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Réindustrialisation : le malaise Valdunes

Photo Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM

C’est devenu une reprise emblématique que de tenter de relancer le seul fabricant français de roues pour le ferroviaire. Un industriel des Hauts-de-France qui pourtant ne manque pas d’atouts, à commencer par un marché plus que porteur. Le président de la région, Xavier Bertrand, ne s’y est pas trompé, il sait qu’il y joue sa crédibilité. Il a d’ores et déjà signifié être prêt à soutenir tout projet industriel tricolore.

Dans ce dossier, il y a pourtant comme une maldonne. Prenez le dernier fabricant français de roues pour chemins de fer, même s’il était sous contrôle chinois, MA Steel, qui prétend avoir investi 130 millions d’euros depuis sa prise de contrôle. Valdunes dispose de deux unités de production, l’une près de Valenciennes (à Trith-Saint-Léger avec 235 collaborateurs), l’autre à Dunkerque (à Leffrinckoucke et 96 salariés) et réalise au total, bon an mal an, quelques 75 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Et on apprend que, l’actionnaire chinois se défaussant, cette entreprise pourrait mettre la clé sous la porte faute de repreneur. Alstom, sollicité, préfère rester concentré sur son savoir-faire principal de constructeur de trains. Chacun ses priorités, sauf qu’en l’occurrence, le carnet de commandes de Valdunes semble bien rempli avec plus de 90 millions d’euros déjà engrangés. Pourtant, Alstom, le constructeur de Belfort, qui vient de racheter le canadien Bombardier Transport, fait la sourde oreille. Devenu numéro deux mondial du ferroviaire avec 5,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, il ne s’approvisionne en roues qu’à hauteur de 15% chez Valdunes (ce qui en dit long au passage sur le niveau de coopération entre industriels français). D’autant que la SNCF annonce de son côté un besoin dans les années qui viennent de 250 000 roues par an alors qu’elle n’en commande qu’à peine 8000 en deux ans chez Valdunes. Un petit scandale au passage également qui devrait interpeller l’actuel président Jean-Pierre Farandou. La SNCF n’achète pas français alors qu’elle en a l’occasion.

Malgré une dette de 14 millions, le repreneur de Valdunes devra pouvoir investir quelques 20 millions d’euros sur trois ans. Un investissement qui permettrait au groupe du Nord de rester dans la course, même si Valdunes n’est pas le plus grand fabricant européen.

Le ministre de l’industrie, l’excellent Roland Lescure, ne désespère pas de dénicher encore un repreneur industriel tricolore d’ici fin novembre. Avis aux amateurs.

Il est plus que temps pour notre industrie de reprendre la roue ! La CGT propose même une nationalisation avec un consortium d’État intégrant Alstom ou la SNCF. Ce qui pourrait être un moindre mal en effet ! Ne ratons pas le train de la réindustrialisation. Il y a des savoir-faire qui ne reviennent jamais.

Robert Lafont


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