Xavier Niel passe à l’offensive sur Vodafone Italie

Le propre des grands entrepreneurs n’est pas de ne pas échouer, mais de ne jamais abandonner, même et surtout quand c’est compliqué. Après tout, il y a toujours en business des solutions. Tout est aussi question d’imagination, de détermination et aussi de timing.

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Observez Xavier Niel, le battant président fondateur d’Iliad. À 56 ans, cet innovateur né, parti en 2016 à la conquête du marché des télécoms en Italie, a réussi une percée rapide et remarquable dans le mobile avec Free après une offensive éclair sur les prix et les promotions. Réussissant à acquérir 10,7 millions d’abonnés sur le mobile en moins de 7 ans, l’actionnaire de Mediawan avait aussi besoin de se positionner sur le marché des fournisseurs de services fixes à haut débit, un secteur ultra concurrentiel au-delà des Alpes où l’on compte pas moins de 10 fournisseurs. Et Niel avait fait du rachat de Vodafone Italie sa priorité dans cette optique. Rappelons qu’il s’agit du deuxième opérateur transalpin (avec ses 30 millions d’abonnés) même s’il reste derrière Telecom Italia dont Vivendi (Bolloré) détient toujours 24 % du capital. Malheureusement, sa proposition d’acquisition en février 2022, à hauteur de 11,25 milliards d’euros, n’a pas été acceptée par les actionnaires de l’opérateur britannique.

Loin de se décourager, le fondateur de Station F revient à la charge. Il propose désormais un astucieux nouveau montage financier : un projet de fusion à parité de leurs activités, moyennant un paiement de 6,5 milliards d’euros, et une option d’achat pour pouvoir monter de façon mécanique à hauteur de 10 % chaque année dans le capital. Ce qui représenterait un cash supplémentaire de 1,95 milliard pour pouvoir acquérir l’ensemble.

Xavier Niel, qui a perdu son père récemment, est un esprit curieux et en perpétuel éveil. Il a rappelé récemment que le plus beau jour de sa vie était lorsque son père lui a acheté à l’âge de 16 ans un ordinateur Sinclair en lui disant : « c’est bien de t’en servir, mais surtout, il faut que tu cherches à comprendre aussi comment cela marche de l’intérieur ! ». Visiblement, la leçon a infusé sur son cerveau reptilien et Niel, entrepreneur hors pair et atypique s’il en est, agit sur les nombreux sujets qu’il traite (télécoms, IA, médias, télévision, immobilier, distribution, formation, agriculture…) comme un acteur en perpétuelle ébullition qui sait qu’il y a toujours une solution quand on s’en donne les moyens. Ce qui ne lui a pas trop mal réussi jusqu’à présent et qui étrangement n’est pas sans rappeler aussi le mode de fonctionnement d’un certain Elon Musk. Ce n’est pas un défaut.

Le propre des grands entrepreneurs n’est pas de ne jamais échouer. Mais de chercher en permanence à rebondir ou imaginer de nouvelles solutions propres à se remettre dans le sens de la marche. Une sorte d’optimisme chevillé au corps et de volonté de recherche de solutions, dont nous avons bien besoin et pas uniquement dans les milieux patronaux. C’est tout le pays qui doit renouer avec sa foi dans l’avenir !

Robert Lafont