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Denis Payre est-il le mieux placé pour représenter les entrepreneurs aux présidentielles ?

Entreprendre - Denis Payre est-il le mieux placé pour représenter les entrepreneurs aux présidentielles ?

Tribune. Devenir Président est un privilège. Nous l’avons réservé aux privilégiés. Nous avons réservé la responsabilité suprême à une classe de super-nantis, qui, loin de mériter cette fonction suprême, ce don de soi, pensent que la fonction les mérite et qu’elle doit leur être offerte en exclusivité. Loin d’un don, on est entré, depuis longtemps, dans l’ère de la confiscation. Confisquer le pouvoir, en faire un privilège réservé à des technocrates, pour qui la présidence n’est qu’un concours de plus, une compétition supplémentaire, le cadeau offert au premier de la classe, qui peut dès lors violer la fonction en toute impunité.

Il faut mettre fin à cette malédiction, qui « pourrit » la France au plus profond de ses fibres, et donne naissance à une génération de seconds de la classe, qui par amertume de n’avoir pu accéder à la fonction suprême, se consolent en confisquant le pouvoir partout où ils le peuvent. Grand Corps d’État, lieux de pouvoir, ils tarissent et asphyxient le pouvoir politique, lui ôtant son ambition dès qu’elle est contraire à la survie de « l’espèce ». Le Politique, lui, est devenu le « sous-animal » d’une course de seconde catégorie, le pantin d’une agitation médiatique, une petite ambition personnelle au service d’intérêts court-termistes. Nous n’avons plus d’hommes d’État, mais un État de sous-hommes.

Le Covid a révélé à quel point la France était finement séparée en 2 camps terrifiants. D’une part l’infiniment petit, l’univers du pouvoir solitaire, exercé dans un conseil de sécurité restreint, se pensant omniscient, niant tous les pouvoirs de notre apparente démocratie, balayant d’un revers de gant royal tous les pouvoirs territoriaux, pourtant élus. Un pouvoir liberticide, armé d’une technocratie qui nous aura servi l’une des plus incohérentes et mensongères gestion de la crise du covid au monde. Et, d’autre part, l’infiniment grand, réduit à la taille d’un nain, à savoir nous, les citoyens, anesthésiés, terrorisés par une peur diffusée à heure de grande écoute, et les élus, réduits au silence.

Nous aurons tout perdu à avoir tout essayé, en ayant cru qu’un homme jeune et trop chanceux, pouvait, d’un clin d’œil de ses yeux bleus, et d’un sourire faussement empathique, nous apporter le vent frais de la politique que nous espérions. Cruelle désillusion.

Il ne faudrait pas commettre la même erreur, en cherchant un candidat dont la seule vertu serait de ne pas venir de la même école. Il est des écoles et des parcours qui ne différent que par l’acronyme qui les distingue, mais dont l’ADN est identique. Celle du privilège, du parisianisme et de la méconnaissance de la réalité Française.

Nous avons besoin d’un Président (idéalement d’une Présidente), enfin différent. Une personne qui considère que la fonction se mérite. Une personne armée, non d’une liste de « courses » facile, faite de mesures tellement prévisibles, mais d’une vision de la France et de son destin Européen. La politique n’est pas une messe, et les mesures nécessaires, ne sont pas des prières accrochées à un chapelet. Les seules mesures utiles sont celles qui servent une vision, partagée par le plus grand nombre. Les seules mesures capables de nous sauver, sont celles qui font du sens, et non celles qui flattent le peuple. La vision n’est jamais servie par la démagogie mais par le courage.

Il nous faut une personnalité hors du commun. Une personne qui ne vienne d’aucun de nos sérails habituels, et qui aura prouvé que le bien commun lui importe plus que tout. Une personnalité dont le parcours atteste de son courage, de sa vision, de sa compréhension des enjeux du monde, et des combats à mener.

La tentation a pu être forte de croire qu’un entrepreneur était forcément la solution. Mais être entrepreneur ne garantit en rien la vision. La Société ne se confond avec nos sociétés que par l’obsession de garantir son fonctionnement optimal, mais la Société n’est pas un simple compte de résultat. La rigueur et la culture du résultat n’a de sens qu’au service d’une vision de l’avenir de notre nation. Oui un entrepreneur, peut comme toute autre citoyen, faire un excellent candidat.

Certains noms, qui ont pourtant prouvé il y a encore peu, leur quasi-nuisance, réapparaissent comme ces virus qui nous accompagnent depuis 18 mois. Des noms qui avaient suscité l’espoir et mobilisé ceux et celles qui n’étaient plus mobilisables. C’est le cas de Denis Payre, qui après avoir suscité une forme d’intérêt, très Parisien néanmoins, a trahi les siens en à peine quelques mois, léguant un mouvement doté d’un nom porteur d’espoir, à de vieux politiques qui l’ont anéanti et réduit en poussière, décrédibilisant au passage tous les entrepreneurs qui s’y étaient investis. On pensait que cette consternante aventure aurait suffi à couvrir de honte son responsable, mais c’était sans compter sur la force de l’ego, et cette caractéristique bien politique, de penser que les français n’ont pas de mémoire. Cette réaction prouve à elle seule, qu’il n’est rien d’autre qu’un « Macron de l’entrepreneuriat », issu du microcosme, d’un autre sérail. Ce serait une erreur terrible d’y accorder la moindre attention. Dangereux même.

En tant qu’entrepreneur, je ne peux y souscrire et je ne suis pas le seul. Quand nous le lui disions, sa réponse était que n’ayant pas eu son « destin » entrepreneurial, nous n’étions que de « sous-entrepreneurs » comparés à lui ! Tout est dit. La même morgue, arrogance, aboutira au même résultat. Denis Payre doit retourner là où il s’était lui-même isolé, pour le bien de tous les autres entrepreneurs et de la société toute entière. La première fois c’est une erreur, la seconde une faute, disait JFK !

La seule candidature dont nous pourrions rêver en France serait celle d’une femme comme Christine Lagarde. Une stature. Une humanité. Un parcours. Dommage qu’elle n’en ait pas envie. Ce n’est pas une raison pour se rabattre sur le premier disponible. Nous n’avons pas besoin d’un président « privilège » et encore moins d’un président par dépit.

Denis Jacquet
Fondateur Day One Movement


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