Dans un entretien accordé à France 5, le 6 septembre, Nicolas Sarkozy a affirmé que les populations africaines sont responsable de la crise climatique en cours. Des propos qui ont indigné de nombreux scientifiques.
Tout en se trompant sur les termes scientifiques – « il n’y a pas de dérégulation climatique » –, Nicolas Sarkozy pointe les risques supposés d’une « explosion démographique africaine » pour démontrer que c’est la surpopulation, et non le mode de vie occidental, qui engendre le dérèglement actuel.
Déferlante migratoire africaine
En jouant sur la peur d’une « déferlante migratoire africaine », savamment entretenue par une partie de la classe politique européenne, il s’emploie ainsi à diluer la responsabilité des pays industrialisés dans cette crise à laquelle les Africains paient injustement l’un des plus lourds tributs.
Un tel discours est d’autant plus problématique qu’il est tenu par un ancien haut responsable politique, donnant encore un peu plus d’écho au retour en grâce d’une certaine forme de climatoscepticisme auprès d’une frange de l’opinion publique.
Or, tous les experts ont démontré à maintes reprises que le dérèglement climatique actuel est provoqué par les émissions de gaz à effet de serre qui s’accumulent dans l’atmosphère. Les énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) sont responsables de plus de 75 % de ces émissions et de près de 90 % des rejets de carbone. Certes, la démographie a participé à cette augmentation, mais c’est moins le nombre d’êtres humains qui pèse sur le climat que le mode de vie d’une petite partie d’entre eux.
Les scientifiques ont prouvé que l’augmentation des émissions n’est pas corrélée à la croissance de la population, mais bien au mode de vie qui prévaut dans les pays industrialisés. L’Europe et l’Amérique du Nord, (1,3 milliard d’habitants), sont responsables de 51 % du carbone émis depuis 1750, contre 3 % pour le continent africain (1,2 milliard d’habitants).
A. Bodkine