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Solex remet la marche avant

On ne présente plus Grégory Trébaol, l’entrepreneur audacieux qui a relancé la marque mythique de vélomoteurs Solex, fondée en 1946 et vendus à 8 millions d’exemplaires.

Crédit : Gabriel Gorgi

La reconversion de Solex vers l’électrique est en marche ! Avec son usine dans la Manche, à Saint-Lô, le groupe Rebirth fut l’un des premiers à se lancer dans la conception, la fabrication et la distribution de vélos électriques, et s’appuie sur sept marques : Cycles Lejeune, Coleen, Solex, Matra, Easybike et Mobiky, sans oublier deux offres complémentaires, T-Sur et Mobicity.

Rebirth, un nouveau nom de groupe pour une nouvelle mission ?

Grégory Trebaol : Au départ, Easybike était une marque. Au fur et à mesure de nos opérations de croissance externe, l’entreprise est devenue propriétaire d’anciennes marques iconiques, à l’ADN fort. Il était temps de tout restructurer autour d’une plateforme de marques dénommée Rebirth. Nous avons longtemps réfléchi à notre nouveau nom, nous avions même déposé le mot « Renaissance » avant que le parti politique n’existe. La mission de Rebirth est plurielle.

Il s’agit de faire renaître des marques telles que Solex, Matra, Lejeune, mais aussi de participer à l’inversion de tendance des années 80/90 qui a mené à la disparition du savoir-faire de l’industrie du cycle en France et en Europe au profit de l’Asie.

Vous misez beaucoup sur le made in France…

Oui, nous sommes de fervents défenseurs de la relocalisation. Nous avons été les premiers à disposer d’un atelier de fabrication de cycles en France, à Saint-Lô dès 2015, un site qui a atteint son équilibre. En parallèle de la création de ce nouvel écosystème, nous réfléchissions aux usages privés et collectifs des cycles. Cette réflexion se concrétise dans la société, Mobicity, que nous avons rachetée et basée à Grasse.

Cette filiale travaille sur la mobilité dans la ville, en proposant des cycles en libre-service à des collectivités et des entreprises. Nous disposons également d’une plateforme de services, T-SUR, qui offre entre autres des aides au financement, du leasing, ainsi que du marquage, la pose de traceurs, etc.

Où en êtes-vous de votre stratégie sur Solex ?

Solex n’a jamais été aussi près de l’aboutissement de ce que l’on veut en faire. Le Solex motorisé est né en 1938 sur la commune de Courbevoie, mais l’usine fut rapidement occupée par l’armée allemande et le Solex n’a véritablement été sur la route du succès qu’à partir de 1946. Le moteur à l’avant qui avait fait sa réputation (avec 8 millions de ventes ! une réussite immense) a également provoqué sa chute suite à l’apparition des scooters made in Asia fin des années 80.

Nous avons voulu créer un grand projet pour cette marque chargée d’émotions et de souvenirs, surtout dans la mémoire collective des Français. Nous avons mis au point un plan global, déjà très avancé, qui sera le flagship de Solex. Il va voir le jour non loin de l’ancienne usine, l’ouverture est programmée en septembre 2026 pour les 80 ans du Solex motorisé.

L’espace total de 7000 m² abritera un musée de 1500 m² avec un millier d’anciens modèles, ainsi que la Fondation Solex qui, au-delà de la préservation du patrimoine, s’engage à travailler sur la mobilité et la réduction des distances pour les personnes isolées. Cela inclut la création d’une école de réinsertion qui formera des jeunes sur l’entretien des anciens modèles Solex. Ils se familiariseront également avec l’électrique et les nouveaux matériaux composites utilisés dans l’usine qui sera installée sur les prémices, uniquement dédiée à Solex.

Le tout sera complété par un hôtel de 24 chambres qui raconteront l’histoire de Solex, et un restaurant pour un parcours de visite complet. C’est un projet complexe situé en centre-ville qui méritait un architecte à la hauteur de nos ambitions pour Solex. C’est donc Jean Michel Wilmotte, un collectionneur de Solex, qui dirigera le projet…

Et le financement ?

