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La démocratie française à l’agonie : les sources du chaos

Tout le monde le ressent, l’ambiance est morose dans notre vie démocratique.

Entreprendre - La démocratie française à l’agonie : les sources du chaos

Parte 1 : La France, une démocratie à l’agonie
Partie 2 : Des constats qui font craindre le pire
Partie 3 : Les manipulations de l’opinion
Partie 4 : Les sources du chaos

A suivre :
Partie 5 : Des conséquences qui semblent clairement inéluctables !
Partie 6 : Les solutions à mettre en oeuvre si l’on retrouve un peu de courage !


Certes, l’ambiance est tout autant stressante à l’échelle mondiale. Chaque jour vient nous apporter une raison de trouver l’avenir du monde « libre » inquiétant et il est parfois difficile de faire la part des choses entre ce qui ressort du désordre planétaire, des conflits qui explosent sur chaque continent, des poussées migratoires, ou de l’impact que pourrait avoir sur le devenir de la planète la crise climatique que même les plus climatosceptiques ne peuvent manquer désormais de constater.

Il est certain que de nombreux événements démontrent une instabilité nouvelle et brutale dans les équilibres géopolitiques, qui tendent à faire douter de la capacité humaine à promouvoir les idéaux espérés de paix et de tolérance. Tous les démocrates et les esprits tolérants sont abasourdis quand surviennent des épisodes guerriers, comme l’invasion barbare de l’Ukraine par la fédération de Russie, et, cette semaine, comme la vague de tueries terroristes de masse et par la sauvagerie insupportable dont le peuple israélien est victime, et au travers lui, l’humanité toute entière.

Un monde abstrait

Mais, pour beaucoup, ces atrocités sont presque abstraites, du fait de l’éloignement dans lequel ils se trouvent vis à vis des théâtres d’opération, et parce que, sauf à être meurtris dans sa chair ou être concernés directement, les comptes-rendus médiatiques qui nous sont faits, se révèlent n’être bientôt que des données froidement statistiques. Il est, en effet, toujours difficile de rendre compte précisément de la réalité d’une guerre comme de la ressentir aussi clairement que sur le terrain de la mort. Comment intégrer les notions d’espace, entre la vie et la mort, le partage entre les lieux où l’on meurt et ceux dans lesquels on se sauvera ? Comment résister aux attaques et comment contre-attaquer ? Comment trouver les solutions pour répondre à la violence ou pour mettre fin aux conflits ? La guerre est un immense désordre dans lequel se perd la compréhension du monde logique et rationnel !

En revanche, et c’est assez tragique, une fois qu’une certaine « distance » est prise avec les événements, les hommes en reviennent à des peurs plus visibles, comme les questions climatiques, pluies diluviennes, tempêtes et ouragans, maisons dévastées ou inondées, toitures arrachées, canicules insupportables et incendies de forêt dévastateurs. La terre, sur de nombreux continents, tremble de plus en plus gravement et de plus en plus fréquemment, les maisons menacent de s’effondrer du fait de l’asséchement des sols, les saisons sont bouleversées autrement que dans le simple souvenir d’un temps passé béni, les cultures ne sont plus aussi viables qu’autrefois ! Toutes ces catastrophes, car il semble y en avoir de plus en plus, les ramènent à cette peur ancestrale d’une fin du monde annoncée et proche !

On croyait avoir « dompté » la nature, et elle se rebelle, nous rappelant notre faiblesse et notre « petite » taille à l’échelle de l’histoire universelle. On a vécu « à crédit » sur les ressources de la planète, et d’une certaine façon, elle nous présente soudain la note avec une brutalité inattendue ! La réalité est là, n’en déplaise aux climato-sceptiques ! On a peur des conséquences induites par la surpopulation du monde, les craintes liées à la pénurie des ressources, aliments et surtout eau potable, on redoute d’autant plus les catastrophes imaginaires ou réelles liées aux bouleversements climatiques désormais prouvés. Et de ce fait, on finira par regarder froidement les tueries entre les peuples, pour peu qu’elles ne nous concernent pas directement ou qu’elles se déroulent dans une autre partie du monde.

