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Un ostéopathe trouve en Russie les moyens de réaliser des recherches que la France lui refuse

Jean-Pierre Marguaritte, ostéopathe de la première heure, a créé le Traitement Vasculaire Ostéopathique dit TVO qui met en application un principe essentiel de l’ostéopathie. En décembre 2023, il est invité par le Docteur Dmitry MOKHOV, directeur de l’institut d’ostéopathie de Saint-Pétersbourg,  à venir transmettre sa méthode aux médecins ostéopathes russes avec la programmation de recherches scientifiques en perspective. 

Entreprendre - Un ostéopathe trouve en Russie les moyens de réaliser des recherches que la France lui refuse

Il est tout de même étonnant que vous n’ayez pu obtenir de soutien en France pour faire de la recherche et ce d’autant plus que la communauté scientifique qui soulève le manque d’efficacité de l’ostéopathie est en attente de preuves scientifiques. 

Jean-Pierre Marguaritte : Oui c’est même décevant car le protocole d’étude a été rédigé par un médecin angiologue auteur de nombreuses publications et que la demande auprès du Comité de protection des personnes qui donne son avis pour la réalisation d’une étude, a été déposée conjointement avec le département recherche d’une grande école d’ostéopathie. Une deuxième tentative n’a pas eu plus de succès. Les membres de cette commission sont essentiellement des médecins et des auxiliaires médicaux, kinésithérapeute et infirmier, autant vous dire que leur connaissance de l’ostéopathie doit être limitée.

Quelles raisons ont été évoquées par ce comité ?

Jean-Pierre Marguaritte : Ne comprenant pas très bien ce refus, nous avons fait analyser les motifs par un professeur de médecine en soutien de notre initiative. Son explication est claire, ils ne voient pas l’utilité de cette étude.

Et quel était son objectif ?

Jean-Pierre Marguaritte : Elle visait à tester l’efficacité de la pratique du traitement vasculaire ostéopathique (TVO) dans la lombalgie chronique associée à un trouble digestif. Ils n’ont pas compris le lien existant entre la lombalgie chronique et un trouble digestif.

Mais  l’existence de ce lien a-t-elle été prouvée ?

Jean-Pierre Marguaritte : Le Professeur Thierry SCHAEVERBEKE, Président de la société française de rhumatologie qui est intervenu en octobre 2023 lors du conférence de consensus au sénat sur les modèles d’évaluation des Interventions non médicamenteuses, déclarait à cette occasion que dans 70% des douleurs chroniques, les troubles fonctionnels du tube digestif étaient majeurs.

Je peux le comprendre pour l’avoir vécu, mais quel est le lien avec la circulation du sang ?

Jean-Pierre Marguaritte : C’est très simple. Un muscle mal vascularisé ne peut répondre correctement à la contraction qui lui est demandée lors d’un mouvement et plus particulièrement en cas d’effort. Il devient hypertonique et limite le mouvement de l’articulation. Dans le cas d’une épaule, par exemple, cette perte d’amplitude favorise une stase du liquide interstitiel et le gonflement des ganglions lymphatiques axillaires en réponse au phénomène inflammatoire provoqué par cette stase, le liquide interstitielle ayant pour charge l’élimination des déchets résultant du métabolisme cellulaire. C’est ainsi que la douleur d’épaule peut évoluer en passant de la simple tendinite qui freine le mouvement vers une capsulite rétractile qui bloque toute mobilisation.

Mais pourquoi tous les ostéopathes n’appliquent pas cette méthode ?

Jean-Pierre Marguaritte : Le TVO n’est pas enseigné dans les établissements de formation alors qu’il met en application un principe essentiel de l’ostéopathie basé sur le rétablissement des flux vasculaires corrects. Je l’enseigne dans le cadre de la formation professionnelle continue depuis 2014. Le nombre d’ostéopathes formés étant maintenant suffisant pour couvrir le territoire national, j’ai fait développer une plateforme pour les référencer. Un système d’auto-évaluation a été étudié pour constituer une base de donnée à partir de laquelle un algorithme va pouvoir évaluer l’évolution de l’état de santé en fonction du mode de vie.

Il ne vous reste donc plus qu’à apporter des preuves scientifiques. 

