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Immigration clandestine : ces chiffres que le pouvoir nous cache

Pourquoi Pierre Moscovici a-t-il retardé la publication du rapport de la Cour des comptes sur la lutte contre les clandestins?

Pierre Moscovici, président de la Cour des Comptes

S’il y a bien une utilité aux volumineux rapports établis par la Cour des comptes, c’est bien à l’attention de notre représentation nationale. Or, le président de la Cour, Pierre Moscovici, a préféré retarder ladite publication précisément pour « ne pas interférer avec le débat politique ». Une décision qui ne l’honore pas et qui ne témoigne pas d’une grande confiance de sa part au libre débat public dans son ensemble! Quelle pudeur de gazelle pour des informations attestées et qui auraient justement permis aux députés et aux sénateurs de quitter les invectives et les dogmes pour s’appuyer sur des faits contrôlés et établis.

Un rapport qui tombe à point nommé tant la faillite en matière de lutte contre les immigrés clandestins semble patente. En s’appuyant sur un tel rapport, nul doute que nos députés et sénateurs auraient pu aller encore plus loin dans leurs mesures de restrictions et de coercition. L’impuissance semble en effet généralisée. Ainsi, et selon le rapport, bien que « la France a prononcé 240 000 refus d’entrées à ses frontières intérieures entre 2018 et 2022 », la Cour déplore que « le nombre d’entrées irrégulières s’accroît ».

Faut-il reparler encore des OQTF qui ne sont absolument pas exécutées dans notre pays puisqu’à peine 10% d’entre elles sont mises en œuvre. Chez nos voisins allemands, le chiffre avoisinerait les 40 %. Une impuissance probablement voulue et acceptée en haut lieu car comment comprendre qu’on laisse, selon les termes même du rapport : « des préfectures surchargées et commettant régulièrement des erreurs de droit face à un cadre juridique particulièrement complexe » et qui, du coup, « n’assurent quasiment plus la défense contentieuse de leurs décisions devant les juridictions administratives. » Une impuissance publique clairement consentie alors que le coût officiel de cette politique de « lutte contre l’immigration irrégulière » est de 1,8 milliard par an.

Sur le terrain, le rapport de la Cour ne se prive pas de dénoncer cette impéritie publique notamment sur les contrôles sur le terrain opérés aux frontières. Selon elle : « ceux-ci restent très limités. La police aux frontières ne relève que l’identité déclarée des personnes interpellées, sans l’intégrer dans un système d’information national. Les empreintes des étrangers interpellés ne sont pas prises en l’absence de cadre légal. » « Elles ne font pas l’objet de vérification avec les fichiers de police. » Et de recommander urgemment la création d’un fichier central unique permettant de « recueillir et conserver les données d’identité des étrangers interceptés ». Cela paraît tellement évident. Qu’attend-on pour ce faire depuis le temps.

Et pendant ce temps-là, les services de la place Beauvau continuent de se targuer d’un bilan flatteur et en trompe-l’œil évoquant « 4686 étrangers délinquants expulsés en 2023, en hausse de 30 % par rapport à 2022 ». Des chiffres minimes et qui, de surcroît, ne concernent que les délinquants et non les autres sans-papiers!

Mais cela ne trompe personne. N’oublions pas que devant le Sénat en novembre dernier, Gérald Darmanin avait reconnu que le chiffre le plus plausible de clandestins présents en France avoisine les « 600 à 900 000 personnes ». Un chiffre mirifique à mettre en parallèle avec les seuls 35 000 départs qui, chaque année, quittent le territoire. Une proportion dérisoire qui démontre qu’on a pris trop longtemps nos concitoyens pour des gogos sur ce sujet si essentiel de la maîtrise des flux migratoires. Des flux qui ne cessent de s’accroître.

Ainsi, selon la Cour, il y avait encore en juin dernier plus de 439 000 bénéficiaires de l’Aide Médicale d’État (AME). Ce n’est qu’un signe de plus. Dans la rue, les clandestins sont désormais partout. On en trouve désormais à Paris dans tous les quartiers, avenue Georges V ou porte de Saint-Cloud où ils couchent dans les squares sans que personne ne s’en offusque ! Et ne parlons pas de la mairie de Paris !

Si Pierre Moscovici ou Emmanuel Macron croient que c’est en masquant le sujet qu’on arrivera à y faire face. C’est tout l’inverse. Gageons même que c’est l’un de ces sujets sur lesquels nos gouvernants sont désormais attendus en premier. Beaucoup de nos concitoyens sont en train de comprendre que l’impuissance publique en la matière est peut-être aussi un moyen détourné de diluer un peu plus notre souveraineté dans un ensemble plus vaste, fédéraliste et ouvert à bien des vents. Car sinon, cela fait longtemps qu’on aurait pu intervenir, avec ou sans l’Europe. Ceci dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire à l’instar de ce qui vient de se décider au Danemark. La France le mérite elle aussi et en premier chef !

Robert Lafont


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