Je m'abonne

Vin : le fabuleux destin de Florence et Daniel Cathiard au Château Smith Haut Lafitte                                                               

La France est un trésor rempli de beautés éternelles. Des femmes et des hommes en jaillissent comme des perles rares. C’est le cas des époux Cathiard. Leur vie ressemble à un conte de fées, dont les premières pages blanches s’écrivent sur les hauteurs des montagnes alpines. Leur vie a dévalé les pentes grenobloises jusqu’à Bordeaux. Reportage dans les vignes de Smith Haut Lafitte, où les Cathiard ont créé leur univers merveilleux.

Copyright des photos A. Bordier et Château Smith Haut Lafitte

Afficher le sommaire Masquer le sommaire

La France est un trésor rempli de beautés éternelles. Des femmes et des hommes en jaillissent comme des perles rares. C’est le cas des époux Cathiard. Leur vie ressemble à un conte de fées, dont les premières pages blanches s’écrivent sur les hauteurs des montagnes alpines. Leur vie a dévalé les pentes grenobloises jusqu’à Bordeaux. Reportage dans les vignes de Smith Haut Lafitte, où les Cathiard ont créé leur univers merveilleux.

Le temps pluvieux a fini par disparaître. Le vent d’ouest a soufflé les nuages vers l’est et a laissé place à un ciel de nuit étoilée. L’air est plus frais. Du centre de Bordeaux au Château Smith Haut Lafitte, il faut mettre 33 petites minutes en voiture, plein sud. Bordeaux, la célèbre cité n’en finit pas d’étendre ses bras urbanisés vers le domaine du Château Smith Haut Lafitte. Comme si la grande cité voulait s’emparer de la petite cité du vin, véritable havre de paix unique au monde, où le silence de mère nature est interrompu par le bruit du vin qui coule à flot et qui ronronne dans les barriques du domaine. Un vin qui est très apprécié.

Le domaine est protégé par une couronne de bois, où chênes, noyers, charmes, pins et sapins sont les grands architectes des lieux. Comme dans un conte de Perrault, les bois sont plus qu’un décor, ils sont des personnages à part entière. C’est la première impression que ce trésor de verdure donne au visiteur du soir, amoureux des arts, des lettres et des vins. A son passage, de petites lucioles s’envolent et virevoltent. Elles lui rappellent ces fées merveilleuses aux dons mystérieux, et ces drôles de farfadets, rieurs plutôt que travailleurs. La petite route empruntée est bien une route de campagne. D’ailleurs, ce sont plutôt des chemins : le chemin de Martillac, le chemin du Carosse. Chemin du Carosse ? Oui, vous ne rêvez pas, ou plutôt si, vous rêvez, vous rêvez un rêve éveillé. Oui, après l’école d’équitation, que vous venez de passer sur votre gauche et qui porte le joli nom de Licorne, le chemin de Martillac se continue en un chemin du Carosse. Les fées ne sont pas loin. Il vous manque juste les chevaux des Cathiard, qui dorment sur leurs quatre fers dans les prés. A la sortie d’un virage, la couronne boisée s’ouvre sur un tertre de vignes. Sur la butte, les lucioles ont fini par se figer. Elles sont comme des lanternes fixes éclairant de leur halo doré l’univers du Château Smith Haut Laffite. Un village de vignes.

L’univers merveilleux de SHL

On pourrait l’appeler complexe, éco-système, ou de façon plus moderne hub. Il s’agit bel et bien d’un monde, d’un univers des plus féériques qui pourrait servir d’inspiration, de décor et de trames pour l’écriture d’un conte moderne. D’ailleurs, parfois, le cinéma y fait son décor.

On pourrait même imaginer un couple royal s’y promener, converser avec les heureux hôtes et propriétaires. Un couple royal qui viendrait du nord pour déguster leurs vins. Ce fut réalité le vendredi 22 septembre 2023. Ce jour-là, le roi Charles III et la reine consort Camilla se rendent au château, lors de leur voyage officiel en France. Une première, qui a marqué à tout jamais l’histoire du château, l’histoire de Bordeaux, l’histoire de France.