Un monde incertain

Finalement, tous ces exemples n’ont d’autre but que de montrer que nous sommes surtout capables de subir, en tant qu’individus, mais aussi en tant que collectivité, et rarement d’être en mesure de réagir ou d’être maîtres de nos actions ! Et il faut s’interroger, si on veut réellement faire le point et comprendre le monde dans lequel on vit !

Nous, citoyens des démocraties occidentales, nous vivons dans un système dont la solidité doit normalement sa force au Contrat Social. Nous avons accepté d’abandonner une part de notre liberté au profit de ceux qui nous gouvernent, sous condition que nous soit garantie notre sécurité ! Or les récentes attaques terroristes, surtout en Israël depuis la semaine dernière, mais aussi en France depuis ce dernier vendredi 13 octobre, montrent que notre sécurité est fragile, quand ce n’est pas un leurre, ou, à tout le moins, qu’elle est très relative ! On a beau se fonder sur les grands principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, la valeur fondamentale du vivre ensemble est notre Sécurité !

Il convient d’en parler désormais, dès lors que l’on voit à quel point notre démocratie, et même nos démocraties pour envisager plus globalement la question à l’échelle plus large de l’ensemble du monde libre, notre sécurité est désormais une illusion, voire une utopie !

Désormais notre monde occidental n’est plus « sûr », d’abord au plan purement géographique. On voulait pouvoir oublier les drames humains, et c’est ce que l’on a fait pendant des décennies, en se réfugiant dans un monde meilleur, naturel et rassurant, en se calfeutrant dans un cocon bienveillant, mais aujourd’hui, on déchante brutalement. On espérait que la démocratie, construite depuis la dernière guerre mondiale qui avait été massacrante, en 80 ans de paix, grâce aux efforts des citoyens et aux engagements de ses dirigeants, apporterait une sécurité accrue, une sérénité méritée et un bien-être partagé. On doit se rendre compte aujourd’hui de la faillite du système.

Les injustices sont palpables, les inégalités sont plus grandes que dans les années 60, la pauvreté a progressé et trop de familles aujourd’hui connaissent la faim et la précarité. On voulait refaire l’histoire de notre civilisation après 1945, on s’était juré de construire un monde de paix, un monde de justice ! Mais à bien y regarder, on a construit un monde d’injustice, un monde où les vertus fondamentales ne recherchent plus la justice sociale, mais s’appuient sur l’appât du gain, la prise de pouvoir par les élites et la maximisation de leurs profits. Et, de ce fait, on ne peut que se reprocher d’avoir fait trop confiance à un État qui n’a pas assumé ses obligations et, brutalement, de se demander qui est cet « État », cette abstraction qui n’est plus apte à représenter le peuple avec qui il avait passé, en d’autres temps, ce fameux « Contrat Social ».

La Nation a perdu une part de son âme !

Dans les années 60, un voyageur français en visite dans un pays étranger se voyait féliciter : « Ah ! Vous, les Français… Brigitte Bardot… le général de Gaulle » ! Le symbole de la beauté féminine parisienne, d’une part, et la statue d’airain de l’homme de la France Libre, cette image de la rigueur et de la droiture en politique, d’autre part, c’était ça la France aux yeux de tous ceux qui enviaient la force et la stabilité de notre pays. Dans cette période de reconstruction nationale, la France rayonnait en Europe et dans le monde.

Au plan intellectuel et philosophique, on admettait partout que la France représentait les plus hautes valeurs morales et humanistes, en digne héritière du siècle des Lumières, et comme patrie des Droits de l’Homme ! Au plan militaire, la France se plaçait parmi les grands pays détenteurs de la « force de frappe » nucléaire, cet outil garantissant la paix par sa capacité de dissuasion extrême. Au plan économique, jusque dans les années 70, le système économique de la France était fondé sur un capitalisme responsable intégrant une intervention marquée de l’État dans des secteurs de pointe, indispensables au bon fonctionnement de la communauté nationale, par exemple l’énergie, l’automobile ou les transports. Le Commissariat au Plan veillait sur le domaine régalien et, parallèlement à ce monde économique, mêlant le privé et le public, l’administration, entre autres l’armée, la gendarmerie et la police, d’un côté, et la justice, de l’autre, était en mesure de mettre en œuvre les outils nécessaires à la sécurité du pays et de ses habitants.

