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Que fait le drapeau russe dans les rues de Dakar ?

Le Sénégal a longtemps été le phare en Afrique des idées de respect démocratique et d’une conception politique permettant une approche multiculturelle et laïque...

Le président de la République du Sénégal Macky Sall (Agency/ABACAPRESS.COM)

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La chronique économique hebdomadaire de Bernard Chaussegros.

Plus les jours passent, ces dernières années, plus je me dis que le monde marche sur la tête, que les décideurs de ce monde marchent sur la tête. Mensonges et manipulations sont les mamelles de la vie publique de ce premier quart du XXIe siècle. Tout, ou presque, de ce qui est la parole publique, en France comme à l’étranger, est sujet à caution. Où est le respect des valeurs de nos démocraties ? Parti en fumée, avec la démocratie elle-même ! Et en réponse, la confiance des citoyens s’est envolée avec cette fumée qui a l’odeur et les pouvoirs délétères des drogues hallucinogènes. Les spectateurs que nous sommes de la chose publique sont désabusés, on ne croit plus en rien ! Et même quand on lui dit exceptionnellement quelque chose de vrai, le peuple ne croit plus en rien, en dehors de son propre égoïsme et de son individualisme exacerbé !

Dans un monde déjà passablement perdu, un monde de mensonges où les populations, dans un contexte certes plus moderne, se sentent piétinées comme les serfs des périodes les plus noires de l’histoire de l’humanité, tout s’est emballé avec la guerre que la Russie a décidé de mener en Ukraine. Plus que l’attaque d’un pays souverain pour des raisons particulièrement fallacieuses et mensongères, le despote russe a décidé de combattre le monde libre et d’abattre les valeurs de respect et d’humanisme, en profitant du laxisme des dirigeants occidentaux et en se servant des multiples complicités qui lient les États entre eux, qui sont entrelacées entre les États et les grands lobbies financiers et les ententes entre les groupes de profit internationaux.

L’exemple russe avec la mort d’Alexeï Navalny

L’opposant politique historique de Vladimir Poutine est mort il y a quelques jours dans un camp-prison de l’Arctique, où il purgeait depuis 3 ans une peine de 19 ans d’emprisonnement pour divers chefs d’accusation aussi fallacieux que « fraude », « incitation à l’extrémisme » et « réhabilitation de l’idéologie nazie ».

Les médias du monde entier font leur titre sur le fait que, cinq jours après son décès soudain, les supputations allaient bon train. Ses proches accusaient les autorités russes de ne pas vouloir leur rendre sa dépouille pour masquer des preuves. À un mois de l’élection présidentielle russe, cette affaire est embarrassante pour Moscou. Sa compagne et de nombreux dirigeants occidentaux ont unanimement désigné les autorités russes comme responsables de cette mort. « Vladimir Poutine a tué mon mari, Alexeï Navalny. Poutine a tué le père de mes enfants […] », a accusé la veuve du prisonnier.

Bien évidemment, dès la publication de ces accusations, le Kremlin est sorti de son silence et son porte-parole a rejeté ces accusations, les qualifiant de « grossières et infondées ». Des dénégations très semblables à la manière de Moscou quand il s’agit de justifier sa politique d’épuration. On se rappelle de trop de disparitions récentes ou passées pour y croire un seul instant. À commencer par la façon dont a été « liquidé » Evgueni Prigojine, le fondateur du groupe Wagner, l’homme des basses œuvres de Poutine en Ukraine, mais aussi en Afrique (et ailleurs). La Libye est devenue, selon l’ONG « All eyes on Wagner », une plateforme logistique du groupe vers le Soudan et ses activités aurifères, et le pays sert également de plateforme de repli des équipes en partance pour le Mali ou la RCA.

« Le groupe paramilitaire Wagner va continuer d’opérer au Mali et en Centrafrique », c’est ce que disait en 2023 le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Selon lui, la mort de Prigojine n’affectera pas la relation entre Moscou et ses alliés africains. Et où se trouvent aujourd’hui les principales activités de Wagner sur le continent ? En Libye, au Mali et au Soudan, en Centrafrique, au Mozambique et à Madagascar, c’est avéré, mais on les soupçonne de s’intéresser de près au Sénégal, à la Guinée, à la Guinée-Bissau et au Burkina Faso.

Pour en revenir à la mort d’Alexeï Navalny, les enquêteurs russes ont affirmé que la cause de sa mort « n’avait toujours pas été établie ».