Oui, le Château Smith Haut Lafitte est un univers unique au milieu des vignes où se nichent des ateliers, des chais, un hôtel, des jardins d’exception, un laboratoire, des restaurants et des salles de réception.

De l’art et de la table

Ce n’est pas une fable, l’art de la gastronomie, de la réception et de la table, côtoie l’art de la vigne. Cette nuit-là, une partie du domaine a été privatisée pour une soirée. De belles voitures de collection sud-américaines sont exposées dans l’une des cours, sous les projecteurs. L’ambiance est hispanique. La musique est feutrée.

Plus loin, à  trois jets de grappe, le restaurant La Table du Lavoir vient de rouvrir. Le top départ de la saison 2024 est lancé. Il affichera complet ce soir-là. Il est, à lui tout seul, un pur chef d’œuvre architectural. Tout habillé de bois, de chênes et d’hêtres, il ressemble de loin à une cabane posée sur son îlot. C’est pour cela qu’il porte ce joli nom. Tout autour, ou presque, un petit canal lui sert d’écrin. A l’intérieur l’armée de serveurs, d’œnologue-maison, et de chef de rang vous transforme en convive vip. Ils sont aux petits soins des gourmets d’un soir.

A l’auberge on ne voit plus les femmes des vignerons venir laver leur linge. Non, elles viennent plutôt se restaurer, seules, ou avec leur mari, en famille. Au menu, en entrée, elles ont le choix entre la soupe de champignons aux éclats de châtaignes et à l’œuf parfait et un cromesquis de pied de cochon avec sa sauce gribiche et son mesclun champêtre. Il paraît que c’est un délice. Pour le plat principal, elles peuvent préférer le panier du potager, la nasse du pêcheur, ou le billot du boucher. Les fromages affinés de la région accompagnent des vins du domaine. En dessert, une ascension vous est proposée : celle d’un Mont-blanc aux agrumes, doublé d’un sorbet au pamplemousse.

Le soir, l’heure est venue de quitter ce lieu idyllique où la gentillesse et la gastronomie populaire sont reines. Vous hésitez à rester. Finalement, vous partez. Quand vous quittez l’auberge, éclairée par mille chandeliers, et que vous traversez à pied pendant 20 mn ces immenses rangs de vignes, il n’est pas rare de croiser un lièvre figé dans son expression sauvage, une statue, de l’art. C’est un lièvre de bronze. Florence et Daniel Cathiard ont parsemé au fil des années dans leur vignoble des sculptures monumentales. Là encore, ils sont pionniers.

Idylles au Mont-Blanc

« C’est l’influence de mes vies différentes. Les Sumo, c’est quand j’ai lancé mon agence de publicité. Au milieu de notre vie d’affaires, dans les années 80, j’étais à Paris, et mon mari à Grenoble… Nous, nous fonctionnons par tranche de 10 ans », introduit Florence Cathiard, qui reçoit dans son bureau, qu’elle partage avec son jeune collaborateur, Camille Roux. Au mur, des lithographies représentent des Sumo, juste avant le combat. On aurait pensé voir des dessins les représentants, skis aux pieds.

« Les années 60 et 70 c’étaient nos années skis. 8 heures par jour, 11 mois sur douze. J’étais une slalomeuse des Alpes du Sud. J’ai été sélectionnée. J’étais entraînée par Honoré Bonnet. » Ce-dernier n’est pas n’importe qui. Nous fêterons l’année prochaine, le 22 février 2025, les 20 ans de sa disparition. Il a été un grand résistant pendant la Seconde Guerre mondiale et a entraîné l’équipe de France pendant une dizaine d’années, de 1959 à 1968.