Le groupe finance l’intégralité avec deux acteurs privés pour l’instant. La Fondation sera créée cette année.

Vous vous positionnez sur la micromobilité de demain, mais Solex fait plutôt penser à hier ?

Notre stratégie prévoit un énorme travail sur la partie design. Nous avons constitué un bureau de neuf designers, tous issus de Créapole. Ils ont entre 21 et 29 ans, sont de nationalités et de profils sociaux différents. Une idée ne peut être retenue que si elle fait l’unanimité, car Solex a une image de marque consensuelle, pour tous les publics. Nous avons déjà lancé la gamme vélo électrique, le « 1946 » pour les 75 ans de Solex, elle fonctionne très bien, nous avons réussi à garder les codes en introduisant de la modernité.

À présent, nous allons changer de dimension pour aller de la gamme vélo à la gamme Solex, cyclomoteur électrique. Le marché est énorme, car il est prêt à passer du thermique à l’électrique. De plus, une étude récente met en avant que de nombreux Français décident de faire le pas vers le deux-roues suite à la fermeture des centres-villes.

Or, tous n’ont pas envie d’aller sur un produit asiatique, la marque Solex devient donc une proposition référence en tant que valeur refuge. Nous travaillons sur deux gammes de produits pour 2025/2026. Jean-Michel Wilmotte n’a pas pu résister, il est allé faire un petit tour dans notre studio design, car c’est un passionné de la marque. Enfin, notre stratégie de redéploiement de Solex sera complétée par un développement d’accessoires.

Nous avons recours à Publi Voile dont le dirigeant, Régis Elhaouel, est tombé amoureux de Solex. Il a décidé de nous accompagner dans le développement de la licence Solex, et a déjà accompli un travail énorme, avec des propositions dans le textile, la bagagerie, l’horlogerie.

Solex va même avoir son Café ?

Nous organisons « le Café Solex » au siège social une fois par mois. C’est un événement privé, le petit déjeuner du Club de l’Audace dont les invités se rassemblent de façon conviviale autour de thématiques et d’une personnalité, comme Henri Lecomte dernièrement.

Les participants sont intéressés, le Café Solex est devenu une évidence pour le projet Courbevoie. Autre nouveauté, un restaurateur passionné lui aussi de la marque va transformer son lieu en Café Solex, il doit ouvrir d’ici un mois ou deux, pas très loin de Courbevoie.

Quelles sont vos ambitions internationales ?

En 2024 et 2025, nous prévoyons de nous renforcer dans les pays limitrophes, Suisse, Benelux, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne… Pour le grand export, il y a quelques opportunités par exemple le Vietnam qui connait bien le Solex.

L’Australie nous a aussi fait des demandes pour des centres-villes, mais il faut adapter le produit au préalable. Par ailleurs, le maire de Grasse nous épaule afin que nous puissions procéder à un test dans sa ville, avec des Solex en libre-service entre mai et juin, à la fois en vélo et en cyclomoteur électrique. Ceci fait partie des missions de Mobicity.

Vous avez 43 ans, quels sont vos rêves pour les prochaines années ?

Nous sommes en train de concrétiser le rêve du flagship de Solex, son réancrage dans l’histoire industrielle et commerciale française. Il faut le faire aboutir et faire rayonner la marque en France et à l’international. Et nous avons autant de travail à faire sur Matra. La voiture qui a gagné les 24 heures du Mans en 1974 va rouler pour célébrer les 50 ans de la victoire cette année.

Une voiture sera engagée en course le 9 avril à Barcelone en catégorie LMP2 endurance. Au-delà, si l’on parle vraiment de rêve, ce serait de voir une nouvelle victoire de Matra aux 24 Heures du Mans. Pour le groupe Rebirth, notre rêve est de devenir un grand acteur international en parvenant à une part de marché significative sur notre créneau de la mobilité douce.

Propos recueillis par Anne Florin


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