L’échec de la venue de Laurent Ruquier, trois mois à peine après son arrivée sur BFMTV, marque-t-il précisément la fin de ce mélange permanent des genres entre information d’un côté et distraction de l’autre? C’est une vraie question. Le journalisme et la crédibilité des médias n’est-elle pas suffisamment entamée pour que nos principaux journaux d’information, notamment radio et télé, y réfléchissent à deux fois avant de faire coexister dans des mêmes formats d’actualité des commentaires journalistiques entremêlés d’interventions d’humoristes de bon ou mauvais aloi, sans que la différence soit bien marquée entre les deux ?
C’est ce qui se passe déjà dans de nombreuses matinales (RTL, France Inter, Europe 1, Sud Radio…) radios où aucune tranche désormais n’échappe à son comique de service. Et souvent, on s’y perd. Qui est sérieux, qui ne l’est pas? Qui est journaliste, qui est humoriste ? Parfois, on ne distingue même plus si c’est l’invité (souvent un homme politique) qui parle ou l’imitateur. N’est-ce pas un comble…
Une confusion qui rajoute au malaise général du sérieux de l’info. Ne vaudrait-il pas mieux dans ce contexte tenter de chercher à renforcer le sérieux et la crédibilité plutôt que de mixer les genres dans un mélange ambigu? Avec l’avènement des réseaux sociaux et des infox, on attend encore plus des grands médias et notamment qu’ils restent des références en la matière.
L’arrêt de Laurent Ruquier (avec une audience en baisse de 11 000 téléspectateurs en 3 mois) est peut-être un premier signe avant-coureur. L’animateur des Grosses Têtes sur RTL, âgé de 60 ans, n’a pas démérité. Il avait été appelé par Olivier Fogiel pour redresser l’audience de BFMTV sur la case 20h-21h. Un créneau horaire très disputé avec Cyril Hanouna (C8), Yann Barthes (TMC), Anne-Elisabeth Lemoine (France 5) sans oublier Pascal Praud (CNews), qui ne lui ont guère facilité la tâche.
Ce dernier enregistrant la plus forte progression d’audience, 17 % en 3 mois, pour atteindre 861 000 téléspectateurs en moyenne par soir, soit quelques 4,2 % du public. Un bon exemple qui montre que lorsqu’on arrête de prendre nos compatriotes pour des esprits simplets, inaptes à pouvoir suivre dans leur entier des émissions d’actualité dénuées de tous gags; cela peut marcher également.
Robert Lafont
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Analyse intéressante, mais chez Bartez, la propagande » bienpensante » sous couvert d’humour, comme sur France Inter*, ça continue hardi petit!…
*France-Inter-national-socialiste