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Un artiste, un mélomane. Omar Harfouch, je vous le dis – car je le connais – est unique et gagne à être connu. Il aurait pu être un notable libanais, la cinquantaine aisée, ventripotent et pontifiant.
Aujourd’hui, premier ministrable
Le profil idéal car c’est le jeune fils de parents stricts, tous deux notables et profs à Tripoli, quartier El Mina (vieille ville). Tripoli, grosse bourgade du Nord de son Liban natal, à majorité musulmane sunnite. Il n’en est rien. Il se bat au contraire contre la corruption et le confessionnalisme au Liban et ailleurs, avec détermination et patience. Il soutient en cela la courageuse magistrate du Mont Liban, Ghada Aoun. Sa vie, il la consacre au piano, à sa famille et à laver plus blanc. Publiquement, il a déjà fait parler de lui en fustigeant les Libanais au pouvoir et malhonnêtes.
Il aurait pu être cet éternel jeune playboy propriétaire d’Elite model. Toujours bronzé, cheveux longs. Le vrai « bogosse » ; avec la radio FM de l’Ukraine d’avant guerre… On l’a connu en avion privé, accompagné d’une belle blonde que tout le monde convoitait et qu’il avait séduite sur les podiums. Ce serait réducteur. Omar est un vrai pur. Un idéaliste comme il n’en existe que dans la littérature russe, un héros de roman.
Je l’ai connu à l’époque où il essayait de moraliser le métier de mannequin et il avait compris à contre-courant qu’il fallait arrêter les débordements indécents : des filles trop jeunes ou trop maigres. C’était un des premiers à nettoyer les auges du mannequinat et je l’avais soutenu dans sa démarche inédite – j’avais ouvert pour lui les colonnes de mon journal France Soir. Car il était incompris et sa démarche décoiffait dans les années 2000.
Omar est encore plus riche que tout cela, et bien plus. Il suffit de bien le connaître pour savoir que la musique et surtout le piano ont été le fil conducteur de sa vie. Grâce au piano, il a été remarqué, jeune virtuose encore enfant, et son itinéraire est hors norme. Il avait accès à trois pays pour une bourse au conservatoire : la France, l’Italie ou l’Union soviétique. Et oui, l’URSS !
Dans le Liban en guerre de sa jeunesse
Comment ne pas choisir Paris ou Rome ? Il choisit St-Pétersbourg, peut-être pour son âme romantique (il vénère Chopin) et son respect et admiration pour le Groupe des cinq de St-Pétersbourg et Scriabin – qui n’en faisait pas partie. Il a joué sur le même piano que lui au Conservatoire. C’est un artiste délicat qui aime la vie et peut se regarder dans un miroir. Il a toujours fait les choses avec élégance et devoir. Sa détermination, il l’a montrée en arrêtant il y a 15 ans ses conquêtes multiples pour se consacrer à la femme de sa vie ! Il savait dès le premier regard que ce serait l’élue. Il venait de revendre Elite pour une coquette somme. Pour preuve de son amour et du sérieux de ses intentions, il consacre 3 ans de sa vie à la carrière de sa future épouse, l’un des tops les plus en vogue de la planète fashion. Il la suit partout et gère sa carrière !
Et ils fondent une famille. Il était déjà papa de 3 filles dont il parle avec amour. Aujourd’hui, il est l’heureux papa de sa quatrième fille, Gustavia, 8 ans qu’il a avec la femme qu’il aime depuis 15 ans, épousée à la mairie du 17e arrondissement. Elle est aussi sa partenaire dans la mode. Aujourd’hui, à mi-vie, Omar Harfouch se concentre sur la lutte contre les inégalités et l’injustice, notamment au Liban – comme ses parents étaient militants pour les droits de la femme. Il milite contre le confessionnalisme qui obscurcit le Liban et surtout prive la femme musulmane de ses enfants ou d’un héritage décent. Chez les sunnites, en cas de décès sans enfant mâle, ce sont les frères du défunt qui héritent et ont la garde des enfants. J’ai volontairement mis de côté « l’homme d’affaires avisé ».
À la tête d’un des groupes de médias importants en Ukraine : magazines, radios et chaînes TV. L’Ukraine, qui a muselé la presse indépendante, vient de l’autoriser à migrer à Dubaï, et en janvier prochain, la chaîne HD Fashion émettra pour le globe entier.
Le pianiste s’en tire bien
Cet artiste militant a repris ses tournées de concerts, dans des endroits prestigieux. Il sait se faire entendre par les puissants : les Pyramides, le Sénat US ou français. Il est auteur, compositeur, interprète au service d’une cause désespérée et il est discipliné. Une belle âme qui a une bonne étoile. Et un solide carnet d’adresses. Et sa bonne étoile, il lui donne un sacré coup de pouce car Omar est avant tout un travailleur infatigable. Un ascète. Levé à 5h30, il petit-déjeune très tôt, déjeune à 11h30 souvent d’une belle viande avec de la béarnaise, et dîne à 17h.
Mince, élégant dans son costume noir sobre, de bonne facture, qu’il rajeunit avec un T-shirt blanc très fashion et une paire d’Adidas stylées. Il gère la réfection de son petit hôtel particulier, sobre et discret, organisé comme un écrin autour d’un immense Basquiat que l’on aperçoit depuis la salle de réunion où il travaille sans relâche, discret et efficace. Il se tient au courant de la moindre opportunité dans le secteur qu’il connaît depuis 30 ans : les médias. Et il réagit vite. En un week-end, il vient d’acquérir « Entrevue », le magazine lancé par Ardisson et qui a connu de meilleures ventes. Je vous le disais, Omar gagne à être connu.
Georges Ghosn