On espérait constater une évolution et observer des progrès dans le respect de nos valeurs fondamentales. Mais tout a basculé quand les principaux secteurs économiques stratégiques ont été privatisés à la suite de décisions politiques manquant assurément de clairvoyance. L’immixtion de l’entrepreneuriat privé a immédiatement aiguisé les appétits. Et peu à peu, c’est le fonctionnement de l’État lui-même qui a basculé d’une conception fondée sur la notion de « service public », vers une conception de privatisation du métier politique. L’engagement de l’élu au service de l’État et des citoyens a été remplacé par une professionnalisation du haut fonctionnariat de l’État

Pour parler plus directement, faire de la politique est devenu un métier, un métier pas tout à fait comme les autres, un métier qui est même très différent des autres. En toute logique, on avait toujours considéré que « faire » de la politique, c’était se consacrer à la gestion de la chose publique, (en latin la « res publica ») autrement dit la République. C’était aussi de tirer toutes les conséquences d’un échec, quitte à revenir devant les électeurs à l’occasion de nouvelles élections. En réalité, dans le microcosme politique, le fait être battu aux élections ne signifie plus, comme chez les Britanniques de quitter la scène publique et de reprendre une activité classique sur le marché de l’emploi. En effet, depuis longtemps maintenant, la défaite politique en France donne quasiment un droit à obtenir un poste souvent indéfini, mais parfois définitif dans la fonction publique, comme une sorte de privilège de classe, une sorte de droit reconnu d’émarger sur un budget de la fonction publique

C’est ainsi qu’une grande majorité d’élus n’ont jamais eu d’autre métier que celui de « professionnel de la politique ». Les carrières ont parfois commencé par un diplôme d’État, mais il est possible de faire carrière sans diplôme en commençant comme assistant d’un élu. La chance et les amitiés aidant, on finit par se faire élire et entrer dans un circuit sans fin. Sans n’avoir jamais travaillé dans la vie active, on accède alors à un emploi que l’on ne perd donc jamais, qui permet de faire une carrière sans fin et d’être rémunéré par de l’argent public.

Il est toujours mal venu de généraliser, mais les électeurs le voient. Le fait de ne s’être jamais investi dans la vie active et d’exercer un emploi, de n’avoir jamais pris part dans le système de production économique, d’avoir apporté une quelconque plus-value, ce qu’on appelle une valeur ajoutée, à la création de richesse nationale, ne permet pas de prendre la juste mesure des enjeux et des contraintes qui définissent ce qu’est réellement la société civile, la société laborieuse, bref la vraie vie de ceux que l’on est censés représenter et servir.

Les élections législatives de 2017 ont ainsi porté à l’Assemblée Nationale un parti présidentiel qui ne disposait pas de structures anciennes et organisées et qui a donc du recruter à la va-vite des citoyens qui n’étaient pas toujours préparés à assumer leurs missions d’élus et qui ne disposaient pas forcément des compétences que l’on attendait d’eux

On ne peut, de ce fait, qu’évoquer le niveau insuffisant des élites face aux enjeux d’un monde alors relativement bouleversé et en devenir. Les errements et les maladresses qui ont alors été commises, comme les fautes qui ont d’ailleurs été sanctionnées, en sont la preuve.

Si le manque de compétences des élus en matière économique et politique, si leurs carences en termes de compréhension du fonctionnement de la société ont pu être progressivement corrigées, il est beaucoup plus inquiétant de constater que certains de ceux qui étaient censés faire la loi, ont parfois été incapables de la respecter. C’est donc avec circonspection que l’on a noté les scandales causés par quelques rares élus pris dans des conflits d’intérêts, soit de leur propre volonté, ce qui est insupportable, soit, et c’est tout aussi grave, du fait de la méconnaissance de leurs obligations déontologiques.

