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Où est passée la Droite pro-industrie ?

On a beau chercher dans les programmes électoraux, on reste sur sa faim, voire, on a du mal à y croire...

Photo Batard Patrick/ABACA

On a beau chercher dans les programmes électoraux, on reste sur sa faim, voire, on a du mal à y croire. Alors que tout le monde s’accorde à dire que la réindustrialisation reste un objectif essentiel pour notre pays, on ne peut que s’étonner de la frilosité des candidats dits de droite voire « d’extrême droite » sans que l’on sache d’ailleurs ce que désigne ce dernier vocable. Car quand plus d‘un tiers des citoyens d‘un pays s’apprête à voter pour ces dits candidats, on peut légitimement se demander si l’on peut encore les qualifier d’extrême ? La question est posée.

Concernant les impôts de production (un fardeau supplémentaire de 40 milliards d’euros annuels pour nos industriels par rapport à leurs homologues allemands), c‘est Éric Zemmour qui semble le plus allant. Le candidat de Reconquête annonce vouloir baisser immédiatement de 30 milliards d‘euros ce boulet fiscal afin d‘agir comme un électrochoc sur la relance industrielle.

Là où Valérie Pécresse ne s’engage que sur une timide baisse de 10 milliards d‘euros, après avoir au début de sa campagne envisagé une simple réduction de 3 milliards. Marine Le Pen, de son côté, après avoir annoncé l‘objectif de 30 milliards pour coller à Zemmour, ne s‘engage in fine que sur 10 milliards fermes en supprimant la cotisation foncière des entreprises (CFE) et dans la zone de relocalisation la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S). La candidate du Rassemblement National dit vouloir privilégier les TPE / PME, en feignant d‘ignorer que, dans le secteur industriel, ce sont précisément les ETI ou les grands groupes qui investissent le plus.

Concernant la finance, les candidats de droite font également preuve dans l’ensemble d‘un angélisme assez désarmant. Ont-ils oublié, à force de lire Le Monde ou Libération qu’il n‘y a pas de capitalisme sans capitaux, pas d‘usines ou d’industries non plus sans financements et perspectives de rentabilité. À ce sujet, la dernière étude publiée par l’Institut Molinari qui démontre que la France est l’un des pays européens où la rentabilité des entreprises demeure la plus faible, 17% en moyenne contre 27% dans les autres pays européens, devrait interpeller tous les candidats et pas seulement à droite de l’échiquier. Un chiffre que n’a d’ailleurs pas contesté Bruno Le Maire, interrogé sur le sujet sur Europe 1.


Concernant l’impôt sur la fortune qui, rappelons-le, touche beaucoup de nos patrons de PME, si le président Macron a eu le mérite de le supprimer, il a fait la grande erreur de le transformer en IFI, Impôt sur la Fortune Immobilière. Un contresens économique au total qui se retourne contre les plus pauvres, ceux précisément qui ne peuvent pas devenir propriétaires.

Une étude récente de l’économiste Jean Roux (voir son interview sur EntreprendreTV) vient corroborer le fait que ces impôts successifs sur la fortune ont fait perdre dans notre pays pas moins de 100 000 logements construits en moins par an en moyenne sur les dernières décennies. Des chiffres confirmés aussi par le président de la FNAIM Grand Paris, Michel Platéro (voir son interview dans Entreprendre 355).

Au total, tout le monde est perdant d‘autant que nous sommes les seuls en Europe à conserver ce type d‘imposition. Et pourtant là aussi, les candidats de droite ne se bousculent pas pour le
supprimer.

Valérie Pécresse, une centriste (?), tout en qualifiant l‘IFI « d’impôt imbécile » se contente de le raboter en relevant de 30 à 50 % l’abattement sur la résidence principale. Marine Le Pen, sur le sujet, n’est pas très offensive non plus, à l’image de certains candidats de gauche, puisqu’elle transforme l‘IFI actuel en Impôt sur la Fortune Financière mais en prenant soin d‘y enlever la résidence principale et surtout l’outil de travail.

Sage précaution mais pourquoi remettre dans l’assiette les œuvres d‘arts : ce qui va handicaper à nouveau le marché de l’art dans notre pays qui redevenait en la matière assez attractif. Éric Zemmour, de son côté, se contente d’exclure la résidence principale de l‘IFI : ce qui est, reconnaissons- le, un moindre mal par rapport aux autres candidats.
Rappelons pour l‘anecdote que Jean- Luc Mélenchon se dit prêt, de son côté, à prendre, au moment de la transmission, 100% du patrimoine des Français au-dessus de 12 millions d’euros, ce qui est la définition exacte du vol même s‘il se produit au nom de l‘État laïc et républicain, cela va de soi.


Concernant la succession, sujet majeur notamment pour la pérennité de nos entreprises familiales, qui sont à cause de ces taxes, près de deux fois moins nombreuses qu’en Allemagne. Sans même parler de l‘Italie, où la taxation ne dépasse pas les 5% contre 40 % chez nous lorsque la Loi Dutreil n‘est pas appliquée. Sur le sujet, reconnaissons que Marine Le Pen a bien saisi l’enjeu puisqu‘elle préconise l’exonération totale des droits de succession sur les entreprises à la condition que les propriétaires héritiers s’engagent à ne pas la céder durant 10 ans.

Pour Valérie Pécresse : chaque héritier pourra recevoir 200 000 euros défiscalisés, soit le double d’aujourd’hui, une mesure que la candidate des Républicains qualifie de  » choc des transmissions  » mais qui ne cible pas spécifiquement le problème des entrepreneurs. Conscient de l’enjeu pour le pays, Éric Zemmour, toujours audacieux, propose d’exonérer totalement, comme en Allemagne, tous les droits de donation et de succession des transmissions d’entreprises familiales entre générations.

À noter qu’à l’instar de Marine Le Pen, tous deux sont d’accords pour initier un fonds souverain français afin de drainer l’épargne des citoyens vers l’investissement privé des entreprises stratégiques. Une idée que les Norvégiens ont mis en place depuis longtemps qui leur rapportent chaque année quelque 10 % d’intérêts ! Au lieu de vouloir réinventer l’eau chaude, Il est temps pour nos hommes politiques de de s’inspirer de ce qui marche chez nos principaux partenaires. Si nous avions une fiscalité compétitive, comme celle de la Suisse par exemple, nous pourrions avoir un PIB deux fois plus important qu’aujourd’hui. Et toutes les classes sociales en bénéficieraient …

Robert LAFONT


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