La communauté internationale a aussitôt fait part de son émotion et de sa stupeur après la diffusion de la nouvelle. Le président américain a déclaré que « Vladimir Poutine [était] responsable de la mort d’Alexeï Navalny » et le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, que la « Russie de Poutine a fabriqué des accusations contre lui, l’a empoisonné, l’a envoyé dans une colonie pénitentiaire dans l’Arctique et maintenant [qu’il] est mort tragiquement ».

Pour de nombreux citoyens du monde libre, Alexeï Navalny « a été tué comme des milliers d’autres qui ont été torturés à mort à cause d’une seule personne, Poutine, qui ne se soucie pas de qui va mourir tant qu’il conserve sa position ».

Emmanuel Macron a fait part de sa « colère » et a accusé la Russie de « condamner à mort » les « esprits libres », tandis que son ministre des Affaires étrangères soulignait que l’opposant russe avait « payé de sa vie sa résistance à un système d’oppression ».

Poutine, en menant ses guerres personnelles contre toutes les formes de liberté, a déstabilisé la planète entière. Mais il a été largement secondé par d’autres qui ont profité de la situation pour s’enrichir ou pour faire avancer leurs idées liberticides, comme, par exemple, les communautaristes de tous bords. Il veut « exporter » sa guerre sur d’autres continents et plus particulièrement en Afrique.

La mainmise russe sur l’Afrique

Les menées étrangères qui ont cours en Afrique depuis plusieurs décennies et les manœuvres organisées dans les pays de l’Afrique subsaharienne, sous l’influence de la Russie ou de la Chine, qui aimeraient se « partager le gâteau » que dégustaient depuis longtemps les anciens colons, on n’ignore rien des manipulations d’opinion dont la France a été victime, du fait des mensonges distillés auprès des populations locales par les groupes paramilitaires comme Wagner et les usines à troll russes. Il faut donc prendre du recul sur ce que se dit de la situation au Sénégal.

On sait aujourd’hui de quelle façon la France a été chassée du Mali, du Niger ou du Burkina Faso, et notre propre opinion publique devrait comprendre à quel point les pays d’Afrique de l’Ouest sont manipulés par des communautarismes dont l’influence dépasse la seule conscience locale, un phénomène pervers qui s’étend dans le monde entier, pour prendre le pouvoir économique et politique et s’enrichir aux dépens des peuples bernés.

Dans le combat qui oppose les pays occidentaux au terrorisme djihadiste, la guerre est depuis longtemps déclarée, de façon larvée, entre les défenseurs de la laïcité démocratique ouverts aux libertés individuelles et les terroristes islamistes qui ont le projet de mettre en place la charia dans cette partie du monde et, dans leurs rêves les plus fous, jusqu’en Europe occidentale.

Ce sont les bien-pensants de l’islamo-gauchisme, comme un certain parti dont le dirigeant se revendique d’être « la République », qui, sous des prétextes fallacieux de respect d’autrui et de pseudo-fraternité, sont largement reprises par ceux que l’on qualifie en Europe d’islamo-gauchistes, et qui diffusent des idées mensongères aussi sûrement que le font les usines à troll russes. C’est ainsi que sont répandues au sein de la population française elle-même des idées contribuant à favoriser les menées de l’islam dans des opérations de grande envergure dont l’objectif est la conquête politique.

Le Sénégal a longtemps été le phare en Afrique des idées de respect démocratique et d’une conception politique permettant une approche multiculturelle et laïque. Au fil des bouleversements politiques au sein des hautes sphères du pouvoir, il a poursuivi son chemin pour un développement harmonieux mais aussi rigoureux, permettant de conserver les bases solides d’un véritable État de droit. Aussi est-ce avec méfiance qu’il faut analyser les motivations des actuels opposants au président SALL.

Que fait le drapeau russe dans les rues de Dakar ?

Tous les témoignages confirment cet état de fait : on comprend mal la présence de drapeaux russes dans les manifestations soi-disant populaires qui se voient ces dernières semaines à Dakar. L’année dernière déjà, ces drapeaux insolites étaient arborés par ceux qui manifestaient pour la libération des opposants incarcérés au Sénégal. Et qui sont-ils, ces détenus qualifiés par un dirigeant politique français bien connu de « détenus politiques » ? Des personnalités qui rêvent de voir s’étendre en Afrique des régimes islamistes et antidémocratiques, des militants d’une gauche extrême qui sont ouvertement soutenus et financés par le régime dictatorial russe, lequel a perdu depuis longtemps ses fondements humanistes communistes.