Jean-Pierre Marguaritte : La communauté scientifique a en effet besoin de preuves, c’est bien légitime et l’ostéopathie peut lui en fournir. Le nombre croissant et constant de la population qui consulte un ostéopathe tend déjà à prouver que l’ostéopathie répond aux besoins d’une part importante de la population.

Mais il existe pourtant des études sur l’ostéopathie ?

Jean-Pierre Marguaritte : Oui bien sûr, mais le nombre de sujets est limité faute de moyens et les résultats sont jugés peu significatifs.  La dernière étude qui a été publiée en France et reprise dans le rapport de l’inspection générale des affaires sociales a été réalisée avec un budget  de 400 000 euros réservé à un chef de service hospitalier hostile à l’ostéopathie qui disposait d’une place stratégique. Les interventions non médicamenteuses qui s’intéressent au patient ne peuvent être évaluées de la même façon qu’un médicament qui traite  une maladie.

Le problème va être identique quelque soit le pays

Jean-Pierre Marguaritte : En octobre 2023,  une conférence de consensus s’est tenue au Sénat à l’initiative du président de la commission des affaires sociales, Philippe MOUILLIER. A cette occasion, le Professeur Grégory NINOT, Président de la « Non Pharmaceutical Intervention Society » a présenté un modèle d’évaluation adapté aux interventions non médicamenteuses. Il suffira de le mettre en application.

Et vous pensez que ce sera plus facile en Russie ?

Jean-Pierre Marguaritte : Les Russes se sont longtemps intéressés au système vasculaire.  Le Professeur Alexander SALMANOFF ancien directeur des villes thermales de Russie, considérait que la vitesse de vieillissement d’un individu est en rapport direct avec l’assèchement de son réseau capillaire constitué par des vaisseaux fins comme un cheveu qui alimentent nos cellules en nutriments et en di-oxygène, et permettent leur nettoyage afin de maintenir leur bon fonctionnement.

Il écrivait « La question n’est pas de trouver un traitement pour une maladie définie mais de restaurer le corps endommagé du patient, indépendamment du diagnostic. La raison de ces anomalies fonctionnelles réside surtout dans les capillaires sanguins » et préconisait des bains de cure à base d’une essence de térébenthine tirée des mélèzes de Sibérie, un bois très résistant au froid. Cette essence pénètre par la peau et provoque l’ouverture et la dilatation des capillaires.

Et comment avez-vous établi un contact avec l’Université de Saint-Pétersbourg ?

Jean-Pierre Marguaritte : Un confrère qui dispense une formation sur le traitement des nouveaux nés nous a mis en relation. L’Université russe a entrepris des recherches qui ont permis de valider l’efficacité de l’ostéopathie appliquée au nouveau-né et au jeune enfant. C’était en 1988 lorsque Viola Frymann fut désignée par l’American Osteopathic Association (AOA) pour représenter l’ostéopathie lors d’échanges scientifiques entre américains et soviétiques. Elle a ensuite été sollicitée pour venir enseigner à l’Université de Saint-Pétersbourg en 1991.

Vous ne craignez pas de froisser vos interlocuteurs politiques en vous rapprochant des Russes ?

Jean-Pierre Marguaritte : J’ai eu un moment d’hésitation, mon entourage a tenté de m’en dissuader compte tenu du contexte actuel mais d’une part, je pense que dans tout conflit, les torts sont souvent partagés et parfois pas du coté que l’on veut le faire croire, alors je ne porte pas de jugement. La santé ne doit pas avoir de frontières et l’ostéopathie est universelle.

Un éminent neurochirurgien de mes connaissances se rend régulièrement à Moscou. Il n’a jamais eu en France autant de moyens pour la recherche qu’en Russie. Une autre relation, médecin, fait partie d’un groupement qui mène des travaux de recherche en médecine quantique. Ces personnalités médicales entre autres m’ont fortement encouragé à saisir cette opportunité.

Alors franchement, je n’hésite pas un seul instant. La recherche en Russie a toujours été très développée dans le domaine de la santé. Je pense que la conquête de l’espace y a fortement contribué.

Un programme a t-il déjà été établi ?

Jean-Pierre Marguaritte : Oui,  le 27 avril prochain j’anime une visioconférence de présentation du TVO aux médecins ostéopathes de l’Université et nous avons fixé une date pour une première formation en 2025. 

Propos recueillis par Robert Lafont


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