La confiance est donc parfois rompue entre les électeurs et les élus. C’est ce qui explique que certains d’entre eux, bien-sûr ceux qui sont très impliqués dans leur engagement au service de la chose publique et des citoyens, se sentent progressivement en insécurité dans l’exercice de leurs mandats. Il faut rajouter à cela que le monde est devenu particulièrement violent et les récentes agressions, certaines d’une rare violence, dont ont été victimes des maires (Pornic ou L’Haÿ-les-Roses) n’ont fait que décourager des élus déjà surchargés par les charges de leur mandat, mais surtout victimes du comportement barbare de certains réseaux ennemis de notre République. On enregistre donc de plus en plus de démissions ou de décisions de ne plus se représenter aux élections à venir, de la part d’élus qui expliquent être désabusés dans ce « monde nouveau ». Ces décisions prises par des édiles qui « fuient » ou « abandonnent » les fonctions de maire s’expliquent par les causes déjà évoquées. Elles peuvent aussi trouver une justification dans un refus de participer à ce qu’ils considèrent comme une escroquerie intellectuelle, ou dans le constat du laxisme de l’État quand il s’agit de faire respecter les valeurs républicaines.

Pourquoi parler d’escroquerie intellectuelle ? Parce que la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif n’existe plus dans la réalité ! Pourquoi parler de laxisme ? Parce que les instances en charge de ces agents, élus ou non, n’exercent plus aucun contrôle sur les dérives constatées, même lorsqu’elles sont pénalement punissables.

Des valeurs constitutionnelles oubliées

L’exécutif définit la ligne politique de l’État. La logique républicaine veut que le parlement soit l’organe législateur, et donc, que les élus préparent et votent les lois en fonction des projets présentés par le gouvernement, ou en étudiant les propositions présentées par les partis politiques représentés au parlement.

En réalité, il n’en est rien. Les projets de loi sont préparés par les services juridiques des ministères à la demande des cabinets des ministres concernés, ils sont discutés par les mêmes cabinets et arbitrés par celui du premier ministre, avant d’être déposés dans leur version définitive sur le bureau de l’Assemblée. Les textes sont alors votés par l’Assemblée Nationale et le Sénat dans la forme ainsi arrêtée et, en temps normal, les élus ont un pouvoir d’amendement qui est, en fait, plus de façade que réel.

Comme on le sait, les textes ou les amendements (quand il y en a) sont votés selon la position arrêtée par les groupes politiques majoritaires. Et comme on le sait encore plus dans le cas où le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative, les textes sont adoptés sans vote, comme on l’a vu depuis 2022, avec le recours régulier à l’article 49-3 de la Constitution. La preuve est ainsi malheureusement faite que la séparation des pouvoirs est une pure illusion !

Un État dont le coût parait injustifié

Quelques exemples pour montrer que le fonctionnement de l’État coûte de plus en plus cher. Depuis la création de la Ve République, on a pu assister à une véritable inflation du nombre de ministres ! Pour quelle plus-value ? En 1958, le gouvernement était composé de 26 membres (19 ministres et 7 secrétaires d’État). Après le départ du général de Gaulle, les gouvernements verront le nombre de leurs membres progressivement augmenter : de 38 membres en 1969, (16 ministres et 22 secrétaires d’État), à 37 membres en 1986, pour aboutir à 39 membres en 2022 (31 ministres et ministres délégués et 8 secrétaires d’État). Rappelons qu’à plusieurs reprises, le président de la République a annoncé vouloir constituer un gouvernement resserré. On attend encore d’en voir les effets dans une période où l’on en demande toujours plus aux Français qui font face à une forte pression fiscale et à un renchérissement des charges quotidiennes du fait d’une inflation dont le gouvernement assure pourtant qu’elle est maîtrisée !

De leur côté les cabinets ministériels ont également connu une augmentation substantielle de leurs effectifs. Depuis un décret du 23 mai 2022, les cabinets peuvent désormais compter jusqu’à 15 membres pour les ministres, 13 pour les ministres délégués et 8 pour les secrétaires d’État. À titre de comparaison, en Allemagne, le nombre de ministres est de 16, chiffre dans lequel est compté le poste de chancelier.

Que dire des sommes engloutis dans un fonctionnement démocratique, qui n’a plus rien de démocratique… ? Les ministères sont pourtant dotés de fonctionnaires légitimes et compétentes, en nombre suffisant ! Sont-ils à ce point incompétents que l’on soit obligés de doter les cabinets de la présidence de la République et des trop nombreux ministres d’agents contractuels fort bien rémunérés, et de recourir aux services onéreux d’agences de conseil ?  Pourquoi faire appel à des spécialistes du conseil réputés pour leurs coûts excessifs autant que pour leurs incompétence, alors que tout le monde s’accorde à reconnaître l’excellente qualité de l’administration française ? Tous ceux qui ont eu l’occasion, au cours de leur parcours professionnel, de côtoyer les membres de ces différents cabinets savent à quel point leur intervention ne représente aucune valeur au fonctionnement normal de l’État.

Un manque de sécurité

Les gouvernements successifs n’ont de cesse de ne justifier leur existence que par l’inflation législative, la création de normes remplaçant des normes déjà opérationnelles sans qu’elles n’apportent rien de plus que ce qui a été mis en place depuis des décennies. À croire que la gesticulation et l’annonce de grands projets qui n’aboutissent finalement pas sert à masquer un manque criant d’efficacité !

Certes, le gouvernement a pu aboutir, dans la douleur, à quelques réformes, comme celle des retraites, moyennant des émeutes qui ont saccagé les centres de nos villes, détruit une quantité insensée de biens privés (notamment des magasins, mais aussi des immeubles) et du mobilier urbain, pour des dommages aux montants incommensurables. En revanche, des grades consultations lancées par l’exécutif ont tout simplement accouché de souris, comme cela a été le cas après le mouvement des gilets jaunes, dans le cadre de la consultation populaire de 2019 proposée par le président de la République « pour prendre le pouls du pays », ou la consultation publique de 2023 sur la « trajectoire de réchauffement climatique de référence ».

Pour en revenir à l’inflation législative, bon nombre de textes réformant la justice pénale n’ont pas permis, en fin de compte, d’améliorer la sécurité juridique et la capacité des magistrats à répondre à l’insécurité montante.

Trop souvent, elle a, bien au contraire, compliqué la tâche des services d’enquête, puis des parquets et des magistrats instructeurs, en donnant des droits accrus à la défense, certes sous le prétexte louable du respect des libertés individuelles, mais qui, in fine ont retardé, contrarié ou simplement empêché de poursuivre efficacement des criminels.

De leur côté, les services d’enquête ont été largement abandonnés, leurs effectifs ont été réduits et il se trouve également qu’une partie d’entre eux est détournée systématiquement des missions de police judiciaire pour les consacrer à des tâches d’administration ou de surveillance statique, sans doute importantes en soi, mais insuffisantes pour assurer la protection et la sécurité des citoyens.

Les récentes attaques terroristes qui ont été perpétrées ou tentées sur le territoire de la République viennent conforter l’analyse qui tend à démontrer que notre État est toujours particulièrement vulnérable et que les engagements pris pour combattre la terrorisme islamique n’ont pas été pleinement rendus opérationnels. Il est grand temps de cesser d’avoir des visions angéliques sur les risques que nous prenons, souvent avec trop de légèreté.

À l’autre bout de la chaîne pénale, les tribunaux ne sont sans doute pas suffisamment opérationnels, non pas par manque de moyens, mais surtout parce que les forces vives de la magistrature sont confinées dans des tâches banales, dont certaines ne relèvent que de la médecine (lutte contre l’alcoolisme ou gestion des malades mentaux) ou de l’administration (gestion des infractions au code de la route ou gestion des permis de conduire), et qui, de ce fait, encombrent les services judiciaires sous des masses importantes de procédures ne requérant pas l’expertise juridique de magistrat de niveau « Bac + 7 ».