Florence Cathiard, née Bernard, qui a commencé à skier à l’âge de 4 ans, à Le Sauze près de Barcelonnette, va faire la rencontre de sa vie skis aux pieds. Elle est une slalomeuse, lui est un descendeur. Il s’appelle Daniel. Elle raconte LA rencontre : « Oui, je l’ai rencontré skis aux pieds, quand nous étions adolescents. Et depuis, nous ne nous sommes plus quittés. » Florence, native de Béziers, dans les années 50, raconte le coup de foudre, les baisers cachés, les mains dans la main. Son débit est précis, énergique. Elle évoque sa famille et celle de Daniel. « Ma grand-mère avait des vignes à Roquefort-des-Corbières. Mais, je ne les ai pas reprises. Daniel, lui, avait des barriques. Il a grandi au-dessus des barriques d’Uriage-les-Bains, dans une toute petite épicerie. Sa maman servait la farine à la louche. » Florence a une mémoire fabuleuse. « J’ai rencontré Daniel, j’avais 14 ans et demi… La première fois, c’était à Serre-Chevalier. » Séquence cœur-à-cœur.

Des études et des lettres

Florence a tout pour plaire : elle est belle, intelligente, et, en plus, elle est skieuse. Ses parents, Yvonne et Maurice étaient deux professeurs : sa maman est agrégée de lettres classiques et son papa de philosophie. Pas facile, à l’époque, d’être étudiant et champion de skis.

« Cela fait cinquante ans que j’ai quitté l’équipe de France, où j’ai rencontré mon mari. C’était la grande époque, lui était avec Jean-Claude Killy, j’étais avec les sœurs Goitschel, qui ont gagné toutes ces médailles. Nous étions ravis de faire partie de l’équipe de France. A l’époque elle était une référence mondiale. Nous étions avec Daniel les seuls étudiants. C’était très difficile de cumuler les études et le ski professionnel. »

Les tourtereaux se marient en 1968. « J’avais 20 ans et lui 23 et demi. » Ils ont fêté leurs 55 ans de mariage l’année dernière. Florence est comme Daniel, bardée de diplômes, licenciée en langue, avec une maîtrise de Sce Po doublée d’un master à l’IAE. « J’ai fait l’IAE pour être avec Daniel. » Ce couple s’aime, c’est certain. Mais, il ne fusionne pas pour autant.

E comme Epicier

Au décès de Paul, son père, Daniel, qui a fait des études en sciences économiques, doit reprendre l’affaire familiale, sa maman, Simone, ne pouvant faire face toute seule aux défis de la continuité. Daniel n’est pas seul. Florence l’accompagne. Ensemble, ils passent des pistes de ski aux planchers d’épicerie. Ils reprennent les supérettes Genty-Cathiard de Grenoble. L’enseigne Genty a été fondée en 1924, il y a 100 ans. Les anciens champions de France junior vont-ils devenir les champions de France de la Grande Distribution ?

« C’était très dur. Quand les banquiers ont vu le skieur arriver. Ils sont tous partis. » C’était sans compter l’endurance du couple, qui vit chichement dans un HLM de Grenoble, à Sassenage. « Nous avons eu notre première fille, Mathilde. J’ai dû m’arrêter sept jours. Nous bossions comme des malades… »

10 ans après, la transmission est un succès. Le couple reprend même Go Sports, une marque fondée par Michel Deroy, le grand patron de la grande distribution en France, décédé il y a deux ans en Floride. Son grand-père, Ernest Toulouse a été l’un des pionniers du secteur, en créant, il y a 120 ans, en 1904, à Tours, les Docks du Centre. Une référence.

De la grande distribution à la publicité en repassant par le sport

Dans les années 1980 le couple Cathiard, qui vient de passer 10 ans dans la grande distribution alimentaire se diversifie, ainsi, dans la grande distribution d’articles de sport. « Quand nous avons vendu tout le groupe, à la fin des années 80, nous étions montés jusqu’à 9 000 collaborateurs », se souvient Florence. De 300 à 9 000, la croissance est vertigineuse. C’est le temps des 30 Glorieuses.

