Je m'abonne

Qui va payer la dette abyssale de la France ?

La démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient et émane du peuple auquel il rend compte. Elle est le contraire d’une oligarchie, ce régime politique dans lequel la souveraineté appartient à une classe restreinte et privilégiée. Les dirigeants politiques élus y sont investis d’une mission de gestion de la chose publique dont l’objectif doit être, en principe, d’apporter de la sérénité dans les rapports entre les citoyens.

Entreprendre - Qui va payer la dette abyssale de la France ?

Afficher le sommaire Masquer le sommaire

La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

Il serait illusoire de parler de « bonheur », mais l’idée est là, rendre la vie du peuple satisfaisante, en lui donnant toutes garanties de sécurité, de liberté et de tolérance. La sécurité est le minimum garanti par le contrat social en échange d’une part de sa liberté. Mais il reste, dans le cadre de la loi et dans un esprit de tolérance, une grande part de liberté à préserver, liberté d’aller et venir, liberté de penser, liberté d’entreprendre, liberté de travailler et d’avoir les moyens de vivre décemment de son travail.

La Révolution française, tout le monde s’y réfère comme le symbole de la libération du peuple face aux excès de l’aristocratie. Elle n’a pourtant été qu’une révolution du langage. Les serfs et autres esclaves sont devenus des paysans, des artisans, des ouvriers et des laisser pour compte. La noblesse de robe ou d’épée a été remplacée par l’aristocratie financière et politique. Et aujourd’hui la situation des gueux ou des « sans dents » n’a guère à se satisfaire du progrès social ou des avancées technologiques. Il suffit de s’intéresser aux opérations menées chaque année par le Secours populaire, par les Restos du cœur ou par les associations d’aide aux plus démunis, pour se rendre compte que la misère sociale ne fait que s’accroître dans un pays dont les richesses sont désormais captées par quelques-uns !

Où passe la richesse nationale ?

L’État, tout comme le font les citoyens, devrait gérer son budget en bon père de famille, sans vivre au-dessus de ses moyens. C’est malheureusement ce qui semble se passer en France depuis des décennies. En effet, voilà des années que le budget de l’État est voté en déficit, et que la dette publique ne cesse de s’accroître. Elle en est arrivée d’ailleurs à des profondeurs abyssales. On se souvient pourtant que déjà en 2007, le premier ministre François Fillon avait alerté l’opinion en affirmant lors d’un déplacement officiel : « Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d’un État qui est depuis 15 ans en déficit chronique, je suis à la tête d’un État qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans, ça ne peut pas durer ».

Rappelons qu’en 1981, la dette publique de la France était d’un montant équivalant à peu moins de 100 milliards d’euros. En 2007, elle était de 1.211 milliards d’euros, mais le ratio entre le montant de la dette et le montant du PIB était de 64%. Depuis lors, la situation n’a fait que se détériorer :1.833 mds en 2012 avec un ratio dette/PIB égal à 90%, 2.218 mds en 2017 avec un ratio dette/PIB égal à 98%, 2.950 mds en 2022 avec un ratio dette/PIB égal à 106% ! Et aujourd’hui, en 2024, la dette de la France dépasse 3.100 milliards d’euros, et elle reste sous la surveillance des agences de notation avec un ratio à 112%. On s’attend d’ailleurs à ce que la note de notre pays soit diminuée incessamment.

Le gouvernement s’est engagé à réaliser 10 milliards d’euros d’économie dès 2024, les dépenses s’étant multipliées depuis janvier, et la prévision de croissance étant en baisse de 1,4% à 1%. Une goutte d’eau que cette mesure de 10 mds en comparaison avec la dette du pays !

Et qui va payer cette dette ? On l’a vu dans l’une de mes récentes chroniques, une bonne guerre permettrait de faire en quelque sorte table rase de ce que l’on doit à nos créanciers, de quoi réduire à néant le « crédit » moral de la France ! Mais en temps de guerre, tout peut s’envisager ! Et on peut presque dire que cela arrangerait beaucoup de pays dont les dettes sont entre les mains de pays comme la Chine ou les pays du Golfe persique. Reste que l’on ne peut pas jouer aux dés avec un conflit armé qui risque d’être le début de l’anéantissement du monde.

