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Nucléaire, agroalimentaire : le gouvernement devient-il souverainiste ?

Photo Laurent Zabulon/ABACAPRESS.COM

Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Après des années d’angélisme sous couvert d’ouverture au monde, nos dirigeants semblent prendre conscience que rien ne se fera si nous ne prenons pas nous-mêmes en mains notre propre redéploiement industriel.

En n’oubliant pas surtout que celui-là ne pourra se faire que si nous sommes capables dans le même temps de doubler notre propre production d’électricité.  Voilà vraiment la feuille de route si nous voulons faire réussir notre pays !

Ils sont nombreux désormais sur l’échiquier politique (d’Eric Ciotti à Bruno Le Maire, de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen voire même Jean-Luc Mélenchon ou Fabien Roussel) à réclamer la création d’un fonds souverain économique tricolore à même de drainer directement l’épargne des Français vers des participations dans nos fleurons industriels.

À l’instar de ce qu’ont fait d’autres pays. Le fait que la Commission européenne se saisisse au même moment, pour répondre à l’IRA américain et au plan massif de 400 milliards de dollars de dépenses publiques et de crédits, de l’idée d’un fonds européen de ce type n’enlève en rien sa pertinence. On l’a vu sur de nombreux dossiers industriels, y compris lorsque des entreprises tricolores étaient en concurrence avec des homologues d’autres pays européens, il est fondamental pour notre pays de pouvoir se doter d’un fonds national propre , aux côtés de la Caisse des Dépôts ou de Bpifrance, afin de redynamiser la réindustrialisation en cours de notre pays . Une réindustrialisation enclenchée et mise à mal par l’inflation phénoménale sur les cours de l’énergie. Rappelons que la flambée des cours d’électricité a atteint 120% en un an , et ne pourra pas toujours être compensée par le bouclier tarifaire qui limite, à partir du 1 février 2023, la hausse à 15%, mais sans toucher l’ensemble de nos entreprises.

Soyons également conscients que la relance industrielle française ne se fera pas si on n’arrive pas à doubler dans le même temps la production d’électricité dans notre pays. C’est le diagnostic que dresse chez notre confrère « Les Échos », l’excellent économiste Christian Saint-Etienne pour qui : « réindustrialiser dans notre monde hyper industriel informatisé suppose de doubler la production électrique en 20 ans, ce que nos dirigeants ne conçoivent même pas. »

Christian Saint-Etienne qui prend soin, dans le même article, de terminer son propos par ce coup de griffe terminal : « à eux deux,Chine et Etats-Unis, produisent 42% du PIB mondial, assurent 60% des dépenses militaires mondiales, contrôlent 80 % des licornes mondiales en capitalisation et 100% des grandes plateformes mondiales avec les Gafam américains et les BATHX chinois. »

Un diagnostic clair et net, plaidoyer d’un appel urgent au réalisme pour tous les Européens, rejoignant aussi les propos de ceux d’Arnaud Montebourg, Didier Lombard, Jean-Louis Borloo, Loïk Le Floch-Prigent, Henri Proglio, Pierre Gattaz ou Nicolas Dufourcq et de nombreux autres industriels.

Le gouvernement semble enfin l’avoir compris. Même si son incapacité actuelle à vouloir sortir des accords européens du prix de l’électricité, comme viennent de le faire récemment l’Espagne ou le Portugal, laisse notre appareil productif dans une impasse qui peut mettre en péril bien des secteurs et des entreprises : de l’industrie jusqu’aux petits bouchers, boulangers ou artisans.

Cette préoccupation devrait être une priorité absolue pour Emmanuel Macron, le gouvernement d’Elisabeth Borne et de sa ministre Agnès Pannier-Runacher.

À défaut d’avoir su relancer le programme Astrid, (programme de réacteur nucléaire de 4 eme génération), la remise en route de nos centrales nucléaires semble se dérouler en bon ordre. Et bonne nouvelle, Framatome annonce vouloir relocaliser sa production de cuves nucléaires jusque-là

fabriquées en Europe de l’Est. Un programme d’investissement massif de plus de 100 M€ d’ici 2026 dans son usine du Creusot (Saône-et-Loire)  est même annoncé ; un programme qui devrait accompagner la relance du nucléaire français puisqu’on parle désormais de 14 nouveaux EPR (au lieu de 8). On commence à respirer.

Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule ; recevons  aussi de bonne augure l’annonce gouvernementale d’un nouveau fonds public privé doté de 500 millions d’euros en faveur de l’agroalimentaire tricolore. Annoncé au salon de l’agriculture par le ministre de l’agriculture Marc Fesneau et celui de l’industrie Roland Lescure (frère de Pierre), il sera abondé par des fonds privés : Idia capital-investissement (Crédit Agricole), Sofiprotéol,FrenchFood Capital, Cerea, FnB Capital ou Unigrains afin de soutenir les regroupements de PME pour devenir  des ETI. L’idée sous-jacente est aussi d’accentuer la reconquête des marchés à l’exportation et aussi d’accélérer (via les fonds de France 2030) la robotisation de notre agriculture qui reste à ce jour l’une des moins robotisées d’Europe. Une belle initiative qualifiée par les PME de l’agroalimentaire (Adepale) de  » plan historique pour toute la filière « . Alors ne boudons pas notre plaisir pour un secteur agroalimentaire français qui emploie 438 000 personnes pour un chiffre d’affaires de quelques 200 milliards d’euros. Notre vrai pétrole vert !

Robert Lafont


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