Une boulimie qui en dit long de la part de cet ex-grand commis de l’État de 58 ans qui dissimule mal une vraie envie de revenir à la lumière. Lors de sa nomination surprise à Matignon en 2020, certains avaient beaucoup misé sur le pragmatisme et l’esprit bon enfant de ce tempérament fleurant bon le terroir, et qui ne pouvait que trancher avec le style de son prédécesseur Édouard Philippe.
Celui que le magazine Journal de France avait qualifié alors de « Bulldozer » (en référence à Jacques Chirac) et qui avait été recommandé chaudement à l’Élysée par Nicolas Sarkozy, laissera finalement une empreinte mitigée. Pas de réformes d’envergure, une gestion pointilleuse et réglementaire du Covid, fidèle à la règle du « quoi qu’il en coûte », avec une redistribution dispendieuse laissant apparaître qu’on aurait pu être bien plus rigoureux au plan financier. Il suffit de se comparer à nos voisins européens.
Jean Castex et certains de ses amis croient pourtant dur comme fer qu’il est l’homme de la situation pour succéder en 2027 à Emmanuel Macron. On l’a vu, récemment, le 9 avril dernier, être reçu à dîner par un groupe de 20 sénateurs, même si l’ex-maire de Prades (Pyrénées-Orientales) continue d’indiquer qu’il n’est « candidat à rien ». De telles déclarations ne trompent personne. Nos concitoyens ont appris désormais à juger sur pièce. Tant ils savent bien, qu’au-delà du caractère apparemment bonhomme de l’homme passionné de chemin de fer, ce sont les actes qui comptent.
Et c’est à cette aune qu’ils entendent faire leur choix final lors du vote de 2027. Un avertissement qui vaut aussi pour Gabriel Attal, qui ne doit pas tarder à engager des réformes courageuses (assurance chômage, réforme de l’État, insécurité, immigration…) s’il veut pouvoir se prévaloir d’un bon bilan, que la seule interdiction de l’Abaya ne suffira pas à étoffer.
À ce sujet, à la RATP, dont il est d’ailleurs l’actuel président, l’homme de Vic-Fezensac dans le Gers n’a rien prouvé de spectaculaire non plus ! Pour la seconde année consécutive, la Régie enregistre un déficit annuel de 109 millions d’euros en 2023, venant après les 26 millions de pertes nettes en 2022. Cela fait désordre même si le chiffre d’affaires a lui continué de progresser de 7,2 % pour atteindre 6,5 milliards d’euros. Plus que jamais, la seule communication ne suffit plus ! Nos concitoyens veulent des engagements et des résultats. Et ils ont bien raison. Cela fait 40 ans que l’on attend un redressement fort du pays.
Robert Lafont