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Ce n’est pas CNews qu’on veut interdire, mais la liberté !

Faire confiance au pluralisme plutôt qu’imposer partout une ligne politiquement correcte.

Entreprendre - Ce n’est pas CNews qu’on veut interdire, mais la liberté !

Voir une association comme Reporter sans frontières venir défendre l’indépendance sans l’être elle-même au plan financier, a déjà quelque chose d’ubuesque. La voir s’attaquer de surcroît à un média privé, indépendant et sans subvention, en lui reprochant de ne pas l’être, pourrait s’apparenter à du comique de situation. D’autant plus que prospèrent, dans le même temps, des médias de service public, financés par l’État et qui à ce titre devraient être astreints en premier chef à un minimum d’équité et de retenue. Et que parmi eux, certains se permettent sans justification, ou déontologie, d’interdire d’antenne de grands esprits aussi différents que Michel Onfray, Gilles-William Goldnadel voire François Asselineau. Et cela sans rappel à l’ordre ni de Reporter sans frontières, ni de l’Arcom, du Conseil d’État ou du gouvernement. Deux poids deux mesures qui ne manquent pas d’interpeler.

Pour ceux qui l’ignorent encore, Reporter sans frontières est une ONG financée à majorité (52 %) sur fonds publics, et le reste avec du mécénat privé dont 300 000 euros en 2021 d’un certain Georges Soros. Le fameux milliardaire américain qui subventionne en Méditerranée les bateaux de débarquement en Europe des immigrés clandestins. Comme on se retrouve ! Son secrétaire général, Christophe Deloire, ne cache pas non plus ses opinions et c’est tout à son honneur. Mais qu’il arrête de se prendre pour une autorité morale, comme lorsqu’il déclame que CNews constituerait bien « une menace » pour la démocratie. Son président Pierre Haski, ancien journaliste de Libération n’a jamais dissimulé ses opinions non plus. Cofondateur de Rue89, il officie encore sur France Inter. À moins que Christophe Deloire ne tente, en se gauchisant, de faire oublier ses déclarations antérieures datant de 20 ans lorsque, journaliste au Point, il osait monter au créneau pour dénoncer « l’islamisation » en cours de la société française.

Le coup vient sans doute de plus loin. En juillet dernier, l’Élysée aurait alloué quelques 2,9 millions d’euros pour faciliter l’organisation d’un forum qui sous le vocable ronflant d’« États généraux de l’information », n’avait qu’un objectif : éliminer ou mettre au pas une chaîne, CNews, propriété de Bolloré qui, visiblement, avait un grand défaut. Celui d’informer un peu trop les citoyens sur des sujets sensibles (Crépol, immigration, insécurité…) sur lesquels, visiblement, il valait mieux ne pas trop s’étendre.

La stratégie était claire. La ministre de la culture de l’époque, Rima Abdul Malak, n’avait-elle pas dès juin dernier dans un aveu aussi maladroit que prémonitoire proféré avec un cynisme hallucinant des menaces sur le droit d’émettre pour CNews et C8, chaînes du groupe Bolloré. En septembre dernier, le président de l’Arcom, Roch-Olivier Maître a répondu que : « CNews respecte strictement le pluralisme politique. » Mais cela n’a pas suffi.

Quelques mois plus tard, nous y sommes. L’ONG ouvre la boîte de Pandore en lançant un recours devant le Conseil d’État contre l’Arcom qui refusait d’incriminer CNews. Et le fondateur historique de Reporter sans Frontières, Robert Ménard, l’actuel maire de Béziers, de s’étouffer quand il a appris que son ancienne association censée militer pour la liberté d’expression, allait le faire mais pour restreindre le droit à l’information, précisément le but inverse qui présidait à sa création. Ainsi va le monde.

La vérité est que débordée par l’ampleur des problèmes et la perte de crédibilité, une certaine gauche extrême ne trouve pas de meilleure parade que d’empêcher certains de s’exprimer. La vérité est qu’elle ne fait pas confiance aux citoyens pour eux-mêmes choisir le ou les médias qu’ils ont envie de lire, regarder ou écouter.

On avait eu droit au même débat lors de la nomination à la tête du Journal du Dimanche de Geoffroy Lejeune. Beaucoup de confrères s’en étaient inquiétés, lui reprochant de venir de Valeurs Actuelles ! Pourtant, s’il y avait des dérives au JDD, il y avait toujours possibilité dans un pays de liberté de lire autre chose voire de lancer un nouveau titre dominical. Et c’est ce qui s’est produit avec La Tribune Dimanche et Rodolphe Saadé.

C’est ce pluralisme qui est une chance dans une démocratie. Si CNews dérange tant les donneurs de leçon, les téléspectateurs gardent tout loisir de se rabattre sur d’autres chaînes. Le problème, c’est que c’est l’inverse qui se produit, et que de plus en plus de Français font précisément confiance à CNews, à Pascal Praud, Laurence Ferrari, Olivier Benkemoun, Yohann Usai ou Eliot Deval pour mieux les informer face au service public, LCI ou BFM. Félicitons-nous-en au lieu de vouloir revenir au temps de l’inquisition et du grand fichage généralisé. Cette liberté d’informer n’a pas de prix. Et si elle reste sans doute le plus mauvais des systèmes, c’est à l’exception de tous les autres.

Ne nous y trompons pas ! La mise en cause de CNews, si on continue de vouloir y porter atteinte (ce serait une première en Europe et dans une démocratie occidentale), sera considérée par beaucoup de nos concitoyens comme une atteinte fondamentale au principe de liberté auquel ils restent tous très attachés. Inutile de dire qu’ils ne laisseront pas faire ! Nous en ferons partie.

Robert Lafont


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1 commentaires sur « Ce n’est pas CNews qu’on veut interdire, mais la liberté ! »

  1. Hallucinant c’est une entreprise scandaleuse! Que pascal Prost fasse des petits pour crier et faire croître les chaînes de Bollore. Honteux ce qui se passe.

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