Aujourd’hui d’ailleurs, les esprits sont plus clairs sur ces questions ! Si, dans les années 60, on croyait encore que le monde se partageait entre l’Est et l’Ouest, les premiers étaient ces pays de cocagne, communistes, libérateurs, progressistes et défenseurs des libertés fondamentales des peuples, et donc de gauche, les seconds étaient les suppôts du grand capitalisme liberticide, et donc de droite. On avait fini par se rendre compte de l’erreur dans laquelle on se trouvait, en reconsidérant les choses à la lumière des crimes staliniens, des épurations politiques et des errements des systèmes économiques marxistes, avec les exemples russe, mais aussi cubain ou cambodgien.

Le comportement hallucinant de Vladimir Poutine a permis aux opinions publiques mondiales de comprendre que, derrière ses provocations, ses mensonges et ses exactions, se cachait un état fasciste, dont le dirigeant paranoïaque était en train de déstabiliser une grande partie de la planète et multipliait par ses agissements les risques de déclenchement d’un conflit mondial. Des sanctions ont certes été décidées et appliquées contre les intérêts russes, saisies de biens et de capitaux, interdiction de commercer avec l’occident, etc. Mais on finit par douter de la réalité de ces mesures restrictives et coercitives, dans la mesure où l’on sait que la Russie continue de se financer en exportant son pétrole et son gaz aux pays occidentaux. On l’a compris, même si cela se fait de façon insidieuse et que cela soulève clairement la question des complicités que cela nécessite. La Russie continue de financer son effort de guerre, dans le cadre du conflit ukrainien, en vendant ses énergies fossiles qui, par des moyens détournés, viennent approvisionner les raffineries occidentales.

À quoi bon sanctionner ce pays si, très hypocritement, les responsables politiques sont, au moins à la marge, complices de ces « combines » ? L’appât du gain et la recherche de la maximisation des profits nous font de nous de dignes héritiers de l’empereur romain Vespasien à qui l’on prête cette citation : « l’argent n’a pas d’odeur » ! En fait, dans le grand concert des abus économiques qui font des citoyens les premières victimes de la corruption généralisée et de la prévarication, on peut entendre cette comptine enfantine toute simple : « Je te tiens, tu me tiens… ». Et ce n’est certes pas de « barbichette » dont il s’agit, mais d’échanges économiques qui enrichissent jusqu’à l’écœurement les intermédiaires.

Car l’un des effets de la guerre en Ukraine aura été le surenchérissement du coût des denrées alimentaires, de l’énergie, des transports, etc., dans le cadre d’une inflation dont tous les économistes s’accordent à dire qu’elle est injustifiée et injustifiable, mais qui n’en reste pas moins acceptée et malheureusement justifiée par nos dirigeants. Les récentes manifestations des agriculteurs français, ainsi que de leurs collègues européens, en sont la douloureuse illustration.

Et tout cela est dû aux agissements guerriers d’un dictateur que personne ne souhaite réellement contrarier, et ce, en dépit de ses agissements autres que guerriers, comme les manipulations d’opinions, la diffusion de fausses informations ou les attaques virales sur des sites occidentaux comme les banques, les institutions ou les hôpitaux.

Depuis 2020, un réseau de cybercriminels avait lancé plus de 1 700 attaques, aux États-Unis et en Europe, générant des revenus illicites via des demandes de rançon. C’est l’exemple du ransomware LockBit, récemment identifié comme étant le variant le plus actif et le plus nuisible à l’échelle mondiale. L’une des attaques les plus médiatisées avait ciblé l’hôpital de Corbeil-Essonnes en Essonne, il y a deux ans. Dans le cadre d’une opération nommée « Cronos », Europol et la gendarmerie nationale ont réussi à démanteler ce réseau de cybercriminels proches de Moscou et issus des anciennes républiques soviétiques. En effet, il ne s’en prend pas aux intérêts russes, ni à ceux de pays de l’ex-URSS et démontre ainsi des relations pacifiques avec le pouvoir russe en place.

On retrouve ainsi dans les démocraties occidentales des actions de déstabilisation économique et politique développées par la Russie, comme c’est le cas depuis plusieurs années dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, comme au Sénégal, tel que l’on s’en rend compte actuellement. Ce phénomène observé dans d’autres capitales africaines doit être considéré comme un acte d’ingérence intolérable, surtout à la veille d’un scrutin présidentiel où, qui plus est, la présence russe se traduit par la présence renouvelée des drapeaux russes. Il s’agit de toute évidence de la partie émergée d’une géopolitique russe qui use de la propagande et des usines à trolls.