Restons donc sur des bases qui envisagent le maintien d’une paix, même approximative. Il va donc falloir payer ! Et les décennies qui viennent de s’écouler ont toutes montré qu’en dernier ressort, ce sont les ménages qui supportent la charge de la dette. On le sait, quand un ménage, justement, accumule les dettes, il se retrouve devant les tribunaux, en situation de surendettement et les banques lui coupe tout crédit. Les impôts s’accumulent, les organismes sociaux exigent le paiement des cotisations et taxent les retards, etc. Il en est de même pour les entreprises, les commerçants, les artisans et les paysans.

Mais l’État, lui n’est jamais en faillite, même si l’on constate que le rapport entre la dette et le PIB dépasse désormais les 110 %. Personne ne semble pouvoir lui demander des comptes, en dehors du peuple, qui, pour l’instant se tait et se scandalise en silence ! On peut avoir glosé sur la hausse des dépenses publiques lors des mandatures de Jacques Chirac, quand la dette a été multipliée par 2, passant de 663 à 1211 mds d’euros, mais à l’époque, le ratio dette/PIB demeurait entre 56 et 64%. Dans la dernière décennie, la dette est passée de 1.800 mds à 3.100 mds d’euro, mais le ratio dette/PIB est surtout passé de 90 à 111% !

Le gouvernement actuel entend expliquer que l’accroissement de la dette s’explique par la crise du Covid et par la guerre en Ukraine ! Même si l’on peut rétorquer qu’à l’aube de la crise sanitaire, la situation était déjà très détériorée, il faut surtout rappeler à nos dirigeants que depuis les années 1970, le monde a connu des crises importantes, comme celle de l’énergie, différentes pandémies, des menées terroristes ou des canicules mortifères, et que le monde n’a globalement jamais connu de vraie période de paix, que ce soit au Moyen-Orient, en Afrique ou même en Europe avec l’ex-Yougoslavie. Tous les gouvernements passés ont eu à faire face à des circonstances extérieures qui ont eu des influences sur le niveau de nos dépenses.

Qui va payer la dette ?

Le gouvernement se félicite chaque jour des baisses d’impôts qu’il a décidé pour alléger les difficultés des Français ! En réalité, la part des prélèvements obligatoires dans le calcul du PIB n’a jamais été aussi élevée. Certes, le chef de l’État s’est félicité d’avoir fortement baissé les impôts lors de son précédent quinquennat ! Il dit avoir répondu aux exigences de Gilets jaunes en baissant les impôts sans céder à la facilité qui aurait été d’augmenter la dépense publique. Le gouvernement avait décidé d’une baisse de 50 milliards d’euros d’impôts, moitié pour les ménages et moitié pour les entreprises.

Et pourtant, quand on mesure le poids de l’ensemble des prélèvements obligatoires par rapport au PIB, ce n’est pas ce que l’on observe. En effet, les chiffres de l’Insee en font foi, la somme des impôts, taxes et cotisations sociales perçues par les administrations en 2022 a représenté l’équivalent de 45,4% du PIB, et donc le plus haut niveau jamais mesuré. Objectivement, la pression fiscale aurait diminué, mais quand on prend les données publiques du Ministère des Finances, on constate que les Français ont, en moyenne, payé plus d’impôts sur le revenu en 2022. Les recettes ont atteint 110 milliards d’euros pour 18 millions de foyers imposables contre 100 milliards un an plus tôt pour 17,6 millions de foyers. Cela représente un impôt moyen de 6.100 euros par foyer fiscal imposé en 2022 contre 5.660 euros en 2021.

Le même raisonnement s’applique à l’impôt sur les sociétés payé par les entreprises. Le taux en a fortement baissé lors du dernier quinquennat, passant, pour les grandes entreprises, de 33,3% à 25% en 2022, et un taux réduit de 15% pour les petites entreprises. Cela étant dit, même si les tranches d’imposition ont augmenté, cet impôt a finalement généré beaucoup plus de recettes depuis que le taux a baissé. Les entreprises ont en moyenne réglé chaque année 28.000 € d’impôt sur les sociétés contre 25.700 euros l’année d’avant.

Le gouvernement a donc en apparence baissé les taux d’imposition et supprimé un certain nombre de prélèvements depuis 2017, mais, malgré tout, les prélèvements obligatoires ont considérablement grimpé, d’environ 200 milliards € en cinq ans.