Les Cathiard ont une bonne étoile, l’étoile du Nord, celle des crêtes, des hauts-sommets, qui ne les a jamais quittés. « Nous avions hérité d’épiceries et de supérettes que nous n’avions pas pu agrandir. 10 ans après, nous avions une cinquantaine de supérettes, une centaine de supermarchés et une demi-douzaine d’hyper. Nous avions dû arrêter le ski et la compétition. » Florence se revoit se lever très tôt le matin et allez voir les bouchers à… 5h00, les paupières encore lourdes. « C’est pour cela que je portais des lunettes de soleil », rit-elle encore. Les Cathiard croisent tous les grands de la grande distribution de l’époque : les Mulliez, les Leclerc, les Deroy. Puis, avec Go Sport ils performent et tutoient de plus en plus les étoiles.

Florence décide, à ce moment-là, de fonder son agence de publicité : la Société de Production Publicitaire et Promotionnelle, SP3, à Grenoble. « Au départ, nous étions 3. Ensuite, nous sommes très vite montés à une dizaine. Nous avons ouvert à Lyon, à Paris. On a repris une autre agence. Nous avions les budgets Go Sport, celui des Skis Rossignol. » En 1989, l’agence de Florence est approchée par RSCG. C’est celle de Bernard Roux, Jacques Séguéla, Alain Cayzac et Jean-Michel Goudard, qui deviendra Euro RSCG, et qui sera absorbée par Havas. Finalement, c’est McCann qui la rachète. Il deviendra le leader mondial de la publicité.

De son côté Daniel vient de revendre ses sociétés au Groupe Rallye de Jean-Charles Naouri, pour la modique somme de près de 300 millions d’euros. Enfin, ils vont pouvoir se reposer. Ou presque !

Une nouvelle vie dans le vin

Nous sommes en 1989. La vente et l’année sabbatique ressemblent à une nouvelle lune de miel pour le couple emblématique. Mais, à dire vrai et à regarder de près, il ne va pas si bien que cela, le couple. Comme s’il vivait une sorte de burn-out, de dépression et de fatigue généralisée. Pensez : c’est la crise de la quarantaine. Florence a vendu son agence à McCann et elle en est devenue l’une des vice-présidentes. Daniel vient de vendre son groupe. La crise du couple ne dure qu’un temps. Elle passe. Leur amour bâti sur la cime des hautes-montagnes du monde entier tient bon. Florence démissionne et se retrouve avec Daniel pour étudier plusieurs cibles de rachat potentiel d’entreprises. Au menu : Hédiard, Révillon et…

Le 31 décembre 1990 leur amour prend de nouveau son envol avec un coup de cœur commun : celui pour le Château Smith Haut Lafitte. « Comment ne pas avoir eu un coup de cœur pour cet endroit merveilleux ? Certes, à l’époque, il y avait des travaux énormes de restauration à faire. Mais, nous les avons faits. Nous avons restauré tous les bâtiments. Ce château est un bijou historique. Nous l’avons acquis 25 ou 27 millions d’euros et nous avons fait pour 5 à 10 millions de travaux depuis. »

Encore une fois, le couple a eu le nez fin. Après le ski, l’épicerie, la grande distribution alimentaire, les articles de sport, ils commencent une nouvelle vie dans la vigne, dans le vin. Finis les sommets. A eux, les buttes, les croupes et les rangs de vigne. Comme la neige en hiver, le bon vin, le très bon vin même va couler à flot…

Escapades au Château Smith Haut Lafitte

Ce matin-là, à Martillac, difficile de suivre la foulée vigneronne de Florence Cathiard. Son allure est, évidemment, sportive. Daniel est resté à la chartreuse. Il prépare leur prochain séjour aux Etats-Unis, en Californie, dans la Napa Valley. Il y a 4 ans, presque jour pour jour, ils ont eu un nouveau coup de foudre pour un domaine viticole de 25 ha situé aux pieds des monts Mayacamas, dans les Spring Mountains. Aujourd’hui, le domaine s’appelle « Cathiard Vineyard ». Rien à voir avec les 80 ha de Château Smith Haut Laffite… Ni avec le Château Le Thil, de 11,6 ha, qu’ils ont acquis en 2012. Ni avec le Château Beauregard, un grand vin de Pomerol, acquis il y a 10 ans.

Florence continue sa foulée matinale. Elle a l’air de courir, tout en racontant quelques anecdotes. Elle évoque la venue du roi Charles III et de la reine consort Camilla, en septembre 2023. « Tout a été décidé au dernier moment. Nous étions 3 ou 4 domaines présélectionnés par l’Elysée. Le jour J, lors de leur venue, tout s’est très bien passé. Le protocole était imposant, mais à la fin tout s’est décanté. Nous avons même pu rire et trinquer ensemble ! »

Dans les bois du château, qui ont été aménagés par des jardiniers-experts sous les instructions de Florence, un véritable parcours du cœur et des sens a été dessiné. « Nous proposons à tous nos visiteurs une expérience originale avec la nature et leurs sens. Tout a été aménagé comme dans un musée à ciel ouvert. Nous avons 15 hectares dédiés à l’art, à l’immersion, aux plantes, à la phytothérapie. Il y a même un pont suspendu où le clapotis de l’eau vous ramène à vos premiers instants de vie… »

Florence ressemble à une petite fée. Il lui manque juste les ailes. Elle connaît son parcours sur le bout des ongles. Elle virevolte d’arbre en arbre, de jeux ludiques sensoriels, en expériences tactiles…Tous les sens sont en éveil. Ici, la nature est respectée. Elle est reine. Elle s’appelle : « La Forêt des Sens ».

Des vignes et des vins

Florence est retournée à son bureau. Avec la venue du couple royal, les activités du château ont augmenté de 30%. Pour la visite des chais, des vignes et la dégustation, elle passe le relais à sa jeune collaboratrice, Louise Comte, qui part, bientôt, effectuer son VIE dans leur domaine de la Napa Valley.

Louise connaît, également, tout par cœur. « Nous allons en direction du Château Smith Haut Lafitte. Nous partons de la chartreuse et nous empruntons ce chemin qui traverse les vignes. » Nous nous retrouvons, effectivement, au cœur des vignes. Puis, face à nous des bâtiments qui n’ont pas la signature architecturale bordelaise telle que nous la connaissons aujourd’hui. « Oui, c’est vrai. Les premières traces du château remontent au 14è siècle. La chartreuse a été construite au 18è siècle par le propriétaire de l’époque George Smith. Il était Ecossais. » Nous remontons la butte (Lafitte veut dire lahitte, la borne, la butte). L’influence écossaise saute aux yeux, en regardant cette tour typique du pays de William Wallace, le célèbre héros écossais. Une partie du film de Mel Gibson, Braveheart, sorti en 1995, qui retrace sa vie, aurait pu être tourné ici, au pied de cette tour, dont l’étage ressemble à une plateforme de défense carrée.

Après George Smith, c’est le maire de Bordeaux, Lodi Martin Duffour Dubergier, signataire du classement 1855, qui élève le vignoble au rang de « Grand Cru exceptionnel ». Sur les étiquettes des vins est représenté le blason du château qui résume à lui tout seul cette vieille histoire : « 3 branches pour les 3 enfants de George Smith, 3 Fleurs de Lys témoins de la famille Verrier du Bosq, fondatrice du vignoble, et le Croissant emblématique du port de Bordeaux, le port de la lune ».

Un terroir exceptionnel

Pour Daniel ce qui fait l’excellence de leurs vins : « C’est d’abord le terroir, ensuite le climat, enfin les hommes. » Daniel, aussi, est resté sportif. Il sort de son bureau où trône une photo de son père et enfourche son vélo. Il part faire un tour dans ses vignes. Séquence sportive en solitaire. Mais sa moitié n’est pas loin. Impossible de le suivre, il va vite. Au loin, dans les vignes, il croise les deux lamas du domaine. « Nous les utilisons à la place des moutons. Nous n’utilisons plus de désherbants chimiques, depuis que nous sommes-là », indique Florence.

Ici, c’est le terroir qui est le roi des rois. Dans cet univers les 7 cépages rouges et blancs se nourrissent des richesses d’un terroir qualifié de « plus Graves des Graves ». Un véritable trésor, ou galets et cailloux sont les chefs d’orchestre d’une mélodie ancestrale composée par la Garonne, il y a des millions d’années. Le terroir est constitué de Graves Gunziennes ((le Günz est une période glaciaire de l’ère Quaternaire). Bénéficiant d’un drainage des plus naturels, que les premiers vignerons ont affiné au fil des siècles. Les racines des ceps y plongent jusqu’à une profondeur qui peut atteindre les six mètres sous terre.

« Nous sommes, en plus, certifiés en Agriculture Biologique », ajoute Daniel, qui vient de rentrer de sa petite balade à deux roues, son chapeau sur la tête.

Dans la cave des trésors

La fabuleuse visite continue avec Louise. Nous entrons dans l’atelier où se fabrique, sur place donc, les barriques du domaine. Puis, nous montons dans la tour écossaise, où une vue de 360° invite à la douce ivresse. On se croirait seuls au monde.

Nous redescendons dans les chais. Nous traversons une vieille chapelle désaffectée du 14è siècle, où l’envie de prier vous prend. Les murs suintent encore de la prière des offices que certains moines chantaient, au cœur des vignes. Il y a très longtemps.

Ensuite, Louise et Juliette, sa collègue chargée de l’accueil au chai commercial, ont une belle surprise : La descente au paradis. Au milieu d’une salle de dégustation une trappe dissimulée s’ouvre. Un escalier se présente. Vous descendez et découvrez les trésors des trésors. Tous les vins du château y sont exposés dans un écrin de bois. L’ambiance est feutrée. Les années remontent le fil de l’histoire jusqu’en 1878… L’émotion vous prend.

2 filles et 6 vins

« Nos filles sont arrivées, nous devons vous laisser. » Les Cathiard repartent comme un coup de vent. Décidement, ces jeunes septuagénaires ne font pas leur âge. Leurs filles – impossible de les rencontrer – sont comme des feuilles de poésie, cachées dans un livre. Leurs parents ? Ils sont leurs premiers admirateurs-révélateurs.

Après Mathilde, le conte merveilleux des époux Cathiard continue avec Alice. Toutes les deux ont sublimé l’histoire semée par leurs parents. Comme si le vin coulait dans leurs veines et leur donnait cette force exceptionnelle qui soulève les montagnes des sceptiques, de celles et ceux – ils sont, hélas, trop nombreux – qui n’aiment pas le risque. Il faut, donc, rajouter dans cet univers merveilleux du vin les beaux projets de Caudalie, la ligne de cosmétiques vendue en pharmacie, et l’hôtellerie de luxe au milieu des… vignes.

Là, le monde merveilleux de Château Smith Haut Lafitte prend tout son sens, il déborde et devient un univers. Il s’est diffusé partout, sur les 5 continents.

Du côté des vins, au Château Smith Haut Lafitte, ce sont les 6 vins, blancs et rouges, du domaine qui restent les rois des rois. Il faudrait en rajouter un 7è, le petit dernier né : le rosé ! Un rosé à l’image de Florence et de Daniel Cathiard : rempli de jeunesse et de fabuleuses promesses… A déguster avec modération !

Chez les Cathiard, le fabuleux destin familial semble ne faire que commencer. Déjà, la quatrième génération (eux sont la deuxième) est sur le pont. Elle pousse et donnera, bientôt, sa coloration à ce tableau familial des plus romanesques.

Pour en savoir-plus : www.smith-haut-lafitte.com    

Reportage réalisé par Antoine BORDIER


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne