Tribune de Jean-François Marchi,
Il arrive que l’on soit surpris par l’expression de telle attitude que l’on n’avait pas imaginée chez un de nos amis, ou relation épisodique à l’occasion d’un petit événement de la vie quotidienne, fortuitement dévoilé, qui jette un regard inattendu sur notre pratique sociale. Ainsi de la crainte qui demeure chez certains de ne pas vouloir révéler la nature profonde du lien d’admiration qui les relie à des personnages considérables, dont la faveur a malheureusement souffert des révisions et relectures de l’histoire, cette mode qu’actionne depuis la nuit des temps la rancoeur des éclopés du destin qu’ont toujours fui généralement la célébrité et la gloire.
Pour dire les choses plus simplement on est étonné de voir certains que l’on avait crédité jusqu’alors du courage de la constance et de la lucidité, hésiter à affirmer leur conviction sous les effets de la mode wokiste et masochiste du jour, qui veut que l’on renie ce que l’on aime de peur de l’impopularité du moment, telle que la définit l’opinion des imbéciles généralement venue d’outre atlantique. En bref, ça ne suffirait pas d’avoir à recevoir les éclopés du monde occidental et du tiers monde, encore faudrait-il faire chorus à leurs injustes et reprocheuses jérémiades. A jeter Napoleon, De Gaulle, Louis XIV et les autres ? Fume ! comme aurait dit le commissaire San Antonio !
C’est à ce moment précis que le retour sur le devant de la scène de Marion Marechal prend du sel et même un regain de saveur. Et si s’en était fini du renoncement et des excuses ?
Va t-on essayer de nous interdire de voter aux prochaines élections ? C’est le moment de relire nos auteurs et surtout nos poètes.
À la Colonne
Oh ! quand il bâtissait, de sa main colossale,
Pour son trône, appuyé sur l’Europe vassale,
Ce pilier souverain,
Ce bronze, devant qui tout n’est que poudre et sable,
Sublime monument, deux fois impérissable,
Fait de gloire et d’airain ;
Quand il le bâtissait, pour qu’un jour dans la ville
Ou la guerre étrangère ou la guerre civile
Y brisassent leur char,
Et pour qu’il fît pâlir sur nos places publiques
Les frêles héritiers de vos noms magnifiques,
Alexandre et César !
C’était un beau spectacle !
…/…
Il fit cette colonne ! – Avec sa main romaine
Il tordit et mêla dans l’œuvre surhumaine
Tout un siècle fameux
…/…
Oh ! quand par un beau jour, sur la place Vendôme,
Homme dont tout un peuple adorait le fantôme,
Tu vins grave et serein,
Et que tu découvris ton œuvre magnifique,
Tranquille, et contenant d’un geste pacifique
Tes quatre aigles d’airain ;
À cette heure où les tiens t’entouraient par cent mille ;
Où, comme se pressaient autour de Paul Émile
Tous les petits romains,
Nous, enfants de six ans, rangés sur ton passage,
Cherchant dans ton cortège un père au fier visage,
Nous te battions des mains ;
Oh ! qui t’eût dit alors, à ce faîte sublime,
Tandis que tu rêvais sur le trophée opime
Un avenir si beau,
Qu’un jour à cet affront il te faudrait descendre
Que trois cents avocats oseraient à ta cendre
Chicaner ce tombeau !
…/….
Dors, nous t’irons chercher ! ce jour viendra peut-être !
Car nous t’avons pour dieu sans t’avoir eu pour maître !
— Victor Hugo,
Les chants du crépuscule
Allons-nous être interdits de la lecture de Victor Hugo, ô nains du renoncement et poubelles du vide ?
Alors Prince, tu dors?
Il est grand temps de se réveiller quand on porte ton nom.
Jean-François Marchi