L’accroissement de la dette Publique en France

Plusieurs facteurs contribuent à l’augmentation de la dette publique en France. Les dépenses publiques élevées, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Parallèlement, les faibles niveaux de croissance économique limitent les recettes fiscales et les crises économiques et financières, telles que la crise de la COVID-19, ont entraîné une augmentation des dépenses publiques et une réduction des recettes. On peut y rajouter les coûts liés au vieillissement de la population, notamment en matière de retraites et de soins de santé.

L’accroissement de la dette publique a des conséquences importantes pour l’économie et la société. En effet, une dette publique élevée rendra un pays plus vulnérable aux crises financières, en particulier si les investisseurs commencent à douter de sa capacité à rembourser ses dettes. Par conséquent, le remboursement de la dette et le paiement des intérêts absorbent une part importante des recettes publiques, ce qui limite ainsi la capacité du gouvernement à investir dans d’autres domaines prioritaires. Parallèlement, la dette publique élevée freine la croissance économique, car elle réduit la disponibilité des capitaux pour le secteur privé en augmentant le coût du crédit.

Pour faire face à l’accroissement de sa dette, plusieurs mesures doivent être envisagées. La principale est, selon le gouvernement, de maitriser et de contrôler les dépenses publiques en identifiant les domaines où des économies peuvent être réalisées sans compromettre les services essentiels. Cela s’est d’ailleurs traduit en 2023 par la réforme des systèmes de retraite, et cela pourrait concerner à l’avenir la réforme du système de santé pour le rendre plus durable financièrement.

La maîtrise des dépenses publiques en France est un défi complexe. Une analyse minutieuse des dépenses publiques devrait pouvoir révéler des domaines où des économies peuvent être réalisées. Cela impliquerait donc ce qui manque aujourd’hui dans la stratégie de l’État, une évaluation des programmes gouvernementaux quant à leur efficacité et leur rentabilité.

Les programmes sociaux, qui représentent une part importante des dépenses publiques, doivent être révisés, afin de les rendre plus efficaces, ciblés et durables, sans compromettre les services essentiels. L’optimisation du monde administratif implique de réduire la bureaucratie et de simplifier les procédures administratives afin de susciter des économies significatives, automatisation des tâches répétitives et consolidation des fonctions administratives, tout en profitant du déploiement numérique. Un exemple d’incohérence, embaucher 17.000 personnes dans les caisses de la sécurité sociale, alors que, comme chacun peut le constater, personne ne prend nos appels ! La plupart des services de l’État sont confrontés à ce que l’on appelle le « chatbot » de service.

Une révision de la politique fiscale est nécessaire car elle garantira des recettes adéquates, en minimisant les distorsions économiques. Il faut examiner en profondeur les taux d’imposition, élargir l’assiette fiscale et lutter contre l’évasion et la fraude fiscales.

Les partenariats public-privé (PPP) sont souvent une solution opportune pour financer et gérer certains projets d’infrastructures, ce qui est de nature à réduire la pression sur les finances publiques. Il est toutefois essentiel de garantir que de tels partenariats sont équitables et transparents. Encourager l’innovation dans la prestation de services publics et promouvoir l’efficacité opérationnelle aidera aussi à réduire les coûts en améliorant la qualité des services.

Mais il faut contrôler la dette publique, car trop élevée, elle entraîne des charges d’intérêt importantes, ce qui est, on le sait, un facteur d’aggravation du déficit des dépenses publiques. En 2023, le coût total des intérêts s’est élevé à 53 milliards d’euros. Il est donc plus qu’important de contrôler la dette publique et de veiller à ce qu’elle reste soutenable à long terme.

La maîtrise des dépenses publiques nécessite des compromis et une approche équilibrée pour éviter des répercussions négatives sur les services publics essentiels et la croissance économique. Promouvoir la croissance économique, engager des réformes structurelles et gérer la dette avec prudence sont les clés pour une diminution du poids de la dette publique. La gestion de la dette publique en France est un défi complexe.

Le rôle du peuple dans le contrôle de la dette publique

Les manifestations des Gilets jaunes ont commencé en octobre 2018 et ont donné lieu à de nombreuses actions, semaine après semaine, blocages d’axes routiers et de ronds-points, notamment en province, manifestations nationales chaque samedi, avec une forte médiatisation. Ces manifestations ont amené le gouvernement à réagir, à écouter les revendications explicites sur la limite de vitesse sur les routes, le prix des carburants et, plus accessoirement, le report de la réforme des retraites.

Tout cela n’aura donné qu’une opération de « comm », qui a permis d’étouffer la contestation. Mais les problèmes ne sont toujours pas réglés. Le gouvernement aurait été bien inspiré d’y répondre avec plus d’attention. Car la cote de popularité du parti de gouvernement laisse augurer des résultats catastrophiques lors des prochaines élections européennes.

Le peuple n’est pas aussi aveugle sur ce qu’il se passe au sommet de l’État. Il connait les chiffres économiques qui sont largement diffusés par les médias, et pas forcément par les oppositions. Il a conscience des enjeux et sait traduire les messages cachés derrière les discours publics et les politiques de communication. Les électeurs français sont mieux éduqués à la citoyenneté, ils sont plus informés qu’autrefois et ont une conscience politique plus exercée.

Les Français ont l’esprit d’entreprise. Ils savent que malgré la débauche de communication, les confinements liés à la crise sanitaire vont laisser des traces sur les « petits » ! Ceux qui ont remplacé les serfs et les gueux de jadis, petits agriculteurs, petits artisans, petits commerçants, petits entrepreneurs !

Le nombre annuel de défaillances d’entreprises est en augmentation. 55.492 entreprises ont en effet fait faillite en 2023, selon les données de la Banque de France, un niveau jamais vu depuis 2017. Face à la hausse des taux d’intérêt des crédits et à la baisse de la croissance, les défaillances d’entreprises en France ont augmenté de 35%. Au total, 13.266 procédures de liquidation, de redressements judiciaires et de procédures de sauvegarde ont été ouvertes devant les tribunaux de commerce du 1er avril au 30 juin. Ce niveau dépasse désormais très nettement celui d’avant la crise sanitaire, période durant laquelle il y avait eu 12.347 défaillances.

Et que dire de ce 1er semestre de l’année 2024 qui affiche des chiffres alarmants présumant une année noire !

Les revendications des Gilets jaunes ne sont pas restées lettre morte car elles ne concernaient pas seulement les gens simples présents sur les carrefours, mais touchaient l’ensemble des Français au travail ou à la recherche d’un emploi, les Français qui ont besoin de carburant pour aller travailler, ceux qui voient arriver l’âge de la retraite avec l’inquiétude de ne plus pouvoir vivre décemment de leurs années de labeur.

Les Français ne se laisseront pas dépouiller. D’abord de leur démocratie ou de leur République gagnée à force de sueur, de sang et de révolutions. De leurs efforts pour faire vivre leur pays et leurs traditions, leur héritage et leur culture. Jamais ils n’accepteront de laisser dépouiller de leur propre vie de travailleurs !

Il faut rappeler qu’à la différence des manifestations traditionnelles, coordonnées par des organisations syndicales, le mouvement des Gilets jaunes s’est développé d’abord sur le web, au travers des réseaux et médias sociaux qui ont joué un rôle de catalyseur dans la mobilisation à travers la France. Les syndicats, n’ont coopéré ensuite que « du bout des lèvres » aux revendications légitimes des Gilets jaunes concernant le pouvoir d’achat, le prix de l’essence ou la justice sociale.

La réforme du système des retraites a été votée par les députés dans des conditions très controversée, avec le recours légal, mais abusif et renouvelé à l’article 49-3 de la Constitution. Cette réforme a fait, pendant 6 mois, l’objet de manifestations récurrentes et souvent très violentes du fait de l’implication systématique des Black Blocs, et de l’incapacité des services de police de contrôler leurs agissements. La colère des Français, des « petits et des sans grades » en est devenu encore un peu plus froide, face au constat des dégradations de l’espace public et face à l’impunité dont ont joui les fauteurs de troubles.

Aujourd’hui, les raisons qui avaient poussé les Français à occuper les ronds-points ou à monter sur Paris pour défiler dans la capitale durant plus de six mois, sont toujours d’actualité. Les questions soulevées par le mouvement sont toujours d’actualité, que ce soit le prix des carburants ou le coût de la vie. Ils sont toujours au cœur du ressenti citoyen et de la colère sourde qui anime les Français. La protestation portera peut-être sur de nouveaux modes de mobilisation, mais la classe politique peut et doit s’inquiéter. Elle doit répondre réellement aux préoccupations des Français et considérer les soutiens qui sont apportés au désarroi des citoyens, avec tous les risques de récupération par l’extrême droite.

Cela rappellera aux Français nés dans l’après-guerre, le mouvement très politique d’un certain Pierre Poujade qui revendiquait la défense des commerçants et des artisans. Il considérait en effet les artisans et les commerçants comme mis en danger du fait du développement des grandes surfaces dans la France de l’après-guerre, et il condamnait l’inefficacité des élus qui peuplaient les « chambres » du parlement sous la Quatrième République. C’était déjà le sujet qui nous anime aujourd’hui ! Les élus sont-ils les représentants de ceux qui les élisent et agissent-ils pour défendre leurs intérêts et leur « vie » ?

Le terme de « poujadisme » pourrait ainsi revenir à la mode. Il désignait alors les activités de l’Union de défense des commerçants et artisans, syndicat dirigé par Pierre Poujade, et de l’Union et fraternité française, bannière utilisée pour participer aux élections. Ce mouvement a été assimilé à un corporatisme réactionnaire et à un conservatisme de « petits-bourgeois », mais ses fondements pourraient renaître chez des Français qui veulent protéger les valeurs anciennes d’une France attaquée sur tous les fronts, par les lobbies financiers, par la culture mondialiste et par la perte de ses valeurs fondamentales.

Le poujadisme peut en effet être considéré comme l’expression d’un mouvement de révolte des classes moyennes, tout comme l’aura été, durant de nombreuses semaines, les Gilets jaunes. Le Poujadisme a emmené des députés à l’Assemblée nationale. On y comptait parmi des bouchers, des boulangers, des épiciers, des libraires. On dit que les méthodes de l’action politique d’alors étaient musclées durant les manifestations poujadistes.

Les partisans de ce mouvement avaient parfaitement conscience que, comme s’en rendent compte aujourd’hui beaucoup de Français, il y a au moins deux catégories de contribuables. D’un côté, on trouve ceux qui sont perpétuellement sous la pression fiscale d’un État sans limites, d’autant plus depuis que les impôts sont prélevés à la source, et d’un autre côté, il y a tous ceux, gros contribuables et grandes fortunes, lobbies financiers et entreprises multinationales, qui disposent de tous les moyens juridiques pour fuir l’impôt ou adapter leur fiscalité à leurs intérêts égoïstes sans participer à l’effort national dont ils profitent.

Les mouvements de révolte contre l’arbitraire économique viennent régulièrement scander la vie publique française, dans une société qui n’assume pas son universalité. Doit-on rappeler ici la loi de 1968 sur l’Assurance maladie obligatoire des travailleurs non-salariés qui avait provoqué la colère de nombreux artisans et commerçants et abouti à la création en 1970 du CIDUNATI. Son leader, Gérard Nicoud, qui voulait incarner une révolte antisystème et anti-gouvernementale, avait mené le combat pour une protection sociale accessible, et plus précisément contre les taxes et les impôts qui accablaient ces professions. Il avait notamment combattu les avantages que tiraient les grandes surfaces d’un régime à leur avantage.

On sait aujourd’hui combien ces régimes préparaient au changement fondamental du monde économique par la mondialisation. Les « petits » devaient disparaître face aux appétits grandissants des grands groupes. Reprenant les thèmes du mouvement poujadiste des années 1950 dans cette période des « Trente Glorieuses », les petits commerçants et les travailleurs indépendants ne se sentaient pas pris en considération par l’État. Le CIDUNATI obtiendra ainsi des avancées concrètes de la part de l’État et des textes comme la loi Royer seront votés pour renforcer la protection du petit commerce et de l’artisanat,

Pourquoi ces différents rappels historiques ? Pour donner à réfléchir sur cet éternel recommencement des abus ! C’est tellement facile de prélever « la gabelle » dans la poche de ceux qui travaillent et qui n’ont pas les moyens de se défendre ! La CGPME, syndicat patronal, représente les TPE-PME qui sont le cœur économique de notre pays ! Elle doit se saisir de ce que l’on peut sans doute assimiler à une forme d’injustice sociale.

Non, pour « récupérer » quelques petits 20 Mds d’euros au regard de la dette publique, l’État ne doit pas affaiblir le « poumon » de notre économie hexagonale ! Et oui, un « entrepreneur » doit émerger dans e débat public pour défendre la création de valeurs !

Non, il ne faut pas craindre le « mammouth » ! Et oui, le temps des partenariats publics-privé est arrivé pour une vraie croissance pérenne !

Bernard Chaussegros


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne