Vive la concurrence : la sortie de La Tribune Dimanche fait du bien au Journal du Dimanche

Nous l’avions écrit au moment de la polémique Bolloré lors de la reprise en main du Journal du Dimanche par les équipes de Prisma média/Vivendi : « Ne vous inquiétez pas, s‘il y a des dérives de la part du JDD, la presse est libre en France et quiconque aura toujours tout loisir de lancer, en cas de besoin, un éventuel concurrent ».

C‘est ce que ne tarda pas à faire l’ambitieux armateur marseillais de CMA CGM, Rodolphe Saadé, avec la sortie, dès le 8 octobre 2023, de La Tribune Dimanche et un investissement de l’ordre de 10 millions d’euros. Mon ami, le Toulousain Jean-Christophe Tortora, que j‘ai connu lorsqu’il était encore un habile communicant, ne tarda pas à réunir une équipe de qualité autour du médiatique et politiquement correct Bruno Jeudy (ex-Paris Match) et d’autres journalistes, Anna Cabana (épouse de l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer), Ludovic Vigogne (ex-L’Opinion), et d’autres dont certains venaient de la rédaction du JDD après avoir encaissé de généreuses clauses de conscience.
On peut être de gauche et ne pas mésestimer les possibilités d’arrondir ses fins de mois. Ce n‘est pas incompatible et reste compréhensible.

À la surprise de beaucoup, La Tribune Dimanche connut un rapide succès d‘estime avec plus de 40 000 acheteurs kiosques dès les premiers numéros et une qualité rédactionnelle d’excellente facture malgré des sujets souvent conventionnels ou attendus.

Du coup, la maison d‘en face fut conduite à réagir. Voulant conserver sa primauté sur ce marché convoité de la presse dominicale (où figurent aussi Le Parisien Dimanche – groupe Arnault – et aussi tous les quotidiens régionaux dont le leader Ouest-France Dimanche), le JDD, sous la houlette d’un transfuge de Valeurs Actuelles, le controversé Geoffroy Lejeune, renforce sa pagination, sa densité rédactionnelle et son originalité. La belle affaire : au total, le journal est revenu au meilleur de sa forme sans que ne se manifestent les excès attendus par de nombreuses bonnes consciences d‘une certaine gauche habituée à une certaine primauté en la matière à l’instar de France Inter, France Info, Le Monde, L’Obs ou Libération. Reprenez les titres de l’époque !

La bonne conscience n‘est pas toujours là où l‘on croit. Comble du désespoir, Pascal Praud écrit divinement bien dans sa tribune hebdomadaire. Ne manquez pas non plus, par exemple, dans la dernière édition, l’interview de Guillaume Durand sur Johnny Hallyday, il y fait des révélations inattendues que même « Johnny magazine » n‘avait pas révélées. Ou la chronique sur le philosophe René Girard qui élève le niveau.

Finalement, la presse est comme le reste. Elle ne donne son meilleur que s’il y a bien émulation. Le pire, c’est quand tout le monde écrit la même chose au même moment. Finalement, on l‘a évité belle.

Robert Lafont