La Première ministre, Elisabeth Borne, a cru de bon ton de taper sur les doigts des patrons réunis lors la dernière université d’été du Medef (rebaptisée présomptueusement Rencontre des Entrepreneurs de France).
À cette occasion, elle a agité la menace d‘un rationnement possible dans le futur du gaz à destination des entreprises si elles ne faisaient pas elles-mêmes l’effort de réduire de 10 % leur consommation, précisant, je la cite, le spectre de « coupures brutales de gaz qui pourraient avoir lieu du jour au lendemain. »
On peut être d’accord sur le fond mais pas sur la forme. L’État aurait pu et dû rappeler, au-delà du rationnement du gaz russe, sa responsabilité majeure dans cette crise énergétique (politique tarifaire de l’électricité européenne, management d‘EDF, coup d’arrêt au nucléaire…).
Au lieu de cela, Madame Borne culpabilise et agite la peur auprès de dirigeants déjà en proie à une vertigineuse hausse des coûts de l’énergie. Geoffroy Roux de Bezieux, accueilli à la tribune au son du groupe Téléphone, n’a pas eu tort de rappeler de son côté : « qu’on n’a pas attendu la Première ministre pour rentrer dans la sobriété. »
Je sais bien qu’il est populaire, dans l’opinion, de taper sur les entreprises. Mais n’en rajoutons pas. Si on veut réindustrialiser le pays ce n’est pas avec ces messages culpabilisants que nous y arriverons. Après ces années de Covid et de discours infantilisant, notre pays a d‘avantage besoin d‘une ligne optimiste et de confiance en s‘appuyant sur un programme ambitieux réaliste de souveraineté énergétique retrouvée. Que chacun prenne ses responsabilités : si nos entrepreneurs restent bien en première ligne pour continuer d‘investir et maîtriser leur consommation d’énergie ; ils ont moins besoin de rodomontades que de signes d’encouragement et d‘actes forts.
Robert Lafont