Pierre Gattaz explique bien dans son dernier livre, assez formidable au demeurant et au titre bien explicite « Enthousiasmez-vous » (aux éditions du Rocher), comment, un jour en 2015, il a tenté d’expliquer à une ministre, en l’occurrence l’ineffable Marisol Touraine, ancienne ministre de la Santé de François Hollande, la nécessité de recourir aux outils du management des boîtes privées (Qualité totale, Lean management, Six Sigma, etc.) dans la gestion des ressources humaines de la fonction publique.
« Pourquoi ne faites-vous pas comme dans le privé ? » interpelle l’ancien patron des patrons, avant d’argumenter : « Le résultat est trois fois gagnant : gagnant pour les salariés, donc pour les fonctionnaires, gagnant pour les clients, donc les usagers, et gagnant pour l’entreprise, et donc l’administration. Et je suis prêt à vous aider à les mettre en place dans des administrations pilotes avec des jeunes patrons retraités prêts à s’y consacrer. » Que croyez-vous qu’ait été la réaction de la ministre, fille du grand sociologue Alain Touraine récemment disparu, et qui n’a connu dans son parcours professionnel que les postes publics, ou quasi protégés. Selon Gattaz : « La ministre me regarda bizarrement, recula de quelques mètres et disparut dans la foule. Je devais être le diable… »
À transmettre à Olivier Dussopt, actuel ministre du Travail.
Et après, on s’étonne, qu’incapable d’engager la moindre réforme de l’État propre à réaliser des économies de structure ou de fonctionnement, Bercy en soit réduit aux coups de rabot sur les économies d’impôts. Ainsi, en 2024, si le budget général affiche bien 16 milliards d’euros d’économies, rappelons que 14 milliards proviennent de la seule fin des aides énergétiques et 750 millions de la timide réforme de l’assurance-chômage. Faible bilan qui démontre que le gouvernement ne fait que faire semblant de redresser le pays et son niveau d’endettement.
Si Bruno Le Maire veut devenir un jour président de la République, il doit vite se montrer bien plus hardi et courageux dans le poste qui est le sien à l’heure actuelle. Sinon, il ne sera, malgré ses qualités, qu’un nouveau faux-semblant du redressement de la France.
Robert Lafont
Bruno le maire président non merci,