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Bouygues : une success story familiale

Bouygues, c’est l’histoire d’une épopée entrepreneuriale qui a débuté en 1952 avec Francis Bouygues et se poursuit aujourd’hui avec Martin, le fils, et Edward, le petit-fils.

Reception pour une remise de decorations au Palais de l'Elysee. Paris - 27/09/2010. Martin Bouygues

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Bouygues, c’est l’histoire d’une épopée entrepreneuriale hors du commun qui a débuté en 1952 avec Francis Bouygues et se poursuit aujourd’hui avec Martin, le fils, et Edward, le petit-fils, bientôt seul aux commandes. Une authentique success story familiale.

En février dernier, le groupe Bouygues a vécu un changement de génération. Edward Bouygues, 36 ans, est devenu le nouveau directeur général délégué du géant du BTP, des télécoms et des médias. Cette nomination et ce changement de gouvernance ne sont qu’une première étape.

À terme, Edward prendra logiquement la succession de son père, Martin Bouygues, qui dirige le groupe depuis 1989 – un record de longévité au sein des entreprises du CAC 40 – et restera président. La dynastie Bouygues s’apprête donc à changer de main, mais pas de valeurs. Car celles qui ont présidé aux destinées du groupe français durant plus de cinquante ans resteront après le passage de témoin au fils du PDG.

Bouygues, acteur de la reconstruction de la France

L’épopée Bouygues épouse les soubresauts de l’Histoire de France. Au sortir de la Seconde guerre mondiale, le pays est exsangue. Tout est à reconstruire. Francis Bouygues n’est alors qu’un ingénieur fraîchement diplômé de l’École centrale Paris (en 1947), qui a débuté en tant que directeur de travaux chez Dumont-Besson. En 1952, il devient entrepreneur de bâtiment et applique des méthodes révolutionnaires qui vont faire mouche dans une France brisée par la guerre et encore enfermée dans des pratiques archaïques.

La période de l’après-guerre est un terrain de chasse fabuleux pour les entrepreneurs évoluant dans le secteur du bâtiment et de la construction. Notamment pour ceux qui ont des idées nouvelles comme Francis Bouygues. Sous la IVème République, sa vision moderne et disruptrice pour l’époque lui attire les faveurs des pouvoirs publics. Il est ainsi nommé conseiller technique au ministère de la Reconstruction en 1955. Cette expérience au coeur du pouvoir lui permet d’affiner sa vision industrielle et de comprendre avec précision le mécanisme des commandes publiques qui lui permettra plus tard de signer de juteux contrats.

Son entreprise, E.F.B., renommée Bouygues, se spécialise dans la construction de bâtiments. C’est dans le secteur des HLM que Francis Bouygues va réussir ses premiers gros coups. Au milieu des années 50, il profite de l’ambitieux programme immobilier de l’État qui finance à tour de bras la construction de logements sociaux. L’argent coule à flot et Francis Bouygues en profite. Il constitue son cercle fermé d’ouvriers spécialisés qui le suivront durant plusieurs décennies. L’entreprise grandit à vive allure au rythme des contrats pharaoniques : autoroutes, Parc des Princes, palais des congrès de Paris, aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle… Bouygues devient un acteur de premier plan du secteur des travaux publics et du génie civil.

L’heure de la diversication : LCI, TPS, Bouygues Télécom…

Cette croissance rapide se concrétise par l’introduction en Bourse en 1970. Dans la foulée, Francis Bouygues entame une étape importante de la vie du groupe français marquée par la diversification et l’internationalisation. Bouygues se lance dans les plateformes pétrolières off-shore, rachète un géant de la distribution d’eau, Saur, en 1984, puis TF1 en 1987, mais aussi de nombreux concurrents.

En 1989, le groupe change de main. Après 37 ans de règne, Francis Bouygues passe le témoin à son fils, Martin, lui aussi ingénieur. Il cède un groupe structuré et solide qui domine son secteur. Mais l’héritier ne va pas se contenter de ce legs : il a la ferme intention de continuer à développer ce groupe. Et pour ce faire, il fait appel au même levier que son père : la diversification. La chaîne LCI est avalé par Bouygues ; Bouygues Télécom, un opérateur téléphonique, est lancé, tout comme TPS, un bouquet télé concurrent de Canal+. Malgré cette frénésie qui pousse la multinationale française à s’intéresser à de nombreux secteurs, le BTP reste le principal pourvoyeur de chiffre d’affaires du groupe (50%).

Des grands travaux sous Mitterrand à la fusion TF1-M6

Redoutées par beaucoup de capitaines d’industrie et d’entrepreneurs, les années Mitterrand se révèlent être très porteuses pour la dynastie Bougyes. Le groupe bénéficie des largesses de la politique de grands travaux lancée durant cette période avec la construction d’ouvrages célèbres : la grande arche de la Défense, la Bibliothèque nationale de France, le pont de Normandie, le stade de France… A l’étranger, l’expertise de Bouygues séduit également. L’entreprise tricolore se chargera de la construction de nombreux monuments : la Mosquée Hassan II (Casablanca), le palais des congrès de Hong Kong, la rénovation de La Mecque…

Les années 2000 sont marquées par une reconfiguration du groupe. Martin Bouygues se désengage du marché de l’eau et de l’énergie en Afrique en cédant Saur et Eranove. Il rachète en parallèle le département énergie du suisse Alpiq, investit avec ADP et Air Liquide dans Flying Whales, un fabricant de ballons dirigeables. Dernièrement, c’est bien entendu la fusion entre TF1 et M6 qui a marqué l’actualité de Bouygues. Le groupe industriel français a signé un chèque de 641 millions d’euros pour s’octroyer 30 % du futur géant de la télévision (30 % de part d’audience) qui devrait voir le jour fin 2022.

Si cette opération doit encore être validée par l’autorité de la concurrence, elle démontre d’ores et déjà les ambitions dévorantes de Bouygues dans le secteur de la télévision et du divertissement, tout en confirmant son penchant pour la diversification. Surtout, en gagnant son bras de fer dans la course au rachat de M6 contre trois autres milliardaires aux dents longues — Vincent Bolloré, Xavier Niel et Daniel Kretinsky —, Martin Bouygues a confirmé qu’il était bien, à 69 ans, un capitaine d’industrie sur lequel il fallait encore compter.


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