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Remaniement ministériel : un amateurisme qui va accentuer le chaos

Jerome Domine/ABACAPRESS.COM

Ce n’est pas une question de personne. Même si le remplacement de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation devenait urgent, tant ses déclarations provocatrices ne pouvaient qu’heurter le bon sens populaire, il n’empêche…

Franchement, ce n’est pas sérieux. Changer de titulaires deux mois après leur nomination, pour des ministères aussi essentiels que l’Éducation (Gabriel Attal à la place de Pap Ndiaye), la Santé (Aurélien Rousseau en remplacement de François Braun), le Logement (Patrice Vergriete à la place d’Olivier Klein) ou le Budget (Thomas Cazenave à la place de Gabriel Attal). Oui, cela ne peut qu’interroger.

On ne joue pas aux dominos avec la France de la sorte. Comment Elisabeth Borne voire Emmanuel Macron peuvent-ils à ce point se déjuger sur le choix de ministres qu’ils ont eux-mêmes choisis et que personne ne leur a imposé que quelques 60 jours (du 20 mai au 20 juillet) à peine après qu’ils aient été nommés ? Un revirement aussi rapide serait interprété, dans toute organisation, à minima comme une incapacité à savoir choisir et s’entourer. Un amateurisme qui pose question.

Ce remaniement ne peut que déstabiliser davantage la position des ministres dans leur ensemble. Un revirement qui ne contribue pas à renforcer le prestige et l’autorité de la fonction ministérielle. Ce qui est d’autant plus dommageable qu’il intervient à un moment précisément où l’exécutif a plus que jamais besoin de s’imposer face au poids de la haute administration, des médias et réseaux sociaux, de l’Assemblée, voire des lobbys. Pour résister aux pressions, mieux vaut avoir affaire à des ministres solides, de caractère, et confortés dans le temps et l’espace. Là, l’exécutif fait l’inverse, prenant presqu’un malin plaisir à diviser pour mieux régner.

Mettre en œuvre dans ces conditions des programmes politiques dignes de ce nom va devenir difficile pour un ministre dès lors qu’il peut s’attendre à ce que sa durée de vie gouvernementale puisse ne pas excéder quelques semaines. À moins que ces aller-retours intempestifs répondent à un choix délibéré de l’exécutif de focaliser l’opinion autour de leurs nominations, ne serait-ce que pour mieux dissimuler l’absence de cap ou de programme. Une hypothèse funeste qui n’est pas à écarter malheureusement. Le jour où le président saisira qu’il tirera plus grand profit à chercher à s’entourer des meilleurs et à les conforter pour gouverner en cohésion avec lui ; il ne s’en portera que mieux. Et l’action gouvernementale aussi. Ne désespérons jamais de notre pays qui est trop grand pour ne pas rebondir un jour.

Robert Lafont


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