Les services judiciaires sont en effet noyés sous la masse de procédures sans intérêts qui encombrent les greffes des parquet, et cela au détriment de dossiers plus importants comme ceux de la délinquance économique, l’économie souterraine et mafieuse, les atteintes à l’environnement, etc. Mais l’État a aussi laissé se développer des ennemis de l’intérieur. À vouloir appliquer les principes de l’État de droit et celui de la tolérance à tous les sujets et à tous ceux qui s’y réfèrent, y compris ceux qui sont les premiers intolérants, il est clair que l’n crée une confusion dans les esprits citoyens.

La démocratie, comme le capitalisme créateur d’inégalités par la référence à la recherche excessive des profits, devraient mourir des contradictions internes qu’elle porte en elle-même. On ne peut pas tout tolérer, sous prétexte du respect des droits de l’Homme. Peut-on en effet les intolérants qui entendent nous obliger à intégrer des valeurs qui au-delà de n’être pas les nôtres, travaillent à les anéantir. Le mise en exergue d’une civilisation aux valeurs mondialistes partagées est en soi, un nivèlement par le bas, la négation de nos valeurs, au profit d’un galimatias de valeurs contradictoires qui prônent tout et son contraire.

C’est sans doute le but assumé de certains groupes que l’on pourrait qualifier « d’ennemis de l’intérieur » qui entendent détruire toute référence aux valeurs judéo-chrétiennes qui ont contribué depuis deux millénaires à la construction de notre civilisation et au développement harmonieux de nos valeurs culturelles. Certains philosophes rangent ces thèses, souvent mal digérées par les esprits progressistes qui se réclament faussement de la gauche, sous le terme « d’islamo-gauchisme » ce néologisme désignant une proximité entre des idéologies « prétendument dites de gauche » et les milieux musulmans, mais essentiellement islamistes. Il a été repris par diverses personnalités médiatiques, intellectuelles, universitaires ou politiques pour dénoncer la proximité et le laxisme supposés de certaines figures françaises de la gauche, mais surtout de l’extrême-gauche, envers l’islam ou l’islamisme.

Selon l’islamologue Gilles Kepel, « la nébuleuse islamo-gauchiste va aujourd’hui jusqu’aux Indigènes de la République et a touché certains partis comme La France insoumise. » On dit d’ailleurs du chef de file de ce parti : « Il y a une époque, il était plutôt Jaurès et Général de Gaulle, maintenant il est islamo-gauchiste. » Il existerait « des courants islamo-gauchistes très puissants dans les secteurs de l’enseignement supérieur qui commettent des dégâts sur les esprits. » Des universitaires dénoncent « les frilosités de nombre de leurs pairs sur l’islamisme » et les « idéologies indigénistes, racialistes et décoloniales ».

Il convient de noter que ce parti politique est l’objet de nombreuses critiques sur les médias en raison de ses prises de position au sujet de la guerre en Israël. Seul contre le reste de la classe politique française, ils a eu des mots excessifs aux yeux de bon nombre de Français sur les attaques du Hamas contre Israël en précisant que « l’offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas [intervenait] dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est », et ce, sans évoquer le terrorisme, mettant sur le même plan Israël et le mouvement islamiste palestinien.

Dans la classe politique, de nombreuses voix ont évoqué les « ambiguïtés » ou la « complaisance » de cette position, allant jusqu’à affirmer que c’était une nouvelle preuve d’un « antisionisme » assimilable à de l’antisémitisme. Les réactions ont été multiples dans l’ensemble du monde politique, certains se disant « accablés », d’autres parlant « d’égarement », d’autres déplorant une « confusion » et un « relativisme insupportable » de la part d’un groupe politique qui avait finalement accepté de condamner « les crimes de guerres commis par le Hamas », mais tenait à dénoncer aussi ceux commis par « l’État israélien à l’égard des Palestiniens depuis des années ».

Déplorable ! Le leader de ce parti au discours plus qu’ambigu, sans doute guidé par des motivations plus triviales que politiques, attise les braises d’un conflit extérieur à l’hexagone, à de seules fins personnelles !

On ne peut également que s’interroger sur les mentalités de celles et ceux qui adhèrent à un tel discours ! Complaisance ou ignorance ?

Bernard Chaussegros


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