instantanément, laisse la porte ouverte de nos messageries, mais aussi de notre « petite » intelligence à toutes les influences, les fake-news et les infox. Il est tellement facile de tromper les vigilances. Qui plus est, avec les vidéos et les imitations criantes de vérités créées de toutes pièces par l’intelligence artificielle, le pire est encore à venir.

Ces modes de communication, (outil pervers de cette guerre de la communication) largement utilisés par certains groupes de pression, souvent étrangers, au sein des « usines à Trolls » expliquent en partie la montée inexorable de l’individualisme, forcené pour certains, qui n’ont pas trouvé d’autre moyen de se protéger que de s’isoler des autres. C’est notamment ce qui contribue à la perte d’appartenance au groupe social que représente la Nation. Mais ce sont avec les mêmes moyens et les mêmes perversités que se développent les nouveaux communautarismes. Je n’entends pas ici citer nommément les extrémistes (tout le monde les aura reconnus) qui font du populisme pour les uns, et du chaos pour les autres, la réponse à toutes les questions de société et qui prétendent, sur la base d’un programme politique proche du néant, qu’ils sont en mesure de diriger le pays !

On peut et on doit craindre le pire ! Voilà des gens qui n’ont pas réellement réfléchi aux problématiques publiques, mais qui clament partout qu’ils ont des solutions, ou plutôt qui prétendent qu’ils sont la solution !

En réalité, quand on parle de la montée des extrêmes, on évoque avant tout des personnalités qui s’avancent sur le devant de la scène comme les bateleurs qu’ils sont, mais on devrait aussi parler de ceux qui les écoutent et qui, parfois, iront jusqu’à les « porter aux affaires » par leur vote. Il faut donc aussi réfléchir aux réponses qu’il faudra donner, de citoyen à citoyen, dans le débat public, face à la montée des « idiots » utiles qui ont toutes rétentions, et face aux arguments des pseudo-intellectuels qui finissent, on ne sait pourquoi, on ne fait que supposer, par se voir inviter sur les plateaux de télévision pour débiter des platitudes ou des énormités (c’est selon les jours et les chaînes de TV). Et parce que ce n’était pas toujours mieux avant, il faut reconnaitre que François Mitterrand disait déjà que « la dictature du micro est aussi celle des idiots ».

La perte de confiance des institutions et des dirigeants politiques

Parce que l’État laïc et démocrate est pris de faiblesse, il a perdu ses valeurs ancestrales, son esprit national, jusqu’à son histoire ! Et si on en est arrivé là, c’est que les pouvoirs publics, depuis près de 50 ans, ont laissé faire, et même pire, ont participé au phénomène, en renonçant à toute rigueur.

Pour ceux qui les connaissent de l’intérieur, les choses sont malheureusement claires. Le constat est récurrent. La transformation de l’administration d’État et de celle des collectivités locales en des professions protégeant les intérêts interactifs de « petits barons » a détruit la savante organisation, voulue et affinée par des générations d’hommes d’État, de Napoléon 1er au Général de Gaulle. Quand on le veut, il suffit de le constater, on se rend compte de la constante et grandissante gabegie financière qu’est désormais le budget de l’État, et par déclinaison, le fonctionnement des institutions, élus, administration et gouvernement.

Ce que l’on peut malheureusement en déduire, mais surtout craindre, c’est que l’État ne soit plus désormais au service de la collectivité nationale. Les pouvoirs publics donnent l’image d’un groupement privé qui utiliserait l’argent public pour son seul confort, ses rémunérations et ses signes extérieurs de pouvoir et donc de richesse, plutôt que de le consacrer à l’amélioration de la société et des électeurs qui les ont porté aux responsabilités. C’est en tous cas le sentiment qui prévaut de plus en plus dans les réflexions des citoyens qui se sentent « floués ».

À tort ou à raison, la question se pose. Le pays est beaucoup plus riche qu’il ne l’était à la Libération en 1945. Des efforts importants ont été acceptés et supportés par la population active, la reconstruction économique mais aussi structurelle et juridique du pays a été réussie (au moins durant les Trente Glorieuses). Mais, peu à peu, les dirigeants politiques ont donné l’impression qu’ils pouvaient « vivre sur la bête », qu’ils estimaient que leurs « qualités » étaient insuffisamment reconnues et que leurs conditions de vie tant professionnelle que personnelle méritaient d’être « améliorées ». Les appétits privés ont semblé devenir hors de contrôle, la hausse des primes et des rémunérations publiques (collectivités locales incluses), l’explosion des effectifs, et le train de vie global de l’administration ont semblé n’être plus en adéquation avec ce que permettait le budget national. La preuve en est, désormais l’État est largement endetté (plus de 3.000 Mds € de dettes), ce qui est inacceptable, alors que la pression fiscale, toutes origines confondues, est au maximum de ce que peuvent supporter les particuliers et les entreprises.

On ne parlera pas ici de corruption car c’est un sujet qui répond à des cadres juridiques et judiciaires précis (Loi Sapin II), de l’immixtion des intérêts privés étrangers et multinationaux, voire de la perte de l’image de la maison « France » aux yeux des pays qui comptaient et de la perte d’influence de notre Nation dans le monde, quand la confiance a été rompue, tout cela a déjà été développé dans mes chroniques hebdomadaires.

Mais on citera en revanche la démotivation des administrations (qui abandonnent régulièrement leurs prérogatives, même dans les domaines régaliens comme la police ou la Justice) et de l’insécurité juridique que cette absence d’actes politiques forts et de stratégie globale du pays induit.

Il faudra une réaction ! Car si on peut décrire les conséquences de la lente agonie de la démocratie, et ce que peut nous inspirer les différentes causes de cette faillite globale, il faudra bien à un moment donné s’en sortir en proposant des solutions !

Il serait bon, autant que possible, que la démocratie ne prenne pas fin selon la mécanique infernale que l’auteur Philippe Croissant a résumé en ces termes : « Le laxisme engendre le chaos, le chaos engendre la dictature ».

Mais les solutions qu’on pourrait s’attacher à rechercher, à définir et à mettre en œuvre, sont, elles aussi, autant de conséquences qui risquent d’être brutales, qui risquent d’entraîner des blessures insoignables, voire des morts !

Bernard Chaussegros


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