Le curieux soutien de LFI aux opposants sénégalais

Pourquoi Jean-Luc Mélenchon apporte-t-il son soutien au candidat Sonko, emprisonné pour son engagement pour le recours à un islam dur ? Ce dernier est intervenu à l’occasion d’un rassemblement en solidarité avec le Sénégal le 17 février 2024 à Paris. Il a souhaité exprimer sa solidarité et celle des parlementaires insoumis avec le peuple sénégalais en soulignant l’importance du Sénégal dans l’histoire africaine et universelle, ainsi que les valeurs démocratiques et républicaines qu’il incarne.

On continue, en France, comme ailleurs, à « marcher sur la tête » ! L’opposant français a tenu ses propos dans un contexte de tensions politiques marqué par l’adoption du projet de loi portant report de la présidentielle, projet émanant des députés de l’opposition, et non du président Macky Sall qui, dans son discours à la Nation, avait annoncé avoir pris un décret abrogeant celui du 26 novembre fixant la présidentielle à la date du 25 février. De qui se moque Jean-Luc Mélenchon quand il dit :

« Il y a déjà quelque temps que je me fais un honneur de me tenir aux côtés d’Ousmane Sonko lorsqu’il a commencé la bataille qu’il a engagée » mais « ce que nous représentons ici, ce sont toutes les oppositions sénégalaises dans leurs diversités ».

Le leader de la France insoumise s’invite dans la vie politique sénégalaise pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le fait de défendre le peuple sénégalais. Malheureusement, le tribun roule pour lui et ses idées islamo-gauchistes, ce qui en dit long sur la faiblesse de nos élites. On ne peut donc que s’étonner, dans un contexte de guerre larvée contre les valeurs démocratiques et de liberté de notre pays des droits de l’homme, que le leader de LFI poursuive son parcours politique fait d’échecs multiples, dans un extrémisme qui remet fondamentalement en cause l’autorité de la loi et le respect des institutions.
Il dénigre perpétuellement les forces publiques, les institutions judiciaires et politiques, notamment lorsque ces dernières sont incarnées par des personnalités qui ne sont pas de son bord. Il a fait son commerce de différentes polémiques qu’il réserve aux Français, et trouve, ailleurs de par le monde, les alliés les plus étranges pour un humaniste qui se présente comme le représentant de la République, des alliés qui ne sont pas vraiment des modèles en termes de démocratie et qui ne sont certes pas des défenseurs respectueux des droits humains et des libertés.

Imposture

On se retient d’applaudir cette nouvelle imposture de Jean-Luc Mélenchon, si cela n’était pas aussi grave. Alexeï Navalny est mort alors « qu’il faisait une promenade ». Qui cela peut-il tromper, alors qu’il était incarcéré dans la « colonie pénitentiaire numéro IK-3 » située au nord du cercle polaire arctique et construite sur un ancien goulag ? La prison se perd au milieu de centaines de kilomètres de toundra d’un côté et des montagnes glaciales de l’Oural de l’autre. Selon les informations officielles, Alexeï Navalny « s’est senti mal lors d’une promenade et a perdu connaissance ». « Le personnel médical de la colonie est immédiatement arrivé auprès du condamné inconscient et a immédiatement appelé une ambulance. Les médecins ont tenté de sauver l’homme, mais ils n’ont pas réussi à le réanimer ».

On marche vraiment sur la tête en France et ailleurs ! Et que dirait-on, en France, si des opposants au gouvernement étaient internés dans les anciens bagnes de Cayenne, ou sur l’Île du Diable et qu’ils meurent au cours d’une « promenade » ?

Mais rien n’arrête le tribun de LFI qui, en se mobilisant pour des manifestants sénégalais habilement manipulés par les services de propagande russes, nie les dégâts et les sinistres commis par les hordes de partisans de M. Sonko. Il oublie que certains responsables de l’opposition ont appelé la population à attaquer les édifices publics, à piller et à saccager des domiciles et des biens privés. De telles émeutes ont provoqué plus de cinquante morts au Sénégal et de très lourds dégâts sociaux et matériels qui ne semblent pas choquer Jean-Luc Mélenchon. Connaissant ses excès dans quelques faits divers bien connus en France, on peut penser qu’il a cautionné le message publié le 1er juin 2023 par le parti de M. Sonko appelant l’Armée nationale à renverser le Président Macky Sall, démocratiquement élu, et à s’emparer du pouvoir ? Et tout cela alors que le Président Macky Sall, qui ne se représentera pas, appelle au dialogue et à l’échange, en vue de proposer une date pour les élections présidentielles, dans les plus brefs délais, mais dans la sérénité et dans la paix.

On aura tout vu !

Bernard Chaussegros


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