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OL : Jean-Michel Aulas, l’homme qu’on ne voit pas arriver

Sandra Ruhaut/Icon Sport/ABACAPRESS.COM

J’ai rencontré Jean-Michel Aulas pour la première fois en 1988, lorsque jeune bretteur du logiciel de gestion, il partait, à 39 ans, lui président du petit Cegid (fondé en 1983), à l’assaut du leader CCMC, le géant de l’époque de la gestion informatique et comptable. La presse ne donnait pas trop cher de ce raid surprise aux forces inégales. La grenouille allait-elle réussir à se faire aussi grosse que le bœuf ?

Le magazine Entreprendre, toujours en soutien des challengers et des ambitieux, le mit en couverture de son numéro 25 en octobre 1988. Certains alors nous le reprochèrent avec des phrases du style : « C’est du bluff, il fait cela pour se faire mousser ! » En le rencontrant dans un petit bureau avenue Foch à Paris, j’avais en face de moi un homme à l’allure juvénile, sorte d’étudiant tout droit sorti de l’ISG, poli, réfléchi, presque sans aspérité. Il faut toujours se méfier de ceux qui n’ont pas vraiment l’air. Derrière l’image du jeune dirigeant policé couvait un Rastignac lyonnais bien décidé à prendre une revanche sur le sort et sur le microcosme parisien.

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L’ancien champion de handball qui voulait devenir prof de gym avait bien plus de souffle qu’on ne le croit, et surtout que ses concurrents. Quelques années après, je tombai par hasard sur lui dans un restaurant de la Porte Maillot à Paris. C’était un samedi midi, Aulas déjeunait avec quelques-uns de ses cadres.

Il faut toujours se méfier de ceux qui travaillent sans compter et qui ne lâchent jamais l’affaire. Après tout, c’est un peu comme en sport. Jean-Pierre Papin ne faisait-il pas toujours 20 minutes d’entraînement de plus que les autres, tout seul ? Il a fini Ballon d’Or !

Jean-Michel reste un chef d’entreprise modèle. Et Louis Thannberger, le pape de l’introduction en bourse des PME n’arrête pas de m’en parler. Atavisme lyonnais ? Pas seulement, le président d’IPO n1 ne se lasse pas de raconter ce jour de 1987 où il a pu présenter Aulas à Tapie. Ce dernier recherchait des entrepreneurs aptes à investir dans le football professionnel.

Après avoir échoué à convaincre les cadors de l’époque, Arnault, Bolloré, Mallart ou Pinault de faire comme lui : le patron de l’OM s’est rebattu sur ce jeune outsider lyonnais qui n’a pas tardé à flairer le bon filon. D’autant que l’OL, club flamboyant qui avait connu ses heures de gloires avec les Nestor Combin, Fleury Di Nallo, voire André Guy ou Serge Chiesa, restait une belle endormie à réveiller. Le club de la deuxième ville de France à cette époque ronronnait en D2.

On sait ce qu’Aulas réussit à faire derrière de l’OL Groupe : à savoir le plus grand club français par ses structures, par son stade (Groupama Stadium), sa cotation en bourse et qui a tout l’avenir devant lui avec le groupe américain du millionnaire John Textor et son entraîneur Laurent Blanc.

Jean-Michel est un type particulier. Sa force est de voir toujours plus grand tout en ne lâchant jamais rien sur les détails. Je me souviens qu’un jour, en 2007, il me fit appeler furieux parce que nous avions relayé dans nos colonnes une information relative à une future cession de Cegid. Tel un malpropre, j’étais convoqué, toutes séances tenantes, par le grand Jean-Michel Aulas ; il était déjà au sommet de sa gloire. Refusant de répondre à une telle intimidation, je laissais passer quelques jours avant d’accepter de se rencontrer autour d’un café entre quatre yeux. Il se montra plutôt apaisé, me demandant surtout la parution d’un simple démenti. L’info était vraie, mais il ne fallait surtout pas qu’elle sorte pour ne pas mettre à mal le cours de bourse. J’en connais d’autres qui, pour l’occasion, auraient mandaté un service de presse voire même Anne Méaux. JMA n’est pas comme cela : lui, il va au charbon. C’est son côté sportif.

En 2016, il vendra Cegid à Groupama au prix fort. La fortune de son holding familial Holnest est évaluée aujourd’hui à 420 millions d’euros et il détient plus de 39 participations dans des jeunes pousses prometteuses de l’AgriTech, l’économie verte, la santé ou les BioTech. Que des secteurs d’avenir !

Et vous allez voir qu’on n’a pas fini, à 74 ans, d’en entendre encore parler. À commencer par la présidence de la Ligue nationale du foot féminin. Foot féminin qu’Aulas a déjà marqué de son empreinte avec 8 victoires en Ligue des Champions déjà acquises par les Lyonnaises.


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