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Liffré, le petit village breton qui résiste…

Entreprendre - Liffré, le petit village breton qui résiste…

Devant l’église, la devanture de la brasserie « l’Othentik » est rutilante. En entrant, pourtant, pas de salle pour déjeuner : la patronne aimable (on voit qu’on est bien en Bretagne), tout sourire vous rassure. C’est côté cour avec prolongement sur une terrasse extérieure végétalisée.

Liffré, bourgade comme il y en a tant ; nous sommes à 20 kilomètres au nord de Rennes. La campagne est ondoyante avec ses champs de blés, ses bocages et ses chênes centenaires, sans oublier les vaches laitières à foison. C’est dans ce paysage champêtre que Louis Le Duff veut installer sa nouvelle usine de viennoiseries ; il y a au bas mot 500 nouveaux emplois à la clé. Sauf qu’il va devoir mordre sur des terres agricoles. Ma voisine, la mère du cuisinier, tente une explication : « Les Bretons, ici, ont gardé leur esprit paysan : ils pensent pouvoir avoir les avantages de l’implantation sans les inconvénients. Et puis ils sont poussés par des écologistes d’ultra-gauche qui politisent tout ».

Le Duff, roi « de la Brioche Dorée » n’en a cure. Au début, ce Breton pur sucre se croyait en terrain conquis. On le serait à moins avec tous les emplois qu’il a créés en Bretagne et même en Mayenne. Ce n’est pas suffisant apparemment pour certains. Là, il va devoir montrer patte blanche. Et le groupe Bridor s’impatienter. On le comprend. Le propriétaire de del Arte menace de s’installer ailleurs et se justifie : « avec les recours administratifs d’associations comme Vivre Nature, le groupe Le Duff ne pourra pas ouvrir son usine de viennoiseries avant 2027 ». Et c’est la mort dans l’âme que l’entrepreneur breton en est réduit, pour pouvoir satisfaire ses clients, à devoir racheter une usine équivalente au Portugal ou à faire construire une troisième usine en Allemagne. Plus de 5 ans d’attente pour les autorisations en France ; on marche sur la tête.

Faire venir les investisseurs étrangers dans l’hexagone (« Choose France ») est excellent à condition de faciliter aussi l’essor de nos industriels made in France ! Dans l’optique de la réindustrialisation de nos territoires, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire seraient bien inspirés d’imposer à nos administrations un délai maximum d’un an pour pouvoir purger tous les recours.

Des péripéties qui ne semblent guère troubler la quiétude de ce petit coin d’Ile-et-Vilaine où les propositions d’embauche ne manquent pas. À en croire les agences d’intérim, Temporis ou Proman, voire le site Hello Work, il suffit même de traverser la rue…

Vitré n’est d’ailleurs pas loin. La ville de Pierre Mehaignerie, l’ancien ministre qui fait office de modèle de coopération entre Pôle Emploi et le tissu économique local. Avec le TGV, Paris n’est désormais plus qu’à une heure 30 de Rennes. Avec le télétravail, certains Franciliens viennent s’installer. Une aubaine pour l’immobilier local : « Des pavillons construits il y a 15 ans qui en valent le double aujourd’hui », me dit encore ma voisine de table, un vrai eldorado pour certains. Heureusement, ces constructions neuves, type « Lemoux-Bernard », restent cantonnées à certaines zones. Les centres-villes restent heureusement rustiques avec leurs bâtiments de pierre en granit. Et les entreprises ne sont pas en reste. Chaque bourgade a sa petite zone industrielle. Rien qu’à Liffré, 8000 habitants, les locaux flambant neufs des PME font plaisir à voir.

La leçon est facile à tirer. Quand les PME locales vont, tout le monde va ! Même si Rennes attire de plus en plus une jeunesse urbaine pas toujours encline au travail et à l’effort, la Bretagne profonde, elle, ne lâche pas le morceau.

Robert Lafont


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3 commentaires sur « Liffré, le petit village breton qui résiste… »

  1. « une jeunesse urbaine pas toujours encline au travail et à l’effort », vous êtes tellement dans le cliché c’est pathétique… Beaucoup de jeunes souhaitent travailler, mais ne souhaitent pas être exploités comme peuvent le faire certains patrons. Les temps changent, aux patrons d’offrir de meilleures conditions de travail et d’arrêter de se gaver sur le dos de leurs salariés. Faut arrêter de chouiner quand la situation se retourne contre soi…
    Si pas mal de personnes sont contre cette usine Bridor, c’est peut-être parce que c’est une aberration de venir construire une telle usine pour exporter les viennoiseries qu’elle créerait à l’autre bout de la planète ? On parle d’artificialiser 21 hectares, pourquoi Le Duff n’irait pas s’implanter sur un site déjà artificialisé plutôt que de détruire un site naturel ?
    Liffré a connu des difficultés à l’été dernier avec la sécheresse, pourquoi venir accentuer ces difficultés pour des viennoiseries qui seront exportées dans d’autres pays ? L’usine nécessiterait environ 200.000 m³ d’eau par an, soit l’équivalent des besoins de 10 000 habitants. Ce projet est une aberration écologique !

    Répondre
  2. Merci pour ce commentaire plein de sens, contrairement à ce torchon d’article d’un autre temps bourré de raccourcis…

    Répondre
  3. Sacré article …
    Que de conneries et mensonges.
    La ville n’est qu’à 15 kms en périphérie de rennes et pas en pleine brousse comme évoqué , pas non plus au nord mais au nord est de Rennes.
    La plupart des habitants travaillent sur rennes et ne sont pas des vieux ploucs comme suggéré dans l’article …

    Répondre

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