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Gastronomie : Alain Ducasse se tourne vers Renaud Dutreil et son fonds Mirabaud Patrimoine Vivant plutôt que vers les fonds d’investissement

Entreprendre - Gastronomie : Alain Ducasse se tourne vers Renaud Dutreil et son fonds Mirabaud Patrimoine Vivant plutôt que vers les fonds d’investissement

On l’oublie trop souvent : à la base de toute entreprise, il y a toujours des hommes. Avec leurs initiatives, leur volonté, leur courage et même leurs défauts : personne n’est parfait ! L’un est ancien ministre des PME, Renaud Dutreil, et l’autre, Alain Ducasse, reste l’un de nos plus grands chefs cuisiniers étoilés, depuis le départ de Paul Bocuse, le plus renommé dans le monde.

Et il est intéressant de voir que ces deux talents arrivent à s’entendre pour pouvoir avancer et se développer plus vite ! En l’occurrence, c’est Alain Ducasse qui ouvre le capital de son groupe gastronomique Ducasse Paris (110 millions d’euros de chiffre d’affaires et 2020 salariés) à hauteur de 10 % au holding industriel et financier Mirabaud Patrimoine Vivant (MPV), constitué par l’ex dirigeant de LVMH aux États-Unis qui veut, à 60 ans, fédérer une myriade de PME françaises de renommée mondiale dans le domaine de l’art, de la création, de la mode et de la gastronomie. Des domaines où le savoir-faire demeure essentiel !

Outre l’apport financier, l’objectif du cordon bleu du Plaza Athénée est de « propulser Ducasse Paris dans une autre dimension avec un renfort d’expertise digitale, marketing ou RH. » Ducasse compte accélérer l’ouverture à l’international de ses comptoirs de vente « La Manufacture du chocolat » et « La Manufacture du café » lancés récemment, et passer de 20 à 80 magasins sous quatre ans. L’objectif est ambitieux, mais notre grand chef d’exception a démontré, à 64 ans, que ses talents d’entrepreneur n’avaient rien à envier à ses capacités à pouvoir nous régaler avec sa cuisine d’exception ! Cette alliance emblématique entre hommes et talents peut donner des idées à d’autres. Ne vaut-il pas mieux chercher à se compléter pour aller plus vite que vouloir à tout prix contrôler pour stagner ?

Les alliances entre entrepreneurs ne sont-elles pas l’avenir des futurs gros deals ?

Après tout, dans un tout autre registre, Mireille Mathieu serait-elle devenue une étoile de la chanson française sans son impresario, un certain Johnny Stark ? C’est peu probable. Et si Dutreil n’était pas de son côté l’impresario à succès qui manquait au génie créatif d’Alain Ducasse ? Après tout, c’est aussi ce qu’il essaye de faire dans d’autres domaines. Comme par exemple à Romans-sur-Isère avec le célèbre chausseur aux doigts d’or Robert Clergerie, dans la joaillerie avec Mauboussin, la mode avec Anne Fontaine ou le sport avec Le Coq Sportif. À suivre. D’autant qu’Alain Ducasse a déjà démontré qu’il savait se mettre en retrait quand c’est nécessaire, et choisir ses hommes. C’est ce qu’il a fait, par exemple, dans le secteur hôtelier, n’hésitant pas à confier sa chaîne « Châteaux et Hotels de France » (devenue « Les Collectionneurs ») à son DG, Xavier Alberti, quitte à perdre la majorité du capital !

On pourrait donner d’autres exemples de beaux succès d’alliance d’entrepreneurs. On se souvient de l’alliance inopinée entre Bernard Tapie et Francis Bouygues pour reprendre les piles Wonder. On pourrait également citer le cas de Xavier Niel avec un jeune entrepreneur, Pierre-Antoine Capton, dans la production audiovisuelle avec Mediawan, ou celui, dans le même secteur, de Vincent Bolloré avec Stéphane Courbit dans Banijay. Voire Arnaud Lagardère qui n’a pas hésité à prendre appui sur Bernard Arnault himself (merci à l’entremise d’un certain Nicolas Sarkozy) pour préserver l’intégrité de son empire menacé face aux tentatives de prise de contrôle de Bolloré ou d’Amber.

Les exemples sont de plus en plus fréquents. De mon côté, je n’ai pas hésité, en tant que patron d’Entreprendre Lafont presse, à m’associer avec le patron de presse Georges Ghosn (La Tribune, France Soir…) pour pouvoir sauver et relancer le magazine VSD. Ce type d’alliance ponctuelle peut constituer une belle alternative au recours systématique au financement par des fonds d’investissements spécialisés.

De plus en plus, ceux-ci, par les clauses drastiques qu’ils sont tentés d’imposer aux entrepreneurs, n’ont pas que des avantages. Et beaucoup de chefs d’entreprises commencent à s’en apercevoir. Reste aussi l’introduction en bourse, comme le propose Louis Thannberger, l’actif banquier d’affaires d’IPO 1, à la condition qu’Euronext Paris et son ambitieux président Stéphane Boujnah se décident un tant soi peu à en faciliter les conditions et formalités d’accès, comme vient de le faire opportunément, il y a quelques jours, le Nasdaq américain. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Osons !

Robert Lafont


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