Je m'abonne

« Notre époque n’est pas libre, elle respire le chloroforme »

« Mystifier les imbéciles par la stupéfaction », telle est je crois, la tâche que s'était assignée Alphonse Allais au dire d'André Breton, dans son encyclopédie de l'humour Noir.

Entreprendre - « Notre époque n’est pas libre, elle respire le chloroforme »

Cette attitude érigée en principe avait de quoi séduire le rédacteur du « manifeste du surréalisme », dont je rappelle qu’il fut un moment de libération intellectuelle inouï, ses adeptes n’hésitant jamais à braver l’opinion et la morale petite bourgeoise, par des provocations susceptibles de déclencher  d’énormes scandales chez les honnêtes gens.

Ainsi de la projection du chef-d’oeuvre de Buñuel, « L’âge d’or » film dans lequel l’un des personnages armé d’une carabine s’emploie à tuer des enfants jouant dans un Parc, qui valut à ses producteurs protecteurs de Salvador Dali, Marie-Laure  et Charles de Noailles, son mari, d’être exclus du Jockey Club.

Ainsi encore de la scène emblématique du « Chien Andalou » où l’on voit un rasoir inciser un œil humain afin d’en faire jaillir le jus.

Les provocations de Depardieu s’inscrivent dans cette logique, qu’ont emprunté à chaque époque les artistes, pour faire éclater le mur de bêtise qu’abrite la morale sociale du moment où ils s’expriment, et qui inlassablement se reconstitue époque après époque.

Souvenons-nous de l’infernal chahut provoqué au théâtre par Hernani, pièce de Victor Hugo, quand au milieu des coups de poings échangés au parterre, un individu demanda à l’auteur ce que « tout cela signifiait » et s’entendit répondre: « Ça veut dire, Cher Monsieur, que cette pièce est bien de moi ».

J’invite les apprentis wokistes qui veulent faire l’expérience de la maïeutique de leurs ainés à se procurer la nouvelle d’Aurélien Scholl, intitulée « Mon nègre », republiée dans les années 1970 dans un recueil poche ou 10/18  intitulé « Humour 1900 », pour vérifier jusqu’où la liberté jubilante peut mener. Notre époque n’est pas libre, elle respire le chloroforme et l’idiotie convenue, c’est le rôle des artistes, à  commencer par les écrivains, de secouer le capuchon des convenances.

Alors pourra-t-on savourer cette échange de salutations matinales initiées par l’incomparable Alphonse Allais:

-Bonjour cher Monsieur
-Bonjour vous-même, et n’y revenez pas!

Après le surréalisme et la provocation, je vous propose de vous pencher sur une attitude du pouvoir qui procède de l’union singulière de la duplicité et de l’hypocrisie ; pour le cas proposé qui témoigne d’une contradiction flagrante qui tient du mensonge et de l’imposture du discours, du dire comme du faire, au point que le mot « politique » noble à son origine, ne devient aux mains des responsables que le cache oripeau des desseins les plus vils. Le Président ne peut plus masquer le dessein de vouloir en finir avec La France, au prétexte de l’Europe et s’est fait prendre la cravate dans une contradiction fortuite, à la fois ridicule et déplorable.

Macron, l’européen convaincu fait tout ce qu’il peut pour empêcher l’application en France de la directive qui dispense dorénavant les actes notariés européens de la formalité de la demande d’exequatur auprès de l’autorité nationale alors que la décision le lie sauf à bafouer ce qu’il profère.

Tous les actes notariés européens sont réputés exécutoires sur tout le territoire de l’Union, comme les jugements et les arrêt des cours d’Appel devenus définitifs par la directive européenne.

Les formalités sont allégées et confiées aux bénéficiaires des actes en question. Le notaire rédacteur doit simplement émettre et joindre à son  acte un document de conformité qu’il signe lui-même et qui reprend la formule de la directive.

Les chambres des notaires, à commencer par celle de Paris sont vent debout contre l’application de cette directive, qui en droit européen est évidemment, c’est la règle, supérieure aux lois nationales puisqu’elle procède du traité, qui  est  lui-même supérieur en droit interne  à la loi nationale.

Or, les services de la publicité foncière, (ex conservation des hypothèques) qui dépendent du ministère du l’économie et des finances, refusent la publication des actes étrangers demandés par leur signataires en multipliant les difficultés.

Par un effet comique, les grands européens qui nous dirigent sabotent délibérément une des dispositions essentielles du droit européen, savoir la possibilité pour chaque citoyen de l’union européenne de choisir son notaire sur le territoire de celle-ci, qui est un acte fondamental de la politique voulue par le traité de libre circulation des biens et des personnes.

Ce texte ils l’ont signé et ils refusent de l’appliquer quand même en prétendant hâter la construction institutionnelle d’un état fédéral devant la protestation implicite d’une profession qui a peur, peut-être à bon droit d’être menacée par l’application de la directive.

Paradoxe d’un état qui vote des textes et refuse de les appliquer ensuite. Autant de fausseté et de mensonges déroute. Le principe du « en même temps » trouve là son illustration la plus baroque : voter des textes pour faire le beau et s’employer en secret à en empêcher l’application.

Quel reniement !

Donner et retenir ne vaut » comme le dit le code civil.
Cela s’applique à merveille à cette situation scabreuse.

Albert de Martin


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

1 commentaires sur « « Notre époque n’est pas libre, elle respire le chloroforme » »

  1. bien votre article… mais pour depardieu, ses provocations seraient acceptables s’il était une personne respectable, s’il n’avait pas eté quasi-systématiquement graveleux, éhontément mis des mains au cu*l et abuser verbalement du « petit personnel féminin »… pour les viols, laissons la justice agir… et des dizaines de témoignages indépendants sont un marqueur d’un constat bien réel.
    Les temps changent, on ne soigne plus avec des saignées, la science, la neurologie et la psychologie évoluent, plutôt rapidement et avec bienveillance. depardieu n’est pas une personne bienveillante selon des dizaines de femmes qui ont dû travailler avec ce pervers, ami de poutine et condescendant avec la populace, certes, il a le droit, ce n’est pas illégal, tout comme nous avons le droit de le mépriser ou le détester pour ce qu’il est indépendamment de son merveilleux travail que nous sommes des millions à nous abstenir d’admirer désormais… Oui, depardieu c’est fini, il partira sans honneur ni gloire, minable triste cire.
    rien à voir avec le wokisme !

    Répondre

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne