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Les aides, cela ne marche pas ! La preuve, dans le secteur de la presse…

La France est le pays d'Europe où les quotidiens d'information générale sont les plus subventionnés, et ceux concomitamment qui enregistrent les plus faibles niveaux de diffusion.

Rachida Dati (Eliot Blondet / ABACAPRESS.COM)

Cherchez l’erreur ! La vérité est qu’en contribuant à maintenir à bout de bras certains titres comme Libération, L’Opinion, L’Humanité ou La Marseillaise, on freine l’arrivée d’autres nouveaux journaux concurrents, plus en phase avec les besoins du moment.

Bien placés pour le savoir dans le secteur de la presse sportive ; lorsque nous avons lancé en 2009 en kiosques Le Quotidien du Foot (devenu en 2020, version numérique Le Quotidien du Sport), au lieu de nous pousser, le système de distribution (NMPP à l’époque) a semble-t-il préféré freiner des quatre fers, et maintenir le statu quo, et le monopole en l’occurrence celui de L’Equipe du groupe Amaury, bien aidé, il faut le dire, avec la complicité des grands éditeurs.

Demandez à Michel Moulin, l’entrepreneur indépendant du 10Sport, qui a connu pareille mésaventure, et a été obligé de déposer plainte pour concurrence déloyale. Un procès qu’il a fini par gagner après des années de procédures. Le match était plié… De notre côté, nous aurons eu la surprise de découvrir bien après son arrêt que Le Quotidien du Foot avait eu à payer un tarif plus élevé que celui, préférentiel, accordé à d’autres quotidiens.

Bienvenue au club, sans parler du fait que nous aurions été boycottés par certains diffuseurs. Un manque de loyauté et de transparence qui vient se rajouter aux coûts prohibitifs de l’imprimerie de quotidiens. Autant d’éléments qui rendent compte sans doute des difficultés actuelles de nos quotidiens d’information, généralistes ou spécialisés. Un malaise accentué par l’essor du numérique et la disparition d’un certain nombre de marchands de journaux.

Le gouvernement aurait choisi récemment de rouvrir le chantier de la distribution de la presse et de nommer l’ex-président de l’ARCEP, Sébastien Soriano, pour préparer un nouveau plan pour encourager la distribution de la presse. Pourquoi pas d’ailleurs ! Car de la modernisation, de la rentabilité et de la multiplication des points de vente presse dépend pour une bonne part l’avenir de la presse écrite toute entière ! Pour que celle-ci redevienne attractive ; encore faut-il au-delà de la qualité, et de la diversité de l’offre, qu’elle soit commercialisée dans de bonnes conditions sur le terrain.

Or, beaucoup de marchands de journaux n’ont pas les moyens de moderniser ou d’agrandir leurs surfaces commerciales. Certains tirent même définitivement le rideau. Une situation qui met en péril l’ensemble de la profession. Aujourd’hui, les pouvoirs publics subventionnent directement France Messagerie (le distributeur des quotidiens) à hauteur de 27 millions d’euros.

Et ils obligent les éditeurs de presse magazine, via une péréquation dont eux seuls ont le secret, à verser quelques 8 millions d’euros de MLP à France Messagerie (ex-Presstalis). Ce qui n’est pas sans causer quelques dégâts chez les éditeurs de magazines déjà en difficulté avec les hausses du coût du papier, la loi sur l’assortiment et la baisse des recettes pub au profit du numérique.

Une solution à laquelle personne n’a pensé jusque-là, serait d’offrir un taux de commission plus élevé à tous les diffuseurs de presse, avec des primes liées à l’étendue de l’offre distribuée. Une mesure que soutiendrait à n’en pas douter Daniel Panetto, le dynamique président de Culture Presse. Une meilleure rémunération pour les marchands de presse qui pourrait être financée par l’arrêt simultané des subventions octroyées aux éditeurs de presse.

Rappelons que l’aide directe à la presse représente annuellement plus de 110 millions d’euros et que des éditeurs de quotidiens nationaux comme Le Figaro ou Le Parisien reçoivent des subventions de 15 millions d’euros annuels environ alors qu’ils sont publiés par des empires (Dassault ou Arnault). Dans le même temps, la plupart des éditeurs indépendants (Larivière, So Press, Entreprendre, Reworld…) ne perçoivent aucune aide de l’État. Ils n’en réclament d’ailleurs pas en général !

L’immense avantage d’un tel nouveau système ciblant les diffuseurs et non plus les éditeurs serait celui de l’équité, de la transparence, de la liberté et d’un nouveau cadre incitatif encourageant les distributeurs de presse à s’ouvrir et à se moderniser partout en France et permettre ainsi de maintenir au plus haut niveau la qualité et la diversité de la presse française. Un peu comme dans un autre secteur, le PMU est en train de le faire avec l’installation de ses nouveaux points de vente de tiercé et de paris sportifs.

Une proposition que Rachida Dati ne peut que faire sienne. À moins de ne craindre la réaction des grands groupes médias, qui auraient pourtant tout intérêt eux aussi à une modernisation et à un développement des points de vente presse dans le pays. À suivre.

Robert Lafont


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